Gram Au Coeur des Flammes

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Je me demandais à quoi pouvait ressembler l'appartement d'une fille, mais je suis assez déçu, dit-il en faisant le tour de mon appartement après que je l'ai laissé entrer.

-Ton appartement manque un peu de personnalité,  commenta-t-il.

-Je viens juste d'emménager, c'est normal. J'y mettrai de la déco plus tard, répondis-je.

-Par contre, tu ne manques pas d'alcool dans les placards. Tu es vraiment une alcoolique, Tammy. Tu devrais voir des spécialistes.

Je lui lançai un regard furieux. "Je t'emmerde!"

Il s'arrêta devant un petit cadre contenant une photo de moi enfant.

-Tu n'as vraiment pas changé d'un poil, même pas besoin de demander si c'est toi, remarqua-t-il.

Embarrassée, je tentai de prendre le cadre pour le cacher, mais il l'attrapa avant moi et leva le bras vers le ciel, me privant de l'atteindre avec ses 1m75.

Son amusement se lisait sur son visage, illuminé par un sourire révélant des dents blanches et droites. Les mèches de ses cheveux noirs, tombant en une cascade mi-longue devant ses yeux, semblaient jouer avec son espièglerie.

-Tu rougis ? Je te perturbe ? me taquina-t-il avec insistance.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es chez moi. Pourquoi je serais perturbée ? ripostai-je, tentant de dissimuler mon trouble.


-Wow, t'y comprends vraiment rien... T'as déjà eu un mec ? Il passe du coq à l'âne et me pose des questions personnelles sans aucune retenue, chez moi. Il est vraiment à l'aise.

-Oui, j'en ai eu pleins ! lançai-je, élevant un peu la voix et essayant d'être convaincante malgré mon allure de geek solitaire.

-Ouais, pleins j'imagine, répondit-il en regardant toujours un peu partout autour de lui.

-Crois-moi. Et toi, c'est pareil, non ? dis-je d'une manière curieuse.

-Moi, c'est les filles qui m'aiment. Moi, j'en ai jamais aimé une. répond-t-il en toute confiance.

-Oh ? Mais quel confiance en toi tu as, exclamai-je avec humour.

-Enfin, peut-être une, ajoute-t-il.

-Ah bah voilà, c'est déjà ça.

-Tu veux un verre ? lui demandai-je avec une idée derrière la tête. Je compte en savoir plus sur toi, Gram.

Il accepta sans hésitation, et nous nous retrouvâmes assis par terre devant la baie vitrée du balcon, baignés par la lueur argentée de la lune. Le silence nocturne était accompagné du doux murmure du vent, tandis que nous échangions des mots sur tout et rien, des étoiles à la société qui nous entourait.

L'alcool commençait à faire son effet sur moi,  et je me lançai finalement et lui posai la question tant redoutée.

-Qu'est-ce qui t'es arrivé ? demandai-je, en me penchant légèrement en avant, le regard fixé sur ses mains.

Il baissa les yeux un instant, comme pour rassembler ses pensées, puis releva le menton avec assurance. "Ça s'est passé quand j'étais encore à l'école," commença-t-il, son regard se perdant dans les profondeurs de la nuit étoilée. "Il y avait ce gars avec qui je ne m'entendais pas."

-Quel gars ? m'enquis-je, captivée par son récit.

-"Pran," répondit-il, sa voix empreinte d'une légère amertume. "Il m'a infligé ces blessures."

-Ces blessures, répétai-je, frappée par la gravité de ses paroles. "Tes parents n'ont pas porté plainte contre cette enflure ?"

-Il était déjà parti, soupira-t-il. Mon père est policier bien sûr qu'il avait pris des mesures contre lui, mais Pran avait déjà disparu de la circulation.

-Disparu ? m'exclamai-je, interloquée. "Comment est-ce possible ?"

-Son prénom était faux," expliqua-t-il. "Aucun professeur ne s'était jamais posé de questions, malgré son comportement étrange. Il était le parfait bouc émissaire du lycée, mais j'ai compris qu'il était bien plus que ça. Il était fou. Et puis un jour, il a disparu, sans laisser de trace."

