Chapitre 1 Juste Anna

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Chapitre 1
Juste Anna

L'aurore a délicatement éveillé mes sens ce matin. Les caresses du soleil, filtrées par ma fenêtre entrouverte, m'ont enveloppée d'une douce chaleur. Les légendes urbaines, ces histoires qui hantent mon esprit, ont encore bercé mes nuits. Une passion mystérieuse, née des profondeurs de mon âme.
Un frisson d'air matinal caresse mon visage, me rappelant la douce fraîcheur de l'aube. Mes paupières lourdes peinent à se soulever, retenues par les doux effluves du sommeil. Le soleil, espiègle, joue à cache-cache derrière mon rideau, créant un ballet de lumière et d'ombre. Ces derniers mois ont été doux, une parenthèse dans le temps. Pourtant, Morphée m'appelle encore, m'invitant à poursuivre mes rêves les plus fous.
— Bip bip bip bip ...
Qu'il est pesant de m'extirper de mon sommeil ! Un bruit imminent pour un appareil agaçant. Quand j'ouvre les yeux, tous mes rêves s'évanouissent. Assise sur mon lit, j'aime à penser que c'est à cause de mes yeux encore endormis. Pourtant, cela semble loin de la vérité.
J'aperçois mon reflet dans le miroir : bien décoiffée et cernée comme il se doit, après une bonne nuit blanche. Ces heures paisibles, je les ai consacrées à un récit qui en vaut le coup "Chang'e La déesse Lunaire."
Éperdument attachée à cette légende, je n'ai pas vu le temps passer, ce qui se reflète sur mon visage pâle. Toutefois, j'aime affirmer que je suis toujours une très jolie femme. Ces cernes sont rapidement éclipsés par ma silhouette féminine et mes courbes bien proportionnées. J'ai toujours pensé qu'un peu de formes ne nuit à personne, surtout pas à mon chéri qui adore cela ! Il m'arrive rarement de me faire des compliments, mais parfois, c'est nécessaire. Je suis désagréablement coupée dans ma lancée par une voix faussement mélodieuse.
— Anna, tu vas être en retard !
— J'arrive !
Un cri rock'n'roll, ma voix n'est décidément pas matinale. Un échange peu cordial entre mère et fille. Isabelle est la douce épouse de mon père, Jean-Charles Sullivan. Ils forment un couple que la totalité des voisins qualifient de parents parfaits.
D'après eux, nous sommes au sommet de la pyramide de la distinction. Alors que pour moi, nous méritons seulement l'Oscar des meilleurs tricheurs de Bortone. Il y a un manque d'affection dans cette famille. Il n'y a pas de moments de complicité, pas de disputes suivies de réconciliations, ni de joie ou de rires. Cela se trouve seulement chez les autres.
En résumé, je dois continuer à agir comme une gentille petite fille, même si je n'approuve pas la situation. Je me dirige vers la salle de bain pour me préparer. C'est un moment pour moi, généralement bref. Je ne suis pas pour les faux-semblants. Aujourd'hui encore, je ne fais pas d'efforts : un simple coup de brosse dans mes longs cheveux lisses et noirs, suivi d'un peu de mascara et d'un trait de liner, comme presque tous les jours, suffira. Parfois, pour rehausser mon visage très pâle, j'opte pour une coiffure élaborée et du fard à paupières en poudre. J'utilise un rose pailleté qui fait ressortir mes yeux gris-bleus. J'aime être au minimum présentable, d'abord pour moi, mais également pour l'homme de ma vie. Cela permet de me rappeler une fois de plus que ce n'est pas ma mère qui m'a appris le maquillage. Merci aux réseaux sociaux de m'avoir tout enseigné !
Habillée d'une petite chemise blanche et d'un jean noir, je suis enfin prête. Je descends les escaliers et, comme à mon habitude, j'adore les faire grincer pour rappeler à mes parents l'ancienneté de cette maison. Et qu'il est grand temps de déménager !
Petit saut à la dernière marche et j'attrape le sac de déjeuner que ma mère m'a préparé. Elle tente toujours de me sourire, mais à part se donner un faux air, ça ne sert à rien. Sans réfléchir, je lui fais ma plus belle grimace, sans avoir de sentiments bien définis à son égard. Cela peut sembler cruel, mais cela fait un moment que je sens qu'il y a un problème entre nous. Ça n'a pas toujours été ainsi, car nous étions plus proches avant. Je ne sais pas quand ce fossé s'est installé, mais cela fait un certain temps.
Quant à mon père, Jean-Charles, il me tend la main. Oui, mon paternel souhaite me serrer la main... Je n'ai jamais vu ça ailleurs ! En ce qui le concerne, je suis sûre de la distance qu'il y a entre lui et moi. Pour ainsi dire, la même qu'entre la terre et la lune.
Chaque fois qu'il me parle, je suis dérangée par son apparence. Une fois, j'ai commenté son rasage qui ressemblait à une pelouse fraîchement tondue après la pluie, mais mal tondue, bien sûr. Une autre fois, j'ai remarqué ses cheveux gris, ébouriffés comme ceux d'un sans-abri. Récemment, j'ai été frappée par ses ongles, qui avaient une « propreté sans égale » avec de la terre noire logée dessous. Jean-Charles est herboriste, il possède son propre cabinet à côté de l'église.
Pour conclure, dans la fiche descriptive de ma famille, Isabelle est psychologue. Elle dirige son propre cabinet à côté de l'église depuis une dizaine d'années. Les habitants de Bortone l'appellent l'ange de Bortone.
Je pense que certains d'entre eux auraient dû suivre leur chemin. Maintenant que les présentations sont faites, revenons à nos sujets. Avec un sourire enjoué, mon père commence ses réprimandes comme d'habitude.
— Travaille bien et ne rêve pas trop. On te connaît parfaitement, tu vas revenir ce soir la tête pleine de suppositions plus farfelues les unes que les autres.
— Tu te répètes papa ! Bisous maman, bisous papa, à ce soir.
Les mots que j'entends très souvent quand on parle de mes passe-temps sont « foutaises » et « conneries ». Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai cru un temps qu'il s'agissait d'un disque rayé qui ne cesserait jamais de tourner. Mais étant donné que les choses semblent immuables depuis des années, j'ai laissé les mots désagréables s'évaporer comme le vent.
Quoi qu'il en soit, j'ai renoncé à cette idée. J'ai plusieurs options de transport pour aller au travail, et comme souvent, je choisis d'y aller à vélo. Le ciel est dégagé, une balade à deux roues est une excellente idée pour aujourd'hui.
Je me suis toujours considérée aussi maligne qu'un renard, mais face à ma bêtise, j'en doute finalement. Hier soir, pressée de rentrer, j'ai malheureusement laissé mon vélo à l'extérieur de l'abri de jardin. Il a été exposé aux intempéries et est désormais couvert de feuilles. Honnêtement, j'ai la flemme de les ôter, je préfère les faire voler en posant mon sac de déjeuner et en calant discrètement le roman que j'ai pris lors de ma sortie. J'essaie de faire en sorte que Jean-Charles et Isabelle ne me jugent pas dès qu'ils en ont l'occasion, ce qui me pousse à cacher souvent mes livres pour avoir la paix. Je finis par stabiliser le tout pour pouvoir garder facilement la main sur mon petit déjeuner.
Je relève mes cheveux avec une pince pour former un chignon, mais cela ne fonctionne pas du tout. Le vent souffle en plein visage et éparpille immédiatement mes cheveux. Après tout, ce n'est qu'un petit détail. J'apprécie énormément la beauté du paysage tout en savourant les Chouquettes fraîchement préparées de la pâtisserie du village, que je déguste avec hâte sur mon chemin. Après l'effort, le réconfort, mais dans ce cas précis, le réconfort se mêle à l'effort.

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