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Soufiane soupirait profondément, allongé sur la couverture épaisse de sa tente, le regard rivé vers le ciel. Chaque soir, il trouvait refuge dans cette contemplation silencieuse, cherchant des réponses dans le ciel étoilé du désert. Pourtant, cette nuit-la, quelques choses était différent. Une étrange inquiétude s'insinuait en lui, un sentiment qu'il ne parvenait pas à chassé, malgré la beauté du firmament.

Ils se redressa, sentant une tension familière peser sur ses épaules. Le rôle qui l'attendait, celui de chef de tribu, le hantait de plus en plus. Bien qu'il ait toujours été déterminé à assumer ce devoir, une partie de lui se demandait s'il était vraiment prêt. Prêt à sacrifier sa jeunesse, ses rêves pour le bien de sa famille et de sa tribu. S'il ne devait pas plutôt conquérir le monde.

La nuit était calme, seulement troublée par les bruits lointains des troupeaux qui se reposaient, rassurés par la présence protectrice des chiens de garde. Soufiane se leva doucement, soucieux de ne pas réveiller ses parents dans la tente voisine, et sortit à l'air libre. La fraîcheur du désert le saisit, et il tira son chèche autour de son visage, se dirigeant vers une petite dune non loin du campement.

En haut de la dune, il s'assit, observant les flammes mourantes du feu de camp qui éclairaient faiblement les tentes de sa famille. C'était une scène paisible, mais ce soir, elle ne parvenait pas à apaiser son cœur troublé. Ses pensées le ramenaient sans cesse à cette question lancinante : et si le destin qu'il avait toujours cru être le sien n'était pas celui qu'il désirait vraiment ?

Soudain une voix douce brisa le silence. « Tu ne dors pas Soufiane ? » c'était Aïcha, sa soeur aînée, qui l'avait  suivi en silence, devinant sans doute ses tourments.

Il sourit faiblement en la voyant approcher. « Non, Aïcha. Je... je réfléchissais. »

Elle s'assit à côté de lui, enroulant son châle autour de ses épaules pour se protéger du vent nocturne. « Je t'ai vu te tourmenter ces derniers temps. Qu'est-ce qui te tracasse ? »

Soufiane hésita, Aïcha était la soeur avec qui il avait toujours été le plus proche, celle à qui il pouvait se confier car elle avait toujours les bons mots et elle était une oreille attentive, mais il ne savait pas par où commencer. Finalement, il laissa parler son cœur : « Je me demande si je suis vraiment prêt à vivre cette vie là. Parfois, je me dit que je devrais suivre un autre chemin. Peut-être même quitter le désert et découvrir ce qu'il y a au-delà, ce que la vie a à m'offrir. »

Aïcha l'écouta en silence, respectant ses hésitation. Elle finit par répondre avec une sagesse qui la caractérisait : « Soufiane, ce n'est pas un mal de se poser des questions. La vie que nous menons est difficile, pleine d'incompréhension, mais elle est aussi pleine de beauté. Tu est l'homme de la famille et tu porte beaucoup de responsabilités sur le dos, c'est donc normal d'avoir des doutes. »

Soufiane écouta attentivement les paroles réconfortante de sa soeur, sentant un mélange d'émotions monter en lui. Après un moment de silence, il se tourna vers elle les yeux brillants d'incertitude.

« Je sais que tu as raison, Aïcha », dit-il doucement. « Mais parfois, je me demande si ces doutes ne sont pas le signe qui je suis en train de faillir à mon devoir. Je veux être fort pour notre tribu, pour ma mission mais surtout pour vous, mais je me sens parfois submergé par l'ampleur des attentes qui pèsent sur moi. J'ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir vous protéger avec mon désir de découvrir le monde au delà des dunes, de notre vie ici, au delà de ce qu'on entend comme histoire »

Il baissa les yeux, comme s'il avouait un secret honteux. « Je me demande si ces désirs sont une faiblesse, si en les écoutant, je ne suis pas en train de trahir notre famille, nos traditions. Mais une autre partie de moi se dit que je dois comprendre ces doutes pour devenir l'homme que je suis censé être »

Il leva les yeux vers elle, cherchant une réponse, un réconfort.

Aïcha lui lâcha un sourire compatissant « chacun doit trouver son propre chemin, et il n'y a pas de honte à admettre que le rôle que l'on attend de toi n'est pas celui que tu veux vraiment. »

Ses paroles résonnent en lui. Soufiane savait qu'elle avait raison mais cela n'allégeait pas la lourdeur qui pesait sur son cœur.

Mais si je ne deviens pas le chef de la tribu, qui le fera ? Nos parents comptent sur moi, tout le monde compte sur moi. » dit Soufiane la voix tremblante, qui révélait toute la vulnérabilité qu'il avait tenté de dissimuler.

« Peut-être que ce rôle n'est pas destiné à toi seul » répondit Aïcha avec douceur. « Peut-être que tu n'as pas à porter ce fardeau seul. Nous sommes tous ici pour t'accompagner dans ce rôle, nous soutenir les uns, les autres et puis tu as le meilleur des soutiens Soufiane qui est Allah ! »

Le silence retomba, mais cette fois, il était moins lourd, plus apaisant. Soufiane se sentit étrangement soulagé, comme si une partie de son fardeau avait été levée. Tout deux méditèrent sur les paroles qu'ils avaient échangées.

« Merci, Aïcha » murmura-t-il enfin, en posant sa main sur celle de sa sœur.

Elle lui sourit en retour, et ils restèrent la, côte à côte, contemplant le désert endormi. Les étoiles continuèrent de briller, immuables, mais Soufiane sentait que, pour la première fois depuis longtemps, un nouvel horizon s'ouvrait devant lui. Un horizon plein de promesses, d'incertitudes, mais aussi de liberté.

Cœur meurtrie💔

Parole d'un cœur meurtriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant