CHAPITRE 2

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Je décide sans tarder d'approfondir ma connaissance des Toxic Strings. Même si le groupe fait partie du catalogue de Lyrical Records, jusqu'à présent, je ne m'y étais jamais vraiment intéressée. Tant parce que ce n'était pas mon travail que parce que je me moquais bien de leur existence.

Je commence par une recherche en surface, sur la perception qu'en a le public. Sur l'écran de mon ordinateur s'affichent rapidement des pages est des pages de ragots. Les photos ne manquent pas non plus. Sur l'une d'elles, Jake Maddox, les yeux cachés derrière ses boucles d'ébène, fixe l'objectif avec un regard furibond. Il concentre les objectifs des paparazzis, plus que les autres membres de son groupe, plus en retrait ; seul Leo semble attiser les convoitises en raison de sa personnalité plutôt secrète.

Je lis tout, chaque article, des bagarres notoires à ses liaisons publiques et tumultueuses. Et de ce côté-là, Jake n'est pas en reste... Caroline Swanson, actrice renommée pour son rôle dans Whispers of the Forgotten, un film sur un monde post-apocalyptique, est mentionnée à plusieurs reprises, tout comme Clara Mitchell, une pop star dont les tubes ont bercé mes soirées d'étudiante. Leurs histoires avec Jake ont fait les délices des tabloïds. Aujourd'hui, les magazines people s'interrogent sur son célibat et supputent sur ses éventuelles relations avec des mannequins ou des influenceuses.

D'autres images sont encore moins flatteuses pour Maddox. Des photos d'altercations dans des boîtes de nuit, avec des journalistes ou même des gens lambdas, des clichés de lui dans un salon VIP, la table couverte de bouteilles de champagne et de ce qui ressemble à de la drogue... Il correspond bien à l'idée du rocker intenable que se font les gens en général. Il présente deux visages, celui qu'il offre sur les tapis rouges, en concert ou dans les loges, et celui qui apparaît quand le masque tombe et qu'il laisse ses démons le rattraper.

Une fois mon ratissage du Web effectué, je me penche sur les dossiers internes de Lyrical Records. Clive est du genre à tout consigner. Il prétend que c'est pour ne rien oublier, mais je suis sûre aussi qu'il s'agit pour lui de garder des cartouches en cas de problème. Quelques instants plus tard, je tombe sur le nom d'Annie Lowe, qui a été en charge du groupe à ses débuts. Annie est une vétéran de l'industrie, qui a pris sa retraite un an plus tôt, suite à une longue maladie. J'hésite un instant, de crainte de la déranger, puis décide de lui envoyer un mail à l'adresse indiquée dans son dossier.

Je m'apprête à enfin avaler un morceau de mon sandwich lorsque sa réponse arrive quelques instants plus tard. Elle accepte de me rencontrer dès le lendemain matin, juste avant ma première rencontre officielle avec le groupe.

✿✿✿

Annie lève vers moi un regard concerné. Nous nous sommes donné rendez-vous dans le petit coffee shop près du QG de Lyrical Records et nous sommes à présent installées autour d'une table. J'ai commandé un thé vert et un scone, tandis qu'Annie s'est contenté d'un café latte. Elle prend d'ailleurs une gorgée, puis me répond, après que je lui ai demandé des détails sur les membres du groupe :

— Leo et Jake, surtout Jake, étaient ingérables. Ils sont à la fois inséparables et ne peuvent parfois pas se supporter... Danny aussi était du genre à se laisser aller à des excès.

Je bois ses paroles. Chaque syllabe dessine une image plus sombre et plus complexe que celle peinte par les médias.

— Je ne suis pas du genre à me laisser faire, mais bon sang, à l'époque, ce n'étaient que des petits cons imbus d'eux-mêmes. J'ai géré pendant deux ans, puis je suis passée à autre chose. C'était ça ou mettre un terme prématuré à leur carrière en les abattant les uns après les autres.

Je me mords l'intérieur de la lèvre pour retenir un sourire.

— Tu ne sais vraiment pas dans quoi tu t'embarques, remarque Annie.

Memories of YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant