Chapitre 4 : le cerisier renaît de ses cendres tel un phénix

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 Je roule depuis cinq bonnes minutes, depuis que je suis partie du petit rassemblement qui attendait mon arrivée, mon retour. Milo n'a pas ouvert la bouche depuis. Il observe la route, comme à son habitude. Et je préfère que la situation se passe comme ça plutôt qu'il ne pose des questions.

Je commence petit à petit à apercevoir au loin la maison de mon enfance. Et je remercie grandement mon GPS car je n'aurai clairement jamais retrouvé le chemin toute seule...

Une boule plus que désagréable commence à se former au niveau de mon estomac. J'ai peur. J'angoisse. À propos de quoi ? De tout. De rien. Je ne sais plus à force.

Je stoppe net la voiture sur le bas-côté.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu affaire à une crise d'angoisse, et comment vous dire que ça ne m'a pas vraiment manqué ! Loin de là même.

Milo repère tout de suite que j'entre en crise, et heureusement, je lui ai expliqué depuis tout petit comment réagir quand j'en faisais une. Ça fait un certain temps qu'il n'a pas eu besoin de m'aider, étant donné que je n'en faisais plus, mais je constate tout de même qu'il n'a pas perdu ses réflexes pour autant. Il commence à me caresser un peu le bras. Le contact physique est mon point d'ancrage. Ma bouée de secours pour m'aider à me ramener à la réalité, au calme. Puis il met sur le lecteur CD ma chanson en cas de crise. Celle qui me calme assez rapidement quand je ne suis pas bien, et quand j'angoisse jusqu'à en déclencher potentiellement une crise. Pourquoi celle-ci en particulier ? Je ne l'ai jamais vraiment compris moi-même... Milo me donne par la suite une petite bouteille d'eau cachée sous le siège passager. Je prends une gorgée, la garde quelques secondes dans ma bouche, et avale. Je répète cette opération 4 à 5 fois.

Je finis enfin par me calmer, et je reprends ma route aussitôt ma crise passée.

— Tu vas bien manman ? me demande Milo en me regardant l'air inquiet.

— Ça va mieux mon chéri. Merci, dis-je en lui caressant un peu la tête, tout en maintenant une main sur le volant de la voiture.

Je finis au bout de quelques instants, par prendre le chemin menant à la maison familiale.

De chaque côté du chemin se trouve des champs remplis de potirons. Milo ne manque bien évidemment pas ce détail :

— Des citrouilles !!!! Il y en a partout !!!

Je rigole en silence face à sa réaction plus qu'adorable.

Je me gare à quelques mètres de l'entrée de la maison. Je coupe le moteur de la voiture, et Milo et moi sortons enfin dehors. Enfin une bouffée d'air frais !

Je prends une grande inspiration, tout en fermant les yeux quelques secondes. Mon fils lui commence à sautiller partout. Il ne tient plus en place, et un sourire immense s'est dessiné sur son visage.

Il a eu le temps, entre-temps, de voir la balançoire, toujours placée au même endroit depuis des années.

— Ze peux aller jouer là-bas s'il te plaît manman ? me demande-t-il tout en me montrant la balançoire du doigt.

— Oui vas-y. Tu peux y aller mais tu fais attention.

— Oui oui t'inquiètes pas ! me dit-il en courant vers le jeu.

Je commence de mon côté, à faire le tour du terrain tranquillement, quand je finis par repérer un arbre. Il est de taille moyenne, mais reste tout de même massif et imposant.

— C'est pas possible...

Je m'avance. Je suis bouche-bée. Ce n'est pas possible. Je rêve. Ça ne peut pas être le même. Si ? Sam en aurait-il remit un à l'endroit même où était le précédent ?

Je suis tellement absorbée par le cerisier qui se dresse devant moi, à toucher l'écorce humide de cette arbre, à ressentir son énergie, à me rappeler des souvenirs enfouit depuis des années dans ma mémoire, que je n'ai même pas entendu mon frère arriver vers moi.

Il s'approche de moi, et comme s'il lisait dans mes pensées, me dit :

— Tu ne rêves pas Nathy. Il s'agit bel et bien du même cerisier que dans notre enfance.

Je me retourne vers lui. Balbutie légèrement, et finis par répondre :

— Comment c'est possible ? Je veux dire, ce n'est pas possible justement. Il aurait fallu bien plus de temps pour qu'il ait de nouveau cette forme et cette hauteur.

— Au moment où papa l'a coupé, il n'aurait, apparemment, pas enlevé la globalité des racines. Et il y a quelques années, peu de temps après le décès des parents en réalité, le cerisier a commencé à repousser. Et le voici aujourd'hui ! Presque aussi beau, et grand qu'à l'époque ! Les habitants de la ville n'ont pas compris, moi y compris, comment il avait pu faire pour pousser aussi vite, et reprendre cette apparence. C'est un véritable miracle. Le miracle de Monroe selon les commères de la ville. Mais je te rassure déjà qu'il n'y a aucun autre signe de miracle, magie ou quoi que ce soit ici, me dit-il avec un clin d'oeil.

— Incroyable, dis-je en chuchotant, avec des étoiles pleins les yeux, tout en continuant d'observer le cerisier, complètement émerveillée.

Sam me laisse finalement devant mon arbre, et part jouer avec Milo.

*

Après un long moment à vagabonder dans mes pensées et mes souvenirs, tout en restant assise devant le cerisier, je retourne finalement vers ma voiture. J'ouvre le coffre, et commence à sortir ma valise et celle de Milo.

Isaac arrive, et se gare avec son pick-up, juste devant ma voiture.

— Tu veux de l'aide avec les bagages ?

— Ça va aller. Merci, me forçais-je à lui répondre sans lui adresser le moindre regard pour autant.

Il ne me répond pas, et quand je daigne regarder légèrement dans sa direction, je vois qu'il est déjà parti en direction de la grange.

Je souffle un coup pour enlever toutes les énergies négatives de mon corps, car il y en a bien trop eu depuis ce matin à mon humble avis.

Je prends une valise dans chaque main, heureusement qu'il n'y en a que deux j'ai envie de dire, et commence à m'avancer vers la porte d'entrée.

Une fois devant je pose mes valises à terre, respire plusieurs fois, me dis que tout va très bien se passer, et tourne finalement la poignée.

La nostalgie commence à montrer le bout de son nez...

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 30 ⏰

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