Aujourd'hui, c'est jeudi, c'est la fin de semaine en Algérie. La famille de Hadj Rabie attend avec impatience l'arrivée du père qui, accaparé par son travail à l'ouest du pays, est souvent absent de chez lui, pendant que sa famille, elle, réside toujours dans le logement familial dans la Région Centrale des hauts plateaux. Comme à son habitude, il annonça sa venue par téléphone.
Chez nous le Week-end n'est pas uniquement une ou deux journées de repos, une sorte de farniente ou une pause pour la villégiature, Il a d'autres significations et entre autres, une forte dose de sacralité. D'ailleurs, chez nous les fêtes de circoncisions, de fiançailles, et de mariages ne se déroulent que les week-ends et très rarement durant les autres jours de la semaine.
D'ordinaire, durant le week-end, on fait les approvisionnements en produits divers pour couvrir la consommation du ménage durant au moins une semaine.
Les hommes, en général et ceux actifs en particulier choisissent le week-end pour se rendre au Hammam pour les grandes ablutions, le massage du corps et la remise en forme pour les besogneux d'entre eux.
Le week-end est en lui-même un évènement convivial, les familles se regroupent souvent chez les grands parents ou les beaux-parents, les enfants se rencontrent et jouent ensemble, les femmes palabrent, discutent de tout et de rien, tout en préparant des repas copieux.
C'est la journée du vendredi qui donne l'aspect sacral au week-end, tout le monde se prépare, les hommes s'habillent correctement, généralement en blanc, ils rejoindront bientôt les Masjids des quartiers ou celles de leur choix pour accomplir la grande prière du vendredi. Durant une bonne heure, ils écoutent religieusement le prêche du vendredi, accomplissent la prière avant de rentrer chez eux le cœur léger.
Pour tout ceci et pour d'autres raisons, notre pays a connu trois sortes de week-ends différents et ce, en à peine un demi-siècle. Le premier week-end du genre, hérité à l'indépendance du pays et dit universel, représente un concept courant à travers le monde, qui est l'aboutissement des pratiques liées aux coutumes ancestrales et/ ou relevant d'actes religieux. Pour d'autres le week-end est surtout le fruit de luttes ouvrières et syndicales qui ont contraint le patronat et les pouvoirs publiques à céder une pause aux besogneux. Une sorte de compromis mutuellement utile, voir nécessaire, il est devenu un droit acquis par les travailleurs qui leur permettait de se reposer au moins un jour par semaine, devenu chômé et payé.
Pour la seconde formule du week-end algérien promulguée en 1976, à la hâte semble-t-il, elle s'inscrit comme une autre date de rupture avec le reste du monde, mais on dit aussi qu'il ne s'agit ni plus ni moins que d'une réponse à un leitmotiv constamment réitéré par une frange de la population qui voulait s'approprier le vendredi. Ce week- end, ainsi conçu, englobait les journées du jeudi et du vendredi, et de ce fait, prolongeait l'inactivité, du moins à l'international, à quatre jours ouvrables d'affilé.
Ainsi, pour le commun des Algériens, l'objectif visé par le changement était, tout simplement, de permettre à la population d'assister à la grande prière du vendredi.
Le troisième week-end, actuellement en vigueur, a été promulgué en 2009, il corrige la seconde formule en rattrapant une journée ouvrable à l'international, celle du jeudi sans heurter la sensibilité des musulmans très attachés à la grande prière du vendredi. Ce qui fait que les algériens se reposent, désormais, au cours des journées du vendredi et du samedi de chaque semaine.
L'horloge du domicile des Hadj Rabie indiquait maintenant 16H passé, le père tant attendu ne se montrait toujours pas, les enfants étaient aux aguets, ils guettèrent leur papa, et attendaient qu'il frappe à la porte à tout moment, son arrivé était imminente.
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Le Dernier Printemps
AcakInspiré de faits réels, « Le Dernier Printemps » se déroule en 2014, en Algérie. Les membres de la famille "Rebai" vivent heureux tous ensemble bien que "Rabie", le mari de "Rawda" et père de deux garçons "Sofiane" et "Riad" et de cinq filles "Hasna...