Chapitre 4

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Le lendemain, je reprends mon courage ou ma connerie à deux mains et décide de retourner dans ce bar. Mon plan vaut tellement le coup que je ne peux absolument pas l'abandonner.

Je retrouve rapidement les deux gays.

— Salut les gars !

J'ai l'impression qu'ils m'évitent. Je les rattrape immédiatement et leur fais une gentille tape sur l'épaule.

— Salut ! Pas la peine de m'ignorer je vous ai vus !

— On ne pensait pas que tu reviendrais, lâcha Jake tandis que le blond se marrait.

— Je veux apprendre et je suis décidée !

— Tu ne peux pas jouer les lesbiennes si tu n'en es pas une.

— Tu ne sais pas à quel point je peux jouer.

De nouveau, Jake me demande de trouver une femme attirante. Je n'en trouve aucune. Je ne suis pas attirée par les femmes !

— Il y a bien des femmes que tu trouves belle, dit-il d'un air malin.

— Ce n'est pas pareil ! Ça n'a aucun rapport !

— C'est déjà un début. Ça te mettra en confiance. Et cette femme que tu veux draguer à la base, ça deviendra soudainement plus facile.

Finalement, ça me semble logique ce qu'il dit. Je dois mettre ça en exécution alors. Une fois que ça sera fait, tout sera bien plus simple.

Je m'approche d'une femme, très séduisante je dois l'admettre. Pourtant, j'avais l'impression que Myriam l'était davantage. Son côté mannequin la mettait vraiment en valeur.

Je n'ai pas la moindre idée de comment l'aborder alors je lance d'un air hésitant :

— Je te paie un verre ?

Je me rends compte à quel point ma demande est stupide et clichée. J'ai envie de me cogner la tête contre un mur tellement je dois paraître bête.

Elle n'a pas l'air de mal le prendre et m'affiche un sincère sourire. Je marque des points, je suis fière de moi.

Le serveur nous ramène deux verres. Chacune déguste sa boisson tout en discutant. Les présentations sont rapidement faites. Elle s'appelle Camélia et travaille en tant que caissière dans un supermarché à deux balles que je fréquente des fois.

Je fais genre de rire à ses blagues, de m'intéresser à elle, ce qui n'est absolument pas vrai du tout. Rien ne m'intéresse dans sa vie.

Puis nous enchaînons les verres. L'alcool me monte au nez, à elle aussi. Nous rions comme des écervelées. Elle me propose de la suivre jusqu'à sa maison. J'accepte, mais je crois que je ne suis pas en état de juger correctement la situation.

À quelques pas du bar, nous arrivons à sa maison. Elle enlève ses chaussures et les balance dans la pièce. Elle tient moins bien l'alcool que moi. Elle trébuche, mais se rattrape en prenant appui au mur.

— Oups ! La pièce bouge !

— Tu devrais dormir... Je vais rentrer chez moi.

Je la guide jusqu'à sa chambre et je l'aide à s'asseoir.

— Bonne nuit.

Je m'apprête à partir mais elle me retient en m'embrassant langoureusement. Dans un premier temps, j'ai le soudain réflexe de la repousser mais me laisse faire. Je prends la situation comme un entraînement. Je tente d'imaginer que j'embrasse un homme. Ça m'aide et je prolonge le baiser.

Elle m'attire dans le lit sans décoller ses lèvres des miennes. Nos langues se rejoignent. Au fur et à mesure, je me rends compte que je n'ai plus besoin de la prendre pour un homme. Non, je commence à apprécier la situation telle qu'elle est.

Elle m'allonge sur le lit, me chevauchant tout en continuant cette sauvage embrassade.

•••

Un réveil sonne.

J'ai juste envie de lui hurler "ta gueule" et de me rendormir. Je n'ai pas envie de bouger de ce lit. Je tente de garder les yeux fermés et m'agrippe à mon oreiller. J'essaie de continuer mon rêve du mieux que je peux.

J'entends alors quelqu'un s'habiller à mes côtés. La dernière fois que j'avais dormi avec quelqu'un c'était avec Damien avant que l'on ne se sépare. Peut-être que notre séparation avait été un rêve et que je vais enfin retrouver la réalité.

— Bouge ton cul de là ! s'exclame une voix féminine.

J'ouvre subitement les yeux et revois la femme d'hier. Merde, c'est bel et bien la réalité. Je soupire puis quitte le lit pour me rhabiller aussitôt.

Attends un peu...

On a couché ensemble ? Je n'en avais plus le moindre souvenir ! Il faut que j'ai les idées claires.

Je la retrouve dans la cuisine.

— Euh... Est-ce qu'on l'a vraiment fait ? demandé-je.

Elle hoche la tête en buvant une gorgée de son café. Soudainement, les souvenirs me reviennent petit à petit. Je me rappelle de notre soirée dans tous les détails.

C'était... surprenant. C'est le seul mot que j'ai à la bouche.

Je lui dis au revoir, lui promettant que l'on se reverra et quitte rapidement les lieux.

J'ai couché avec une femme...

Très surprenant en effet...

•••

Je ne suis toujours pas remise de cette étrange expérience. Pour la première fois de ma vie, j'ai couché avec une femme... et ce n'était pas si horrible que ça... au contraire...

Je reviens donc le soir à la rencontre des deux gays. Encore une fois, ils semblent amusés de me voir.

— On t'a vue partir avec une femme hier. Alors, tu as réussi ? me demanda Jake.

— Ouais ! J'ai réussi à la séduire et on a même couchés ensemble !

Tous deux m'applaudissent. Je me sens fière. La première phase de mon plan a été finalisée. Maintenant, je vais pouvoir séduire la truite.

— Maintenant, je vais continuer mon plan !

Je me marre intérieurement. Ils me regardent bizarrement. Merde ! J'ai encore ri à voix haute !

— Tu crois y arriver aussi facilement ? m'interroge le brun en levant un sourcil.

— Complètement !

Soudainement, ils se mettent à rire. J'en ai marre qu'il se foutent de ma gueule. Ce n'est pas très sympa.

— Vous savez quoi ? Je vais me démerder sans vous ! Au revoir !

Ils me défient du regard. Ils pensent que je ne peux pas me débrouiller sans eux, mais je vais leur prouver le contraire. Je leur tire la langue puis quitte cette maudite boîte.

Mon portable vibre. Je regarde le message que je viens de recevoir. Un message de mes parents.

«N'oublie pas le repas de dimanche.»

Merde ! J'ai complètement oublié ce repas où le poisson mort devait venir ! Merde... Merde...

Vengeance dans l'arc-en-cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant