8- Magie et illusions

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Le Coran nous rapporte plusieurs échanges entre Moïse et Pharaon. L’un des plus détaillés se trouve dans la sourate 26, intitulée « Les poètes ». Moïse s’adresse poliment à Pharaon, il lui parle de Dieu, de Sa miséricorde et de Son Paradis, mais Pharaon réagit avec mépris et arrogance. Il rappelle à Moïse son crime passé et lui demande de se montrer reconnaissant d’avoir été élevé au palais, dans le luxe et l’abondance. Moïse s’excuse au sujet du crime, affirmant avoir tué un innocent à un moment où il était encore ignorant et fait remarquer qu’il n’a été élevé au palais que parce qu’il lui était impossible de vivre avec sa propre famille, à cause de la discrimination de Pharaon, qui ordonnait que l’on tue les nouveau-nés de sexe masculin.

« Je l’ai fait, dit Moïse, alors que j’étais encore du nombre des égarés. Et, vous craignant, je me suis enfui. Puis, mon Seigneur m’a donné la sagesse et m’a élu au nombre de Ses messagers. Est-ce là une faveur du passé [que tu me rappelles] avec reproche, alors que tu as asservi les enfants d’Israël? »

Qu’est-ce que ce Seigneur des mondes? », demanda Pharaon. « Le Seigneur des cieux et de la terre, dit Moïse, et de tout ce qui existe entre les deux. Si seulement vous pouviez en être convaincus! » (Pharaon) dit à ceux qui l’entouraient : « N’entendez-vous pas? » Moïse continua : « … Votre Seigneur et le Seigneur de vos ancêtres… ». Pharaon dit : « Certes, ce messager qui vous a été envoyé est un fou! »

(Moïse continua) : « … Le Seigneur de l’Orient et de l’Occident et de tout ce qui se trouve entre les deux. Si seulement vous compreniez! » « Si tu adoptes, dit (Pharaon), un autre dieu que moi, je te ferai prisonnier! » Moïse répondit : « Et même si je t’apportais une preuve évidente [et convaincante]? » Pharaon répliqua : « Apporte-la, si tu es du nombre des véridiques. » (Coran 26:20-31)

Pharaon commença par se moquer de Moïse, pour ensuite lui reprocher de se montrer ingrat et finalement le menacer. À cette époque, en Égypte, de nombreuses personnes pratiquaient la magie. Il existait même des écoles où l’on enseignait la magie et l’illusion. Pharaon fit donc une déduction erronée : il croyait que les signes que Moïse lui montrait, par la permission de Dieu, étaient en fait de la magie.

Quand Moïse jeta son bâton et que celui-ci se transforma en un serpent rampant au sol et lorsqu’il retira sa main de son vêtement et qu’elle se mit à briller, Pharaon en conclut que Moïse était versé dans la magie. Ibn Kathir rapporte que Pharaon garda Moïse et Aaron captifs pendant qu’il envoyait chercher les meilleurs magiciens d’Égypte. Il promit à ces derniers prestige et richesse en échange de leurs illusions. C’est alors qu’une sorte de compétition fut organisée entre Moïse et les magiciens.

Pharaon avait confiance en ses magiciens, convaincu qu’ils étaient imbattables. Il utilisait depuis longtemps leurs services pour influencer le cœur et l’esprit des gens du peuple et de son entourage; leurs trucs et leurs illusions l’aidaient à garder ses sujets sous sa domination. On laissa à Moïse le loisir de choisir le jour de la compétition et il choisit un jour de fête nationale. Il savait que les rues seraient alors pleines de gens, qui pourraient constater, de leurs propres yeux, le pouvoir et la toute-puissance de Dieu.

