The mission

Rencontre

Je me trouve au milieu d'une bande de personnes qui se défoulent sur la piste de danse, qui boivent, et qui sentent le putois à plein nez.

Quelle horreur !

Je déteste être entourée de gens, de me sentir oppressée, ça m'angoisse. Mais pas le choix, j'ai une mission à accomplir pour moi même, trouver une paire de yeux bleus. Mais ça s'annonce plus difficile que prévu. Je continue de m'engouffrer dans la masse de personnes, me prenant des coups de temps à autre. Je sens quelque chose se coller à moi, je me tourne dans sa direction et vois un homme d'une vingtaine d'années.

Ses yeux sont bleus, mais ce ne sont malheureusement pas ceux que je cherches.

Ça aurait été trop simple...

Il me gratifie d'un large sourire, et danse, ses mains toujours collées sur mes hanches. Il se balance de droite à gauche, essayant de m'emmener avec lui dans sa gestuelle. J'entreprends d'enlever ses mains baladeuses de mon corps. Mais rien à faire, le bouc est à fond.

- « détends toi bébé. »
Me chuchote-il suavement. Je me tends plus que je ne l'étais.

- « non ça ira. »
Réponds dis-je sur la défensive. Il continue à sourire comme un con.

Je réfléchis, je cherche une solution pour m'extirper de ses deux bras musclés. Je regarde autour de moi, essayant de capter le regard d'une personne. Je laisse vite tomber l'idée, tous le monde est dans sa bulle. Je me re concentre sur l'imbecile devant moi, pour mon plus grand plaisir il n'est plus là, idiote que je suis je ne m'en suis pas rendue compte ! Je décampe le plus vite possible de la foule. Une fois hors du troupeaux, je ferme les yeux, et j'aspire une grande bouffée d'oxygène frais. J'ouvre les yeux et jette un coup d'œil autour de moi.

- « pousse toi. »
Pas le temps de réagir, une personne me bouscule et se rue vers un groupe de gens.

- « connard. »
Marmonne ai-je dans ma barbe.

D'autres personnes courent vers le groupe, je m'élance à mon tour voir ce qui se passe. Je me fraye un chemin jusqu'à être pile devant.

Sous mes yeux, l'imbecile de tout à l'heure se fait défoncer la gueule par une paire de yeux bleus, ceux que je cherche, évidemment. Le mec de la bibliothèque n'y va pas de main morte, on pourrait croire qu'il y met toute sa haine, il est assis en califourchon sur lui et lui assène de violents coups de poings. Je vois dans ses gestes qu'il y met beaucoup de colère. Je ne réfléchis pas deux fois et m'interpose entre les deux.

Le mec de la bibliothèque me regarde avec une colère si intense, son regard parle pour lui. Je le lis comme un livre ouvert. Il s'apprête à donner un autre coup, mais je mets mon bras avant que celui ci n'atterrisse sur le visage de l'imbécile.

- « qu'est-ce que tu fous putain ? »
Me crache t-il.

- « si tu continue tu vas le tuer connard. »
Lui dis-je sur le même ton.

- « casse toi. »
Me crie-t-il sur un ton agressif.

Je sens les larmes me monter, pourquoi maintenant putain ? Je déteste qu'on élève la voix sur moi, je ne peux m'empêcher de pleurer à chaque fois. Mais aujourd'hui se sera différent, je ne vais pas céder, surtout pas devant lui.

Et aussi pour mon égo. Mais je ne l'admettrai pas.

Je ravale mes larmes, et ne bouge pas d'un poil. Le mec de la bibliothèque relève son bras, mais ne fait rien. On s'observe un instant puis il relâche son bras. Je le regarde, et sans réfléchir le gifle. Le bruit résonne dans tous le barre, les gens arrêtent le bruits, la musique se coupe, tous le monde nous regardent. Sa joue commence à rougir, il ne dit rien, pas un mot, ni une grimace de douleur, rien.

Je me dégage de devant lui, et me positionne accroupis devant l'imbécile. Il saigne du nez, de la lèvre inférieure, et de l'arcade sourcilière droite. Le nez ne semble pas cassé, c'est un bon début. Je me lève et attrape des serviettes d'une table voisine. J'en prends dans mes mains et crée un point de compression sur l'arcade.

- « comment tu te sens ? »
Lui demande ai-je doucement.

- « comme un mec qui s'est fait défoncé la gueule par un con. »
Me répond t-il avec un léger rire.

- « laisse ça appuyé et ça devrait aller. »
Lui assure ai-je.

- « merci. »
Je souris et pars. Je vais me positionner devant le con de la bibliothèque.

Il a une imposante carrure, il me surplombe, et je me sens toute petite à côté. Des mèches rebelles brunes lui tombent sur le devant de son crâne, il a de magnifiques boucles. Et ses yeux bleus me transpercent, ils sont d'un bleu très clair voir gris. Mon regard se pose sur ses lèvres charnues, et d'un rose pâle, puis ils remontent le long de sa mâchoire, celle ci est très bien dessinée avec des traits fins. Il est parfait. En apparence.

Je remarque derrière lui trois autres garçons, le premier est le celui que j'avais aperçus à la bibliothèque avec qui j'avais un peu parlé, le deux autres me sont inconnus. Ils sont tous aussi imposants, tous ont des tatouages qui recouvrent leur peau. Je reporte mon regard sur celui aux yeux bleus, il me regarde, mais aucunes émotions transpercent ses yeux, pas une seule.

- « tu aurais pu le tuer gros con. »
Lui dis-je d'un ton plein d'amertume.

- « tu te répètes. »
Me répond t-il d'un ton détaché.

- « pourquoi tu me suis ? »
Les mots sortent avant que mon cerveau réfléchisse aux conséquences. Trop tard.

- « parce que tu en sais beaucoup trop. »
Je lève les yeux au ciel, et souris avec arrogance.

- « je ne sais rien, à part le fait que tu sois un énorme imbécile. »
Ses yeux restent sans émotions, mais je peux apercevoir sa mâchoire qui se contracte.

Je me dirige vers une porte non loin, histoire d'inhalée une bonne bouffée d'air frais. Une fois à l'extérieur je commence à m'allumer une clope et en tirer une tafe.

- « tu m'en passe une ? »
Je reconnais cette voix douce mais inquiétante. Le gentil de la biblio.

- « tiens. »
Je lui passe une cigarette, et continue de fumer la mienne.

- « désolé pour Caden tout à l'heure. »
Je m'arrête et me tourne en sa direction.

- « Caden ? Il s'appelle Caden ? »
Il hausse un sourcil.

- « bha ouais. Et moi c'est Noah ! »
Me dit-il d'un ton enjoué.

- « je t'avais dis de ne pas dire ton vrai nom. Elle pourrait porter plainte. »
Lance une voix derrière nous. Caden.

Sans me retourner je lui dresse mon majeur. Noah rit doucement à côté de moi, et Caden grogne de mécontentement. J'avoue être fière de moi.

- « on se casse. »
Dit-il en s'adressant à Noah.

Noah me regarde et me fait un clin d'œil en désignant ma clope dans sa main. Je lui sourit en retour, et il finit par partir avec Caden et les deux autres hommes. Je les regarde s'éloigner, en finissant de fumer ma clope. Une fois partis je rentre dans le bar.