T'aimer en silence.

chapitre 31

Salomé m'a salué et s'est installée.

Cela m'a vraiment semblé étrange de lui faire la bise au lieu de l'embrasser.

À peine installés à table, le serveur s'est empressé de venir prendre notre commande.

- Bonjour, je m'appelle Nicolas, je serai votre serveur pour ce soir.

- Souhaitez-vous boire un apéritif ?

Nous avons tous les deux choisi de prendre un simple apéritif sans alcool, bien sûr.

- Je vais prendre un Perrier citron.

- Tranche au sirop.

- Tranche, s'il vous plaît.

- Et pour vous, monsieur ?

- La même chose, s'il vous plaît.

Cela a semblé faire rire Salomé, qui m'a regardé franchement en me lançant un regard du genre toi, un Perrier citron. 

Et oui, les choses changent.

L'ambiance était plutôt détendue. J'étais assez serein quant à la conversation que nous allions avoir.

Le serveur est revenu quelques minutes plus tard pour nous apporter nos boissons et nous remettre la carte du menu du soir. Il nous a laissé quelques minutes pour réfléchir puis est revenu prendre notre commande.

J'hésitais à engager la conversation.

Puis elle a pris la parole.

- Comment vas-tu ?

- Ça va bien merci, et toi, tu n'es pas trop fatiguée avec la grossesse ?

Cela m'a semblé étrange de lui poser une telle question alors qu'au début, clairement, je m'en avais rien a foutre.

Mais en recevant les photos de cet enfant qui grandit en elle, quelque chose a changé en moi.

J'ai pris conscience qu'il fallait que je grandisse et que j'arrête mes bêtises, pour cet enfant à naître, mais aussi pour Salomé, afin de devenir l'homme que je suis en train de devenir.
Un homme qui prend ses responsabilités et qui prend soin des siens.

Quand vient la question fatidique de lui demander si elle avait rencontré quelqu'un, j'ai hésité quelques minutes avant de me lancer. Avais-je le droit de lui poser une telle question après ce que je lui avais fait subir ? Et puis... la question n'est pas sortie toute seule.

- As-tu rencontré quelqu'un ?

D'abord surprise, Salomé a baissé la tête, comme si elle était gênée de vouloir me répondre.

Puis elle m'a dit qu'elle était bien avec quelqu'un.

Cela m'a brisé le cœur et j'ai enfin compris le sens de la douleur que cela causait.

J'ai même été surpris par mes propres paroles.

- Est-ce que je le connais ?

C'était trop, il fallait que je sache.

Salomé ne me regarde plus dans les yeux.

Elle baissait la tête et restait à regarder son assiette sans me répondre.

Et puis, dans ma tête, ça fait tilt comme une évidence.

J'ai compris que c'était son ami Gabin, celui qui était toujours à ses côtés. Celui qui prenait soin d'elle.

Je commençais à voir rouge, mes articulations des mains se contractaient. J'étais en colère contre cet idiot qui avait récupéré ma place, mais aussi contre moi. Car soyons réalistes, c'est moi qui ai merdé.

Salomé a bien tenté de s'expliquer et de me dire qu'elle était désolée, mais il était trop tard. Je ne lui ai pas laissé le temps de dire quoi que ce soit.

J'ai jeté plusieurs billets sur la table et je suis parti du restaurant sans dire un mot.

Je n'avais qu'une idée en tête, lui fracasser la tête à cet abruti  de Gabin lui qui avait réussi à conquérir le cœur de ma belle Salomé.