« Il (Pharaon) dit : « Es-tu venu avec ta magie pour nous chasser de notre pays, ô Moïse? Nous pouvons certainement produire une magie semblable. Fixe un rendez-vous entre nous, que nous observerons tous deux sans faute, dans un endroit convenant à chacun. » Alors Moïse dit : « Votre rendez-vous aura lieu le jour de la fête. Et que les gens se rassemblent dès le matin. » (Coran 20:57-59)

Moïse demanda aux magiciens de s’exécuter les premiers. Il a été rapporté qu’il y avait près de 70 magiciens attendant leur tour. Les magiciens jetèrent leurs bâtons et leurs cordes au nom de Pharaon et, sur le sol, se mirent à grouiller et à ramper des dizaines de serpents. La foule écarquilla les yeux de stupeur. Moïse dut ressentir de la crainte, mais il avait confiance en Dieu et en Sa protection. Dieu apporta la tranquillité dans son cœur et ordonna à Moïse de jeter son bâton.

Par la permission de Dieu, le bâton de Moïse se transforma en un gigantesque serpent qui avala prestement tous les autres serpents qui rampaient au sol. La foule se leva comme un seul homme, acclamant Moïse. Les magiciens demeurèrent bouche bée; ils étaient très versés dans leur art, mais ils savaient bien que leurs serpents n’étaient que des illusions. Ils comprirent vite que le serpent de Moïse était, lui, bien réel. C’est alors qu’ils tombèrent prosternés, attestant de leur croyance en Dieu, le Seigneur de Moïse et d’Aaron.

« [Voyant cela], les magiciens se jetèrent prosternés en s’écriant : « Nous croyons au Seigneur d’Aaron et de Moïse! » Pharaon dit : « Croyez-vous en lui avant que je ne vous y autorise? Ce doit être lui votre chef, qui vous a enseigné la magie! Je vous ferai sûrement couper mains et pieds opposés et je vous ferai crucifier aux troncs des palmiers; et vous saurez, avec certitude, qui de nous [peut infliger] le châtiment le plus sévère et le plus durable! » Ils dirent : « Nous ne pouvons plus, maintenant, te mettre au-dessus de ces preuves claires qui nous ont été présentées, ni au-dessus de Celui qui nous a créés. Décrète donc ce que tu veux décréter. Tes décrets ne toucheront que notre vie d’ici-bas. Certes, nous croyons en notre Seigneur, afin qu’Il nous pardonne nos péchés ainsi que la magie à laquelle tu nous as contraints. Dieu est meilleur et éternel. » (Coran 20:70-73)

Ce jour-là, ces magiciens s’étaient levés en tant que mécréants corrompus, que seuls l’argent et la reconnaissance intéressaient. Et, en l’espace de quelques heures à peine, ils étaient devenus croyants et s’étaient repentis, ayant reconnu la vérité, ayant vu de leurs propres yeux les signes de l’omnipotence de Dieu. Dieu est le Tout-Miséricordieux et Il pardonne à quiconque se tourne vers Lui sincèrement repentant.

Moïse et Aaron quittèrent les lieux. Les magiciens furent condamnés à mort, leurs corps exposés aux passants afin de servir de leçon. Pharaon retourna à son palais avec, au cœur, une rage grandissante. Il se querella avec ses ministres et ses conseillers. Il les renvoya, puis les fit appeler à nouveau. Il se tourna vers son premier ministre et lui demanda : « Suis-je un menteur, ô Haman? ». Pharaon avait érigé son royaume sur l’affirmation selon laquelle il était Dieu; qu’allait-il faire, maintenant que Moïse avait démontré qu’il n’existe pas d’autre dieu que le seul véritable Dieu?

« Alors Pharaon dit : « Ô Haman! Bâtis-moi une tour; peut-être atteindrai-je les voies, les voies des cieux, et [peut-être] apercevrai-je le Dieu de Moïse, bien que je considère celui-ci comme un menteur. » C’est ainsi que la mauvaise action de Pharaon lui parut enjolivée, et il fut détourné du droit chemin. Et son stratagème se solda par (sa propre) ruine. » (Coran 40:36-37)

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