Ch. 7 - L'essence des sens

45 9 0
                                    

Exton.

Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas vu Apolline. Et, ce n'est pas pour me déplaire. J'avais un réel besoin de distance. De couper court à tous ces jeux qu'ils commençaient à avoir. Cette femme est déstabilisante. Non, cette femme a un putain de problème. Elle est pas nette...

Si je m'attendais à une sortie cinéma, alors je n'y serais clairement pas allé. Je ne m'attendais pas à ça venant d'elle. Surtout que j'ai dû payer 15$. Elle n'est pourtant pas à plaindre financièrement. En tout cas, sa maison me l'a bien montré.

Alors pour me remettre de mes émotions, j'avais besoin de retrouver mon petit quotidien, sans d'une Saint-Clair dans les parages. Non mais sérieux, qu'elle femme assez saine d'esprit regarde Saltburn avec autant d'admiration ? Elle avait l'air captivée par ces images qui étaient plus tordues les unes que les autres. D'ailleurs, je me demande encore comment certaines scènes ont pu être diffusées. Non, franchement... y'a pas à chier, c'était plus que dérangeant.

Donc aujourd'hui, c'est encore avec une joie immense que je dois rejoindre la mam's pour notre rituel du mois. Une chose que je fais de bon cœur, sans que personne ne se doute de quoi que ce soit. Autant ne pas le crier sur tous les toits. Cela ruinerait mon côté mauvais garçon que j'aime tant jouer. J'ai dû me forger une carapace, pour tout ce qu'il m'est arrivé. Mais je ne me plains en aucun cas de la façon dont ma vie à pu tourner. J'aime ce que j'en fais, j'aime ce que je suis. Et pour rien au monde je changerais ça.

Assis sur le tabouret de l'accueil à faire tourner mon stylo entre mes doigts, j'attends que le barbu sorte de sa pièce. Il est pourtant du genre rapide dans ses tatouages, mais quand il s'agit de quelqu'un qu'il connaît, il est plutôt branché à prendre son temps. Il est capable de raconter toutes ses péripéties de jeunesse et entre nous, ça peut prendre un sacré bout de temps... Et, une séance qui n'est censée durer qu'une heure, tourne vite à trois heures.

Aucune rentabilité.

— Evidemment, j'ai dû aller récupérer des fraises pour ma fille.

Je roule des yeux lorsque j'entends à nouveau cette foutue phrase, qu'il répète pour la énième fois. Depuis que sa fille est enceinte, il cède à tous ses caprices... Visiblement, son mari ne semble pas la satisfaire vu qu'elle a encore besoin de son père. Quand elle claque des doigts, il rapplique aussitôt Et clairement, son homme pourrait le faire. Mais non, elle préfère faire courir son « petit papounet chéri » pour ses envies...

Pathétique.

Mais, je n'ai pas mon mot à dire dans cette histoire... Lui qui est divorcé, se doit d'etre à la hauteur pour évité toutes sortes de critiques de la part de son ex femme. À croire qu'elle serait même capable de le juger pour un pet de travers. Voilà pourquoi je suis mieux seul que mal accompagné.

— Et tu as dû faire trois putains de magasins pour trouver la variété que mademoiselle a exigé ? lui dis-je d'un ton plus que déprimé.

— Tu verras, tu connaitras ça toi aussi le jour ou ta femme sera enceinte.

— Aucune chance. Laisse-moi tranquille. Je préfère me tenir loin de toute cette merde !

Alex nous regarde le sourire aux lèvres, profitant du spectacle verbal qu'on lui offre.

— Non, c'est sûr, toi tu préfères t'attirer d'autres emmerdes, hein ?

Son jeu de sourcil pourrait me faire rire, si je ne savais pas de quoi il voulait me parler. Mais le connaissant, je sais qu'il va continuer à enfoncer le clou. Il est comme ça et c'est ce qui fait son charme malgré tout.

Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant