Chapite 6 ✩

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Nous sommes devant la villa. Charlee a emprunté la voiture de sa mère. 
Elle n'a pas le permis, mais ça lui importe peu. Elle et son père adoraient le rallye, elle pense que ça suffit.
Elle conduit comme une merde, mais elle a de la bonne musique. 

- Charlee, on devrait sortir.

- Nan mais sérieusement ? Qui c'est qui fait des thèmes aussi pourris avec autant d'argent ? 

- Tu ne pouvais pas savoir.

- Le thème "bal de riche" est quand même mille fois mieux ! "Fin de soirées", encore un sujet choisi par un homme. Je te jure que quand ils s'y mettent c'est une calomnie.

Nous restons donc assis là une dizaine de minutes supplémentaires, à contempler la fête se profiler sans nous.

Je la sens se redresser, puis soupirer.

- De toute façon tu sais quoi ? Je finis toujours à poil en fin de soirée. 

Elle entreprend alors de se déshabiller.

Sous mon regard amusé, elle s'arc-boute difficilement pour faire passer sa robe sous ses fesses, dévoilant sa lingerie sexy.

- D'ailleurs t'en pense quoi ? Je crois que mon string est trop petit.

Elle ne me laisse pas le temps de répondre, me demande d'ouvrir la boîte à gants et d'en sortir son maillot de bain.

Elle a pensé à un maillot de bain en plein hiver.

- J'y crois pas Charlee, pourquoi t'as pris ça ?

- T'as fait d'autres fêtes que des mariages ou pas? De toute manière, regarde bien, il y en a un pour toi. Tu me passes les capotes dans la portière s'il te plaît?

Je soupire, amusé, et lui tends la boîte.
Elle se tourne vers moi et m'observe longuement. 
Elle se retourne précipitamment, farfouille dans le compartiment de la porte, et me regarde de nouveau. Ses mains recouvrent quelque chose. Son regard ne me dit rien qui vaille.

- Qu'est-ce que tu...

Waw.
Douche froide.
Littéralement.

Elle rit de plus belle alors que les dernières goûtes de sa bouteille finissent de s'écraser sur moi.

Je reprends ma respiration, mais elle me frotte les yeux avec ses pouces, avant de faire baver mon rouge à lèvres avec les siennes.

Elle se redresse pour admirer son œuvre.

- Parfait. Il manque juste...

Elle sort difficilement une flasque de sa poche, se verse du cognac sur la pulpe de ses doigts, puis me l'étale sur le cou.

J'ai un mouvement de recul, mais elle ne s'en rend pas compte. 
Tant mieux.

Elle sourit, fière d'elle. 
Je rigole une fois avoir réalisé ce qu'elle vient de faire.

Quant à elle, elle porte le goulot à ses lèvres et incline la tête.

J'y crois pas, elle vient de se taper un cul sec. 

Elle plisse les yeux avant de les réouvrir.

Voyant mon air ahuri, elle s'empresse de se justifier.

- Et bourré, je finis à poil et bourré.

Je souris tristement. Je n'aime pas quand elle boit. Elle finit soulée chaque fois qu'elle est en compagnie d'alcool. Elle n'est jamais très belle à voir, suppliant quiconque de coucher avec elle, les larmes aux yeux. Elle se fait du mal de toutes les façons possibles lorsqu'elle est dans cet état.

- Ne me regarde pas comme ça, prend ton maillot et amène-toi.

On sort de la voiture, garée perieusement à proximité d'un ravin. Il fait frais, la lune est haute dans le ciel. Charlee voulait arriver en retard pour faire sa diva, mais notre mascarade a plus ou moins contraint le planning.

Malgré le peu de tissu qui couvre son corps, Charlee ne se soucie pas des cinq degrés disparu -sûrement grâce à l'alcool.

Je remarque d'ailleurs qu'elle a troqué ses escarpins contre une paire de cuissardes.

Où est-ce qu'elle trouve tout ça ?

- Est-ce que j'ai l'air d'être une pute, Derya? Sois honnête.

Son visage a un air grave. J'hésite un instant, sous la pression de son regard.

- A donf.

- Parfait !

Elle se retourne, folâtre, puis s'arrête.
Une fois que je suis à son niveau, elle fait pivoter lentement sa tête vers moi, puis explose de rire.

-Attend, t'as dit "à donf"? Elle s'étouffe dans un rire guttural. Mais t'as quel âge sérieux !

Je lui envoie un léger coup d'épaule, assez fort pour la faire divaguer, puis nous nous dirigeons vers la villa en nous s'eclaffant.

Les Amants De L'amnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant