Le réveil sonne, je m'éveille doucement, les yeux encore embués de sommeil. À ma grande surprise, je constate que je suis dans mon lit. J'ai donc réussi à rentrer chez moi hier soir, sans encombre. Habituellement, je me souviens toujours de mes soirées, mais cette fois-ci, c'est le trou noir.
Je saisis mon téléphone, la luminosité de l'écran m'aveugle légèrement, me faisant plisser les yeux. Il affiche six heures du matin. J'ai encore un peu de temps avant de devoir me rendre au travail. Sans trop savoir pourquoi, une étrange curiosité m'envahit soudainement et je me mets à chercher sur internet le blog dont Callie m'a parlé hier soir.
Le premier article du blog que je découvre est pour le moins perturbant. Il ne contient rien de plus qu'une image totalement noire, sans aucun détail discernable, accompagnée d'une seule phrase en description : "Je serai bientôt là pour vous".
Alors que je continue à parcourir le blog, je remarque avec curiosité que le deuxième article et qui est également le dernier, ont été postés il y a seulement deux jours, je commence à lire ce dernier ;
"Mujin, celui dont le nom résonne avec trois actes d'agression notoires. Vous rappelez-vous? Moi, je m'en souviens bien. Et que dire de la sentence qu'il a reçue? Un an et six mois derrière les barreaux. Mais peut-être que vous ne comprenez toujours pas où je veux en venir. L'argent, mes amis, est le maître du jeu. Il est évident que cette peine est bien loin d'être à la hauteur des torts qu'il a causés. Mais ne vous inquiétez pas, car je suis ici pour rectifier cela,
le 18/03/2024 Choi Mujin mourra, son bras gauche sera ravagé par les flammes et mutilé, son bras droit quant à lui sera séparé de son corps qui baignera en lambeau dans son propre sang, sa gorge sera à son tour elle, tranchée.
N'ayez crainte de ceux qui ont échappé à la justice, car la prison semble être une punition trop douce pour eux. Moi, en revanche, je vous réserve une justice bien différente, une justice bien plus impitoyable.
signé, le prédateur masqué"
Après avoir parcouru cet article, je fus surprise par la qualité de l'écriture, même si le contenu morbide m'a troublé. L'auteur semblait sérieux, et mes inquiétudes grandissaient. Cependant, en tant qu'illustratrice ordinaire, peut-être que mes préoccupations ne sont pas légitimes. Peut-être que je devrais garder le silence, me dis-je, puisque je n'ai pas de voix importante dans cette affaire.
Comme chaque matin, je me suis levée et préparée pour une nouvelle journée de travail. Sur le chemin habituel vers le bureau, rien ne semblait différent, jusqu'à ce que j'arrive à mon lieu de travail. Là, j'ai remarqué un changement subtil mais significatif. Une agitation inhabituelle régnait dans les couloirs, et toutes les conversations tournaient autour du même sujet : le blog. Il semblait que ce dernier avait gagné en importance pendant la nuit, captivant l'attention de tous dans l'entreprise.
Très rapidement, des collègues que je ne faisais que croiser dans les couloirs vinrent vers moi, visiblement excités par cette affaire comme s'il s'agissait d'un jeu. D'un ton froid, je leur demandai : "On se connait?" Cette question sembla les surprendre et glacer l'atmosphère. Ils se retirèrent en marmonnant que je paraissais hautaine et qu'ils ne m'appréciaient pas.
Mais j'ai l'habitude, je n'existe que quand les gens recherchent le plus d'avis possible sur quoi que ce soit, je ne suis pas une personne, je suis une voix, je déteste tout le monde ici, et cette affaire me tend un peu trop.
Mais c'était une routine que j'avais appris à accepter. Je n'étais qu'une voix parmi tant d'autres, sollicitée uniquement lorsque les gens avaient besoin d'avis sur quoi que ce soit. Je n'étais pas une personne à leurs yeux, juste une ressource à exploiter. La vérité, c'est que je détestais tout le monde ici, et cette affaire qui faisait tant de bruit ne faisait qu'aggraver les choses, me mettant encore plus mal à l'aise.
VOUS LISEZ
Le masque et le crayon
TerrorDans une ville où la routine domine les vies, une illustratrice solitaire nommée Tammy mène une existence ordinaire, cherchant l'inspiration dans ses dessins pour échapper aux idées noires qui la submergent. Cependant, son monde tranquille est boule...