Chapitre 56

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┏━°⌜ Pov 1ère personne ⌟°━┓

La nuit était tombée sur Séoul. Les enfants étaient couchés et la vaisselle lavée. Je fredonnais dans la cuisine en ramassant le sac poubelle et en le nouant correctement. Puisque les éboueurs passeraient le lendemain matin, j'ai enfilé ma veste pour me couvrir et j'ai quitté la maison par le garage pour aller mettre les poubelles.

Dès que l'air frais de la nuit frappa mon visage, un frisson me parcourut le corps. Ces derniers temps, de mauvaises choses arrivaient dans un quartier voisin comme en témoignaient les affiches placardées jusque sur nos murs.

"Mi-Ro... Pauvre petite..." Une petite chienne blanche aux oreilles roses avait disparu il y a trois semaines et ses propriétaires n'avaient toujours aucune nouvelle.

Certaines bêtes étaient retrouvées mortes dans des sacs poubelles, non seulement dans un état de malnutrition extrême mais également très sale. Il y avait de fortes chances pour qu'ils soient morts asphyxiés.

J'espère que ce sale type sera attrapé !

Mes pieds me guidèrent jusqu'à ma poubelle. Un faible bruissement à peine audible me fit tressaillir. J'ai vérifié mon environnement avant de lentement déposer mon sac pour m'approcher d'un pochon sombre déposé au pied d'un lampadaire.

Ayant pensé à ce qui arrivait à ses pauvres animaux, j'ai accéléré le pas pour aller vérifier tout en priant pour que je ne tombe pas à mon tour sur un cadavre. Certaines de mes voisines en avaient déjà découvert par mégarde.

Lorsque j'ai ouvert le pochon, mon cœur s'est effondré face au corps faible d'un gros chat. Les larmes m'ont brûlé les yeux alors que je le prenais sur mes genoux, son corps était encore chaud même s'il ne montrait plus signe de vie.

J'ai commencé une réanimation, alternant entre des compressions et des insufflations bouche à truffe. Mes yeux s'embuaient sans que je ne puisse me contrôler et mon rythme cardiaque s'accélérait.

"Allez..." Le craquement dans ma voix trahissait les sanglots qui menaçaient d'éclater.

J'avais eu un chat il y a des années, c'était un animal très tendre qui avait perdu la vie trop tôt. La nature humaine était sombre, l'Homme était capable du meilleur mais bien plus souvent du pire.

Les mains tremblantes, j'ai dû me résoudre à abandonner après de longues minutes. Ma respiration était superficielle, ce chat était mort, je venais d'échouer à le sauver.

Peut-être que si je l'avais trouvé plus tôt...

Un faible miaulement me ramena à la réalité. J'ai baissé les yeux sur mes genoux, apercevant la poitrine du chat monter et s'abaisser très lentement alors qu'il peinait à ouvrir les yeux.

"T/P..? Que fais-tu dehors si tard ?" J'ai retiré ma veste pour l'enrouler autour du chat sale et je me suis relevée en le tenant contre ma poitrine.

"Grand-mère Wang, pourrais-tu veiller sur Hana et Eunji, s'il te plaît ? J'ai besoin de l'emmener chez un vétérinaire de toute urgence."

"Oh euh... Bien sûr mais il n'y a pas beaucoup de clinique ouverte à cette heure-ci... Je t'envoie l'adresse d'une clinique ouverte à toute heure, vas-y vite !"

Je l'ai remercié avant de me mettre à courir en suivant les indications de mon GPS. Il maintenait difficilement les yeux ouverts, mais il en faisait l'effort pour me regarder, miaulant de temps à autre pour me faire signe qu'il respirait.

Accroche-toi..!

J'ai traversé les rues et les routes à toutes allures. En arrivant dans le centre, il y avait plus de circulation et j'ai dû attendre au passage piéton avec impatience. Si ce n'était pas pour les trop nombreuses voitures circulaient, j'aurais déjà forcé le passage.

Je vais te sauver !

┏━°⌜ Pov 3ème personne ⌟°━┓

La mâchoire de Gun était serrée pendant qu'il conduisait. Il aurait déjà frappé la personne assise sur le siège passager s'il n'y avait pas autant de risque que sa voiture termine encastrée.

"Ooh ! Regarde-la avec ce garçon !" Une veine pulsa soudainement sur son front.

"La ferme, Goo !" Le blond avait facilement éviter le coup de poing lancé par son associé, il était quelque peu prévisible.

Depuis qu'il avait eu une discussion avec T/P, Goo ne cessait de l'ennuyer et de lui rappeler qu'elle ne voulait plus de lui. Gun s'en prenait déjà assez à lui-même pour avoir perdu la femme dont il était amoureux, les railleries constantes de son collègue le rendait fou.

T/P, avec un garçon...

Bien qu'il lui ait dit de s'amuser et de sortir avec d'autres hommes si elle le souhaitait, le dire et le voir étaient deux choses radicalement différentes. La photo dont parlait Goo avait été publié sur Pacebook avec d'autres, il y en avait en groupe, entre filles et une où T/P apparaissait seule avec un garçon qui, aux yeux de Gun, serait clairement incapable de la combler.

Bien qu'il le dissimulait à la perfection, Gun ressentait un malaise qui le rongeait de l'intérieur. La jalousie était un sentiment qui lui était inconnu, il avait toujours eu ce qu'il voulait et rien ne lui avait jamais échappé.

T/P n'était pas une chose qu'il pouvait réclamer et garder pour lui. Il n'était pas à l'abri qu'elle l'oublie et ne tombe dans les bras d'un autre homme. Cette idée le rendait fou de rage, c'est ainsi qu'il interprétait ses sentiments.

Il n'était pas assez bon pour elle, mais quelqu'un d'autre le pourrait-il réellement ? D'après Crystal, T/P lui semblait moins joyeuse et plus fatiguée depuis leur conversation, il espérait ne pas en être la cause.

"Tu sais qu'un autre prendra ta place si tu prends trop ton temps ?" Il arrivait parfois que Goo dise quelque chose de censé, même si c'était rare.

"Nos styles de vie ne se correspondent pas pour le moment. C'est mieux ainsi." Gun savait pertinemment qu'il n'en pensait pas un mot, mais c'était toujours préférable de s'en convaincre plutôt que de risquer de la blesser à nouveau.

"Elle t'aime, non ? Si tu t'y prenais correctement, elle pourrait s'adapter." Il n'appréciait pas particulièrement le ton employé par Goo.

Il tourna la tête pour lui lancer un regard à faire pâlir les morts, cependant, en déportant ses yeux sur le paysage visible à travers la fenêtre derrière Goo, Gun cru apercevoir en un éclair son ex petite-amie sortir d'une clinique vétérinaire en souriant, le forçant à secouer la tête pour se reprendre.

"Je deviens fou..." Il en avait oublié de réprimander son collègue ennuyeux.

My Kind ; LookismOù les histoires vivent. Découvrez maintenant