Et si

Ch. 14 - Sous l'oreiller

Exton.

J'enjambe Apolline pour jeter le Graal dans la poubelle, toujours le sourire aux lèvres. Ma petite blague a eu pour effet de détendre l'atmosphère. Elle qui avait des craintes face à mon piercing, je me devais de lui montrer qu'elle avait raison de me faire confiance. Quand on sait manipuler l'objet, on évite tous les risques inutiles pour ne pas percer le plastique. Et ça, je voulais le lui prouver.

Tu peux être rassuré Colchique, pas de gosse pour ce soir !

Évidemment, je n'ai pas vraiment l'envie de devenir père, pas après des parents absents. Bien que ma famille d'accueil a su me montrer un tout autre décor au sens de ce mot, je ne me vois pas assumer ce rôle avec une femme dès notre première fois. Nous nous ne connaissons pas. Et d'ailleurs, je compte bien en profiter pour en apprendre davantage sur elle. Ce qu'elle cache. Ce qu'elle est.

Ce soir, tu ne te déroberas pas, St-Clair !

J'attrape le pseudo plaid sur le passage et m'installe à côté d'elle, venant ainsi nous couvrir. Sous son regard étonné, je remonte le tissu au-dessus de sa luxueuse poitrine, qui m'a fait rêver peu de temps avant. À chaque fois, ses gémissements me poussaient encore plus à me dépasser.

Bordel, que c'était bon...

Mon bras encercle sa taille, tout en lui procurant un effet de surprise. Son frisson glisse sous mes doigts dès l'instant où j'approche son magnifique corps nu du mien. Aussitôt, son visage se tourne brusquement vers moi. Comme si elle était étonnée de mon geste.

— Tu te la joues romantique pour de vrai ? Où tu vas finir par te barrer...?

— Ne panique pas St-Clair ! Et arrête de te rabâcher !

Putain, elle ne peut pas juste apprécier le moment ?

Je scrute attentivement son regard avant qu'elle ne le détourne. À l'intérieur de ses iris azur, je jurerais apercevoir de la nostalgie. Comme si elle pouvait se rappeler d'un passage de sa vie, où l'affection que je lui porte lui procure cette sensation de peur.

Que me caches-tu Apolline ?

Cette fois, tu n'as aucune porte de sortie. Et, je vais clairement mettre cet avantage à profit. J'ai besoin de connaître ses plus sombres secrets. J'ai besoin de comprendre ce qui la fait vibrer.

Et merde ! En fait, j'ai besoin de tout savoir d'elle.

Suite à ma réponse, ses traits s'adoucissent. Je devine son besoin vital d'être rassuré. Pourtant, je n'irais nulle part. Et ce soir, encore moins. Mon corps réclame le sien alors que mes pensées tentent de me raisonner. Ma main suit le mouvement de sa respiration qui semble s'apaiser. Je pourrais presque m'endormir sous cet effet. Comme si c'était elle qui me manquait pour mon bien être. Comme si elle venait effacer le mal être, qui se trouve au fond de moi. Comme si sa présence me suffisait pour avancer.

Bordel St-Clair ! Qu'est-ce que tu me fais ? Je déteste incontestablement cette sensation qui m'est inconnue !

Depuis un bout de temps, j'ai toujours aimé avoir le contrôle. J'ai constamment fait ce dont j'avais envie sans que mes émotions me dictent quoi que ce soit. Et pourtant, malgré tout ce que je ressens, je souhaite rester là, à garder sa peau contre la mienne. À écouter sa respiration qui s'intensifie, comme si elle connaissait déjà la suite de l'histoire.

Oui, St-Clair. Ce soir, les vérités sont de mise !

Mais, pour commencer, je préfère détendre l'atmosphère avant d'entrer dans le vif du sujet.