Milan, 2020
Il faisait froid. J'étais dans une obscurité effrayante. Seul un voyant qui clignotait me permettait d'apercevoir un meuble, une arme et un verre d'eau posé dessus. Cette vue me rendait encore plus anxieuse. Mes mains étaient attachées dans mon dos au dossier, ainsi que mes pieds à ceux de la chaise. Je ne savais pas où j'étais. J'étais perdu.
Il n'y avait personne. Ça devait faire deux heures que j'étais là et aucune personne ne daignait se montrer. Ce n'était pas plus mal, mais ce besoin de savoir où et pourquoi j'étais là cogitait dans ma tête.
C'est au bout d'un long moment enfermé dans ce trou, qu'un homme, d'âge mûr est entré dans la pièce. Il ne devait pas être beaucoup plus vieux que papa Gabriele. Il prit le verre pour me le tendre avant de se rappeler que j'étais attaché :
— Oh, j'avais oublié, excuse-moi.
Je sentis de la provocation dans sa voix. Il reposa le verre avant de prendre une chaise et de s'y installer dessus face à moi. Il portait un costume gris parfaitement taillé ainsi qu'une mallette qu'il avait déposée sur le meuble à son arrivée. Il dégageait une assurance qui me faisait peur, mais je pris sur moi pour ne rien laisser paraître.
Il n'eut le temps de me dire quelque chose que la porte derrière moi céda sous la pression que donnaient les hommes de mon père. Tout se passa tellement vite. Une des grandes lumières jusqu'ici éteintes s'alluma. Je vis tout. La mallette de cet homme qui s'ouvrit. Il prit l'arme à l'intérieur ainsi que celle encore sur le meuble et tira. Il tira une deuxième fois. Puis une troisième fois avant de se faire assaillir par les coups de feux. C'était fini.
Lorsque je tournai la tête vers les hommes, je vis son corps par terre.
— PAPA !
Je me débattais sur ma chaise afin de me libérer sans pour autant y arriver. Les hommes me détachèrent et j'accourus jusqu'à lui, mais je compris que c'était trop tard. Il l'avait tué. Et c'est à ce moment-là que je compris que mon monde venait de s'effondrer.
