Soleil, amour, été

Chapitre 5

Nous restions un moment en silence. Je me forçais à regarder le cours de la rivière, car si je posais mon regard sur mon interlocuteur, je sentais que je pouvais l'observer des minutes durant sans retenue. Et je ne voulais pas de ça. En revanche, je sentais son regard sur moi. Je serrais un peu plus mon livre contre ma poitrine, me sentant déstabilisé.

Mes pensées fusaient les unes après les autres. Cette situation paraissait trop incongru pour être réelle. Prenant une grande inspiration, je me retournais vers lui, et je plongeais mon regard dans le siens, le regardant d'un air de défi. Il était ors de questions que je me laisse encore être intimidée de la sorte.

- Il me semble que vous ne m'avez pas donné votre prénom, déclarais-je pour rompre le silence.

Il baissa légèrement les yeux.

- C'est vrai, répondit le nouveau au village. Je m'appelle Alary. Alary Chabreux.

Soudainement, il me tendis la main. Je la regardais un instant avec surprise, avant de comprendre. Je la saisie, et fus surprise par sa prise ferme mais douce.

- Enchanté, Violette, déclara-t-il.

- En-enchantée, je réponds en me dégageant de son emprise.

Le silence fit son retour, mais je ne le supportais pas bien longtemps.

- Je.. euh.. Je pense que je ne vais pas tarder à rentrer. Il est bientôt l'heure de manger, et je pense que rien n'est prêt chez moi.

- Ah, parfait! Je me demandais si vous restiez ici ce midi. Voyez vous, je pense que j'arriverais à rentrer au village, car on le voit d'ici, mais j'ai peur de me mettre les agriculteurs à dos.. J'ai entendu dire qu'il n'appréciaient pas que l'on passe par leurs champs...

- Ah ça oui, je m'exclame ! Mais tant que vous ne passez pas dans les cultures, ça devrait aller. Vous n'avez qu'à me suivre, je vous mènerai jusqu'au village. Mais il faudra que vous retrouviez le chemin de la maison de vos grands parents seul, par contre.

- Ça, ça devrait aller. Merci.

Je me levais alors, replaçant mon livre dans mon panier. Je fis la moue en me rappelant ma broderie que je n'avais pas commencée... Puis, je pris mon draps, dans l'optique de le plier grossièrement. Alary restait là, il semblait un peu gêné. Ah, enfin ! Chacun son tour, pensais-je.

Je déplissais ma jupe et passait une main dans mes cheveux. Je lançais simplement un regard à Alary, qui hocha la tête, et on se mit en route.

- Je prendrais bien votre panier, dit-il au bout de quelques minutes, mais pour tout vous dire, sans ma deuxième main..

- Ne vous en faites pas, le coupais-je. Mais c'est gentil de.. proposer ?

Il pouffa et je fis de même. Au final, il ne semble pas si grossier que cela. Mais je restais quand même sur mes gardes. Les hommes ont des apparences trompeuses, surtout quand ils viennent de la ville...

- Par où êtes vous passé d'ailleurs, pour arriver à la rivière, demandais-je par simple curiosité.

- Aucune idée, mais certainement pas ce chemin. Je vous avouerait d'ailleurs que j'ai faillit tomber plus d'une fois, tant le sentier était escarpé.

- Oh, vous êtes descendu côté est ?

- Est ? Heu, sans doute, il déclare en haussant les épaules.

Je ne pus m'empêcher de rire. C'est typique des gens qui ne sont pas d'ici, ils se savent pas se repérer.

- Vous êtes partis de là, puis vous êtes descendu pas là-bas, je réponds en lui indiquant un sentier qui se dessinais le long de la colline, en cotre bas du village.