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Contexte : Une femme lesbienne pendant le 17-18eme siècle vient de retrouver sa dulcinée à un bal masqué dans lequel elle était déguisée en homme. Après cette soirée, elle retrouve ses amies dans une salle à l'écart pour les tenir au courant de ce qui s'est passé. Évidemment, en vue de l'époque à laquelle se déroule l'intrigue, elle risque la peine de mort suite à son homosexualité.

Ismène : Femme lesbienne
Charlotte de Vernerey : Amante d'Ismène



Ismène : - Ah... Lady Charlotte ! Charlotte de Vernerey... Ismène de Vernerey ! C'était incroyable, exquis, aucun vice de l'humanité ne saurait m'apporter autant de plaisir et d'euphorie qu'à ce moment précis. Non, ce serait un euphémisme de parler d'euphorie ! Je vous le confie, la mort m'effraye davantage maintenant que j'ai goûté à ce bonheur, il me serait trop douloureux de tout perdre après autant d'efforts, même dans l'au-delà.

(On lui sert du cognac)

Ismène : - Non merci, il serait impoli et surtout indécent pour mon discours d'il y a peu, de boire et d'oublier tout ce pourquoi nous avons durement travaillé.

L'une des filles : - Vous parlez fort bien aujourd'hui Ismène !

Ismène : - Et comment ! D'ordinaire j'aimerais affirmer que la langue n'est qu'un outil pour diviser le peuple et ainsi réserver son bon usage aux privilégiés, mais aujourd'hui cette réflexion me prêterait à rire et je ne pourrais souffrir de mon moi passé. Non je vous l'annonce tout haut : à présent les mots ne sont que poésie lyrique et les métaphores, hyperboles, oxymores et litotes, esclaves de l'Homme, éternels serviteur de leur suzerain et agissant dans le noble but de révéler à son auditoire ses sentiments et ses passions. L'alcool ne suffit plus à libérer la parole de son hôte lorsque l'amour lui accorde le même enivrement. Elle est la plus belle des proses, la plus authentique et la plus honnête. Elle est l'originale, la primordiale. Il n'est d'aucun doute que la première contait l'ardeur de la relation entre Héraclès et Megara ou bien celle de César et de Cléopâtre ! Je vous le dit encore plus fort : l'amour est la pire des drogues et il est impossible à un mortel de se défaire de ses liens. Nous sommes comme détachés de la réalité et le réel est fou lorsque la démence est maître sage/maître de la raison. Si le premier degré de la folie est de se croire savant, le second est de le proclamer. Seulement je qualifierai cette situation de déni. En effet, nous cherchons à nous rassurer de notre santé mentale quand elle est aux portes de l'Enfer. C'est ainsi que le sentiment amoureux arrive à nous garder en captivité. Finalement, le déni étant la première étape du deuil, l'amour en est sûrement un, de notre vie d'avant et de notre liberté oubliée. (Soupire) Toute cette tirade m'a épuisée, tant par la réflexion que par l'acte. Je me tais à présent et vous laisse la parole quand à votre propre soirée. Comment était-elle ?

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