-C'est incroyable, murmurai-je, subjuguée par son récit.

-Merci de t'être confié à moi, Gram," dis-je finalement, après un moment de silence. Ça n'a pas dû être facile. J'ai moi-même vécu des moments difficiles. J'ai été la cible de harcèlement à l'école, et j'ai perdu mes parents dans un accident de voiture. Le dessin est devenu ma thérapie, mais parfois, je me sens dépassée. Fatiguée, dis-je en buvant une gorgée

Nous restâmes là, chacun plongé dans nos pensées, éclairés par la lueur de la lune et le murmure du vent, nos vies entrelacées par le destin.

Malgré l'ambiance agréable  que gram à ajouté a ma soirée, je remarque des regards furtifs et des hésitations dans ses réponses, ce qui alimente ma curiosité.

Je décide de briser le silence, en posant une question indiscrète.

Ce gars, Pran, comment était-il ? As-tu d'autres informations sur lui ? De quelle manière exactement t'a-t-il infligé cela ?

-Il devait avoir un an de plus que moi, peut-être deux, je ne sais pas vraiment. Il devait avoir entre 15 et 16 ans à l'époque. Sa manière de me faire subir cela était redoutable et plutôt sournoise. Un jour, dans mon casier de l'école, j'ai découvert une lettre sans aucun destinataire indiqué, mais clairement adressée à moi. Quelqu'un me proposait un rendez-vous dans l'ancien gymnase du lycée. Pour contextualiser, l'école avait entrepris des travaux pour rénover ce gymnase désuet, car la majorité des élèves étaient plutôt doués en sport, notamment en tir à l'arc. Par conséquent, l'ancien gymnase, situé à l'arrière de l'école et un peu à l'écart, était resté à l'abandon, sauf pour quelques élèves qui en avaient fait un repère, un squat.

Notamment pour Pran qui était un sportif, l'un des meilleurs de l'école, promis à un avenir brillant dans le domaine. Il pratiquait les arts martiaux et était très doué. Malheureusement, il a utilisé ses compétences contre moi. Quand je suis arrivé sur les lieux du rendez-vous, il m'a violemment attaqué. Je vais éviter de te décrire les détails, c'est un peu trop violent. Mais chaque fois que je regarde mes mains, je me souviens de lui. Son empreinte est malheureusement ancrée en moi, et je ne lui ai jamais pardonné, et ça n'arrivera jamais.

Le récit de Gram me plongea dans un tourbillon d'émotions contradictoires, mélange de fascination et d'horreur. Chaque mot qu'il prononçait dépeignait un passé sombre, marqué par la cruauté impitoyable d'un individu sans scrupules. J'écoutais attentivement, absorbant les détails avec une intensité presque douloureuse.

Son récit dévoilait les contours sinistres d'une jeunesse tourmentée, où la trahison et la violence se côtoyaient dans les recoins les plus sombres de l'âme humaine. Le nom de Pran flottait dans l'air, chargé de mystère et de terreur, ajoutant une dimension angoissante à l'histoire déjà poignante.

L'image du gymnase abandonné de l'école se dessinait dans mon esprit, un lieu imprégné de souvenirs douloureux et de peur. 

L'attaque brutale de Pran avait laissé des cicatrices profondes, tant physiques qu'émotionnelles, que même le temps n'avait pu effacer. Chaque détail de cet incident résonnait en moi, faisant naître une empathie profonde pour Gram et sa lutte pour surmonter les traumatismes du passé.

Malgré sa réticence à révéler tous les détails de son calvaire, je pouvais sentir la force de sa détermination à ne jamais oublier ni pardonner. Dans ses yeux, je percevais la résilience d'un survivant, celui qui avait traversé l'obscurité et émergé plus fort de l'autre côté.

Alors que Gram concluait son récit, une lourdeur s'abattit sur la pièce, imprégnée du poids des souvenirs douloureux. Pour moi, il était évident que cette histoire avait forgé l'homme qu'était Gram aujourd'hui, lui conférant une profondeur et une force intérieure qui ne pouvaient être ignorées.


Mais parfois, il faut se méfier des apparences, non?

Le masque et le crayonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant