CHAPITRE 16 : Ellis

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–    Tu serais prêt à goûter ?–    Pas pour tout l'or du monde !

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– Tu serais prêt à goûter ?
– Pas pour tout l'or du monde !

Léo a absolument voulu acheter un os pour Achille et ça fait une bonne demi-heure qu'il me pose toute sorte de questions, après avoir déjà harcelé le pauvre vendeur de la boutique pour animaux, sur l'alimentation des chiens.
April m'a envoyé un message pour nous proposer de nous balader cet après-midi. Par réflexe, j'ai d'abord voulu refuser mais Léo jouait depuis toute la matinée dans sa chambre avec ses constructions, ça ne pouvait que lui faire du bien de sortir et aucun Lego n'aurait fait le poids face aux arguments April et Achille. De plus, je lui dois bien ça après le service qu'elle m'a rendu en le gardant.
Elle est déjà devant son immeuble quand nous arrivons. Elle porte la même doudoune grise que quand elle m'a attendu près du musée, un jean tout simple et une paire de baskets noires. Elle aussi a mis un bonnet aujourd'hui, comme Léo et moi, avec ma capuche en plus car il faut dire que le vent n'est pas agréable, malgré le grand soleil. Achille remue déjà sa queue dans tous les sens, heureux de revoir son copain de jeu, alors Léo presse le pas pour le caresser et lui montrer fièrement son cadeau.

– C'est gentil de lui avoir acheté un jouet ! s'enthousiasme April.
– Le vendeur a dit que...

Il lui fait un exposé de tout ce que nous avons appris plus tôt. April l'écoute attentivement mais je lui lance un regard désolé chaque fois qu'elle me regarde. J'apprécie les efforts qu'elle fait avec lui, elle ne veut surtout pas le blesser et fait tout son possible pour qu'il soit content même si, reconnaissons-le, c'est un adorable mais infernal moulin à parole. Quand il a enfin terminé ses explications, nous marchons depuis plus d'un quart d'heure dans Central Park et, content de lui, il repart en courant avec Achille en lui lançant l'os le plus loin possible. April s'approche de moi en se mordant les lèvres.

– Je sais, il est inépuisable.

Elle éclate de rire. Il lui va vraiment bien ce bonnet noir à pompon, surtout avec ce rouge à lèvres un peu rouge qui fait complètement ressortir sa bouche. J'aime bien l'entendre rire aussi, c'est toujours spontané et très naturel.

– C'est ce qui fait tout son charme. Ça et ses grands yeux clairs.

Les mêmes que sa mère.

– Vous avez des projets pour Halloween ?
– Je ne travaille pas alors j'imagine que Léo a déjà tout prévu.
– Il aime se déguiser ?

Mon regard lui donne la réponse et elle se remet à rire.

– L'année dernière, il voulait absolument être en cow-boy.
– Je le comprends, c'est génial les cow-boys.

Je me garderai bien de préciser que j'avais le même costume que lui. Il avait insisté.

– Tu connais son envie cette année ?
– Il ne m'en a pas encore parlé mais je crains le pire. Tu fais quelque chose, toi ?
– Non, je vais tranquillement rester chez moi et regarder un film en mangeant les bonbons qu'il me restera après le passage des enfants.
– Un film d'horreur ?
– La logique voudrait que oui mais je suis trop froussarde pour en regarder un toute seule..., dit-elle en grimaçant.

Une heure plus tard, Léo est fasciné parce qu'April lui a appris que son oncle est neurochirurgien.

– Il ouvre tout ? Tout le crane pour pouvoir voir le cerveau ?
– Exactement !
– Waouh ! Tu as déjà vu un cerveau, toi ?
– J'ai assisté à quelques opérations, oui.
– Je pourrai moi aussi ?
– Il faut que tu grandisses un peu, dit-elle en posant son bras autour de ses épaules.
– Il faut que je grandisse pour tout ! soupire-t-il.
– Mais tu as exactement le bon âge pour aller chercher trois chocolats chauds au petit kiosque là-bas.
– Vraiment ?

Elle a tout juste le temps de lui donner de l'argent qu'il court déjà vers le marchand, tout content de pouvoir faire ça tout seul.

– Merci.

Elle me sourit et caresse la tête d'Achille, resté assis près de nous.

– J'ai cru comprendre que tu faisais de la boxe ? Voir même un peu plus que de la boxe... peut-être quelque chose comme du MMA... ? dit-elle en se pinçant les lèvres, l'air de rien.

Je pousse un soupire en laissant tomber ma tête en avant.

– Il est au courant ?
– J'ai comme l'impression qu'il comprend beaucoup plus de choses que ce que tu crois...

Ça, c'est une certitude, je ne sais même pas pourquoi je me fais encore des illusions.

– Ne lui en veux pas et ne lui dis pas que tu sais qu'il sait, je n'étais pas censée t'en parler.

Il ne vaut mieux pas que je pense à tout ce qu'il a pu lui raconter lorsqu'ils ont passé toute une soirée ensemble, ça me donnerait le vertige.

– Les arts martiaux mixtes, alors ?
– Tu connais ?
– Non, pas beaucoup. C'est...
– Violent, je sais, c'est ce que tout le monde dit.
– J'allais dire impressionnant mais violent aussi, c'est sûr. Tu en fais depuis longtemps ?
– Depuis le lycée.
– Comment tu t'y es mis ?
– Je faisais de la lutte pour augmenter ma moyenne, rien de sensationnel, je n'étais même pas particulièrement bon mais mon entraîneur actuel m'a quand même repéré et il m'a proposé de faire de la boxe. Je me débrouillais bien mieux, j'ai commencé à adorer ça et petit à petit, on a un peu tout mélangé pour en arriver au MMA.

– Qu'est-ce qui te plaît là-dedans ?
– Ça défoule et ça permet de savoir se défendre.

Comme elle ne dit rien, je me tourne un peu vers elle et je n'arrive pas à comprendre son regard, elle me fixe comme si elle cherchait à lire dans mes pensées, ce qu'elle fait souvent je crois et ça a le don de me rendre nerveux. Je remercie silencieusement Léo qui revient vers nous à ce moment-là, trois gobelets en équilibre entre ses mains. Il a rapidement une belle moustache tant il se régale. J'apprécie un peu de chaleur et de douceur, ce vent me transperce littéralement le corps.

– Ellis m'a dit que tu étais déguisé en cow-boy l'année dernière pour Halloween ?
– Ellis aussi ! On avait le même déguisement !

Misère. Je sais qu'elle me lance ce regard amusé et un peu moqueur, je n'ai même pas besoin de me tourner vers elle pour m'en assurer.

– Tu as une idée pour cette année ?
– Peter Pan ! Avec Ellis on regarde souvent le film Hook mais je préfère le costume du Disney, il sera plus facile à fabriquer pour Adriana.
– C'est elle qui va te te faire ton costume ?
– Elle sait tout faire ! Une année, elle a même réussi à...

Les vrais costumes coûtent une fortune, heureusement qu'Adriana est très douée avec une machine à coudre, elle a toujours un tas d'idées pour reproduire les envies de Léo. Il faut dire qu'avec ses trois enfants, les costumes d'Halloween, des spectacles de Noël ou de fin d'années scolaires n'ont plus aucun secret pour elle.

– Le petit chapeau vert t'ira comme un gant. Et Ellis, quel personnage il sera ?

Quoi ? Quelle trahison ! Cette fois, je tourne vivement ma tête vers elle, ce qu'elle fait mine de royalement ignorer.

– Le Capitaine Crochet ! Ça serait super, Ellis, non ?

Formidable. 

– Et toi, tu pourrais être la fée Clochette ! s'écrie Léo en attrapant d'un coup le bras d'April.
– Moi ?

Ah ! Rira bien qui rira le dernier !

– Oui ! Tu lui ressembles un peu en plus !
– Tu as raison, pourquoi pas !

Elle n'est pas sérieuse... ?

– On pourrait emmener Achille et le déguiser en Nana ! Ce n'est pas la même race de chien mais ça pourrait être amusant ! Je demanderai à son maître s'il est d'accord !

Ah si, elle est on ne peut plus sérieuse. Inutile de préciser que nous passons, enfin, que Léo et April passent, le reste de l'après-midi à organiser notre future soirée d'Halloween.

C'est toi pour moi et moi pour toi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant