Tu es parti en ce 20 février 2022
Telle une étoile, tu as rejoins les cieux
Pourquoi doit on mourir un jour ?
Nous avions un caractère commun
Et on s'aimait main dans la main
Que s'est il passé pour en arriver là ?
On se promenait souvent dans le parc
Tu m'apprenais des mots d'alsacien
L'Alsace était devenu notre marque
Quand tu éternuais, "G'sundheit"
Quand je t'appelais, "Babbaba"
Viennent en moi tes dernières paroles
Tel un testament à la forme verbale
"Tout sera à toi quand j'aurai disparu"
Après cela, nous t'avons perdu
La maladie vint, tu as changé papi
Mais qu'avez vous fait à Babbaba ?
Je devenais un étranger petit à petit
Ne plus se tutoyer, mais se vouvoyer
Je n'étais plus Daniel, Dani ou Dada
Désormais, ce sera Monsieur
Tel un parasite, Alzheimer est arrivé
Comme si de rien n'était, il repart
Pour l'effacer, il est trop tard
Sa nourriture est la souffrance
Son but est la perte de l'identité
Petit à petit, l'humain est isolé du réel
Menant l'arrivée d'un monde illusoire
Guidant l'humain vers la dépendance
Au fil des années, l'adulte régresse
Je t'ai vu marcher avec moi, Babbaba
Je te verrai assis dans un fauteuil
Tel un légume, la langue n'est plus
Papi s'est égaré, j'ai perdu l'Alsace
Au début, tu parlais encore avec moi
Puis, des gémissements sont apparus
La vie s'est conclue par des râles
Autrefois, vous étiez mon Babbaba
Autrefois, vous aviez une identité
Avant, vous étiez Charles Willmann
Un adjoint au maire irréprochable
Avec une solidarité remarquable
Mais qu'en est il aujourd'hui, Mann ?
J'avais admis l'alsacien du passé
Je renie cet être du présent
Doucement, la lumière s'amoindrie
Babbaba n'est plus qu'une ombre
Mais que vois-je au loin ?
Est ce que c'est vraiment toi, papi ?
Les derniers jours, je te retrouvais
Couché dans ton lit, tu étais émotif
On se tenait la main, je discutais
Les larmes coulent, tu étais pensif
Tu me comprenais, tu voulais parler
Si tu savais, j'espérais tant ce moment
Retrouver un instant cet être d'antan
Mais la maladie t'a réduit au silence
La fin arrive, soleil couchant
Le volet se ferme, lentement
Je veux lâcher ta main, tu ne veux pas
Dès lors, je n'en croyais pas mes yeux
Ce que je voyais, c'était l'alsacien
II était donc de retour, mon Babbaba
Merci Dieu pour ce beau cadeau
C'est bon, je reste encore un peu
La nuit arrive, je passe la porte
Un sourire se dessine, le cœur cesse
Enfin, tu as retrouvé ton identité
Tu as maintenant rejoint tes frères
Je garde Babbaba dans mon cœur
Exit le malade en mon for intérieur
Je ne t'oublierai jamais, grand-pèreMerci Babbaba
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La dénonciation et l'amour en Poésie
PoetryDes poèmes pour tous publics, qui ont plusieurs thèmes : L'amour, l'affection, la tendresse, ou d'autres thèmes qui ont pour but de dénoncer les malveillances de la société : Homophobie, feminicide, etc... Des poèmes qui évoluent également à travers...