Dear Mallory

Chapitre 4.

Mallory longea ses jambes devant elle pour calmer les crampes qu'elle ressentait. Cela faisait bien une petite heure qu'elle était assise sur sol, appuyée au lit. Un vif mal de tête la faisait souffrir et la main de Stanislas semblait n'avoir toujours pas disparu de son cou. Il avait été si violent, alors que quelques minutes auparavant il avait été doux malgré ses paroles douteuses.

Elle aurait dû s'en douter; il était lunatique, pour ne pas dire quasiment fou. Et il voulait qu'elle vive pour subir ça? Il se fourrait donc le doigt dans l'œil jusqu'à l'épaule, ce grand gaillard!

La jeune femme se releva tant bien que mal en essuyant les larmes qui s'étaient cristallisées sur son visage. Sa respiration était calme, mais tendait à se saccader sous l'effet de la fureur qui flambait en elle. Comment quelqu'un pouvait-il penser une seconde pouvoir faire main basse sur son destin? Elle aurait aimé être beaucoup plus forte pour lui donner une bonne leçon en faisant valoir sa position.

Un filon de lumière filtrait entre les rideaux pourpres, le temps s'était éclairci. Elle rejoignit la fenêtre et agrippa les pans du tissu, les écarta. Le dehors était baigné par la lumière du soleil. Les rayons du soleil la revigoraient. Mais son sentiment de bien-être suprême se mua bien vite en une douleur sourde enflammant sa peau brune. Elle dégagea donc de devant les vitres pour vérifier son corps. Le temps d'un instant, la douleur devint inexistante, sa peau ne portait pas une trace de ce qu'elle venait de vivre. Cela la stupéfia pendant un bon moment.

Dites moi que je rêve… gronda-t-elle dans sa tête en se rapprochant encore des rayons. Même sentiment de brûlure, mais il avait perdu en intensité. Cela la piquait juste un peu. Était-ce donc là un autre effet secondaire du sang de vampire sur son corps? Où un effet permanent, puisque normalement les buveurs de sang craignaient le jour? Si c'était le cas, elle trouvait cela vraiment mal venu.

Elle se résigna finalement à fermer les rideaux pour se protéger, parce qu'elle risquait bien de prendre feu dans cette chambre si elle n'y prenait pas garde. Et cela ne la tentait pas du tout. Elle se mit à arpenter la chambre de long en large, ennuyée et énervée. Il fallait qu'elle parte de cet asile de fou. Avec sa force de mouche, elle essaya sans succès d'ouvrir cette porte massive qui lui bloquait la route vers la liberté.

Elle soupira, prise au piège. Bien qu'elle ne sache pas à quoi ressemblait sa vie auparavant, là elle n'en voyait plus le sens. Réveillée, ou plutôt ressuscitée depuis même pas trois heures, elle ne savait pas ce qu'elle faisait encore à cet endroit. L'envie de mourir lui étreignait la gorge et remplissait ses pensées. C'était bien là une solution de facilité.

Fatiguée, ses fesses allèrent s'échouer sur le tabouret devant la coiffeuse. Déposant ses mains à plat sur le meuble, son reflet la dévisageait intensément comme si il la voyait pour la première fois. C'est vrai qu'elle ressentait cette étrange impression de première fois alors que c'était elle-même. Un autre soupir las quitta son être.

Était-elle vraiment prête à se laisser mourir comme le disait si bien son tortionnaire? Son poing se resserra. Il le fallait bien dans le cas où elle ne puisse pas s'échapper de cet endroit. Elle allait résister à ce grand méchant vampire et éviter au monde de voir la naissance d'une autre créature surnaturelle incontrôlable. Elle avait sûrement tout oublié du monde, mais elle pouvait déjà prévoir le mal qu'elle pourrait causer.

Sa tête tomba lourdement sur ses bras en croix sur la coiffeuse. Ses yeux papillotaient à cause de la fatigue. Elle avait besoin de se reposer. Le sommeil l'emporta donc rapidement.

Ainsi ne remarqua-t-elle pas le moment où la porte glissa sur ses gonds pour laisser apparaître Sarah. Sarah profita de son sommeil pour déposer un verre sur la table de chevet. Elle lança un dernier regard à Mallory complètement endormie. Et franchement à ce moment-là, elle ne savait pas si elle voulait qu'elle boive le contenu du verre ou qu'elle se retienne.

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Quand Mallory se réveilla enfin, la nuit était déjà tombée mais l'heure n'était pas aussi avancée que cela. Pourtant un ténèbre inquiétant régnait dans la pièce, et pas un bruit ne se faisait entendre pour dissiper cette atmosphère angoissante. La jeune femme tenta de se relever mais un tournis la stoppa dans son geste. Elle pesta légèrement alors qu'elle était totalement debout. Mais d'un coup, une odeur étrange lui titilla l'odorat.

Elle était légère cependant elle était bien présente. Cette effluve métallique insupportait déjà Mallory qui voulait savoir rapidement d'où elle provenait. Elle esquissa un pas et trébucha. Pourquoi se sentait-elle ainsi tout d'un coup? Sa gorge était sèche et sa respiration sifflante. Une sueur froide coula de son front jusqu'à son menton pointu.

Son odorat s'affina de plus en plus, l'air lui parut soudain irrespirable. Le visage de Mallory se crispa. Une petite idée de ce que cela pouvait être se fraya un chemin dans son esprit. Si elle n'avait pas tord, cela risquait de barder le lendemain pour celui ou celle qui avait posé ça là.

Son cœur battait de plus en plus vite alors que sa vision s'habituait à l'obscurité. Mallory découvrit sur sa table de chevet une petite coupe en argent contenant un liquide ambré qu'elle peinait à distinguer. Elle y trempa son doigt, c'était visqueux et la senteur agressive. Un souffle exaspéré quitta son nez. Il aurait fallu être bête pour ne pas remarquer que c'était du sang! La jeune femme s'en offusqua.

Il n'avait donc toujours pas compris qu'elle n'accepterait pas de devenir un vampire? Qu'elle préférait mourir? Au-delà d'un vœu si louable, se cachait l'objectif de se terrer dans la mort pour échapper à ce vibrant inconnu qui pensait pouvoir la mener en bateau.

Néanmoins son corps peinait à résister à la soif de sang. Un froid immense l'avait enveloppée, la faisant frissonner comme jamais. La soif lui creusa la gorge, et il lui sembla soudainement qu'une gorgée ne lui ferait pas de mal. Juste une petite gorgée…

Le bord du verre froid se colla à ses lèvres pulpeuses, se préparant à verser le liquide dans sa bouche. Juste au dernier moment, elle parvint à se défaire de cet envie irrépressible. Sans perdre une seconde, Mallory courut à la fenêtre et y balança sa malédiction sans une once de regrets dans le cœur. Tout cela devait rester loin d'elle!

Son corps alla se recroqueviller sur son lit. Des tonnes de pensées se bousculaient dans sa petite tête. Jamais elle n'avait ressenti un manque pareil, enfin… aussi loin qu'elle s'en soit souvenu. Et elle savait parfaitement que ça allait empirer. Mais il ne restait que la journée du lendemain…

Juste celle du lendemain… et elle ne serait plus confrontée à toutes ses manigances.