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Je voulais un ami.
Un ami avec qui je pouvais m'allonger sur l'herbe, regarder le ciel et parler philosophie.
Un ami avec qui la vie sentirait le printemps et avec qui les beaux jours ne ne seront pas que des illusions ou de lointains souvenirs.
Un ami avec qui la vie ne se dissoudra pas dans l'eau de mes larmes, brouillant par les ondes de la surface ma mémoire à chaque instant.
Un ami avec qui mes problèmes s'envoleront a travers les nuages, volant et déployant leurs ailes pour devenir les êtres aviaires les plus purs.
Un ami. Un véritable ami.
C'est tout ce que je souhaitais.
Tout ce que je souhaitais pour cacher les pleurs et les souffrances qui resteraient enracinées à mes veines, suçant mon flot de vie, jusqu'à ce que mes yeux se ferment.
Ce tableau de couleur vives, de plantes vertes et d'arbres fleuris, c'est celui que je me faisais pour cet ami. Un ami comme la nature. Un ami à la nature. Un ami à la nature réelle et sincère.

Est-ce une bénédiction que de perdre ses souvenirs ? C'est une question importante à se poser et sur laquelle chacun d'entre nous devrait s'attarder. Tout dépend de nous bien entendu. Pour certains non bien sûr que non, ce serait perdre ses proches, les blesser sans le vouloir, se retrouver isolé et sans repères. Mais pour d'autres ce serait un nouveau départ, une croix rouge sur nos actions passées ou ce que nous avons subit. La question se pose et elle est digne de l'être.

Mais que ferez vous si vous étiez sur le point de les perdre du jour au lendemain, vous en êtes conscient et vous ne pouvez rien faire d'autre que d'attendre cette heure fatidique, où vous mourrez précocement, sur un lit d'hôpital entouré de cas tous plus graves que les autres. Ma réponse à moi c'est : rien. En tout cas rien activement.

Sinon je rêverais, je m'imaginerais une vie meilleure, à un soleil plus grand et rayonnant, à des rires aiguës et réconfortants, des citrons d'été dont l'acidité vous enveloppe dans ce moment précis. Une vie meilleure avec un ami. Finalement cet ami serait mon guide pour cette nouvelle vie, comme me guidant dans le purgatoire sur le sentier de la repentance. Ou bien cet ami serait quelqu'un à qui m'identifier, un nouveau venu, comme moi, sur cette terre où l'on découvrirait tout, n'existant pas avant notre rencontre et un moyen d'évoluer positivement ensemble. Un compagnon de route dans ce long voyage qu'est l'apprentissage de l'existence. Un soutien. Un ami. Un véritable ami.

Une de ces vies meilleures après toutes ces épreuves, où je n'aurais pas conscience de qui je suis, de ce que j'aime, de ceux qui m'aiment, de mes blessures et de mes joies. Une vie où je serais morte. Et moi sur ce lit d'hôpital, je ne saurais jamais si j'aurais atteint ce rêve.
Car je serait morte et mon enveloppe sera utilisée par un nourrisson à peine sorti du ventre de sa mère, naïf et optimiste, ignorant sa vie antérieure. Ma réincarnation, je l'espère, aura peut être de meilleures décisions que moi et un meilleur chemin. Ou alors tout se répétera. D'ailleurs qu'est-ce qu'est moi ? Est ce qu'on pourra encore me considérer comme moi ? Ou dans l'esprit des autres je serais morte même au delà de mon corps ?
Serais-je définitivement morte ?
La mort me prendra t'elle ?
N'ai-je même pas le droit à une vraie mort, moi ?
Aurais-je un jugement dernier devant Dieu, ou ma personne entière sera effacée par l'érosion du temps ?
Je n'existerait plus ? Même dans l'au-delà ?
Est-ce mourir de mourir non biologiquement ?
J'aurais un coeur qui bat, un cerveau qui tourne, des cellules qui se multiplient et des muscles qui se contractent. Mais mon âme sera déjà partie, partie je ne sais où puisqu'il n'y a pas de place pour elle, ni auprès de Dieu ou du Diable, nulle part.
La vie est injuste, mais la mort l'est encore plus.
Et moi je n'aurais même pas le droit de finir tout ça, elle ne peux même pas être injuste. Elle ne peut pas exister. Elle ne peut pas être vivante.

La pétale de la délicate fleur tombe, signant la fin de l'été. Je ferme les yeux, m'abandonnant aux tâches brunes éclatantes pour quelques secondes avant de les rouvrir.

...

A qui sont ces fleurs ? Et pourquoi je pleure ?

Qui est "je" ?

Short StoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant