Chapitre 2 : En colère

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Sur le confortable fauteuil de la salle d'attente, George s'agitait, mal à l'aise. La porte s'ouvrit sur Kara qui saluait une dame et son fils.

— Tu tiens le bon bout, Paul, on va y arriver ensemble pour que tu puisses y arriver seul.

Elle se tourna vers celle que George devina être la mère.

— C'est très encourageant, lui souffla-t-elle, je suis très optimiste. Mais il ne faut rien lâcher.

La psychologue l'avait chuchoté pour ne pas que George et le petit garçon ne l'entendent mais il en fallait plus pour l'ouïe exacerbée du pilote.

— Au revoir, à la semaine prochaine. Prenez soin de vous.

Elle se tourna enfin vers lui. Un sourire se dessina sur les lèvres de George quand le regard de Kara se posa sur lui.

— Bonjour George.

— Bonjour.

Ils entrèrent dans le cabinet et s'installèrent. Cette fois-ci, George prit le temps d'observer autour de lui. Le bureau était magnifique, d'un bois assez clair, les trois fauteuils élégants et confortables. Il devina que le troisième était pour le responsable légal des mineurs qui venaient. L'immense baie vitrée était composée de hautes fenêtres et d'une porte vitrée et donnait sur un petit balcon où il remarqua un fauteuil à bascule, ancien mais fraîchement repeint, ainsi qu'une orchidée.

Une énorme bibliothèque semblait elle aussi avoir vécu sa vie. La glace permettait de voir derrière ses portes des livres de psychologie. À côté était posé un pouf ainsi qu'une seconde bibliothèque nettement plus petite où il remarqua des livres pour enfants. Un tapis était entre ces deux éléments ainsi qu'une table et deux chaises de taille miniature. Un mur beige réchauffait l'ambiance déjà très chaleureuse de la pièce, ainsi que de nombreuses plantes. Une d'entre elles était tombante - sûrement du lierre d'ailleurs - et avait bien poussé.

— Tu as fait tes devoirs ?

— Ah ouais, comme ça ? D'entrée de jeu ?

— Et pourquoi pas ? Tu évites ma question ?

—Absolument pas, réfuta-t-il. J'ai fait mes devoirs.

— Tu as aimé ?

— Agréablement surpris, finalement. Il a une voix incroyable.

Kara sourit doucement.

— Je suis allée le voir en concert. J'ai pleuré en écoutant Dans le noir.

— Cette chanson est incroyable. Rien compris aux paroles par contre.

— Il parle de sa mère qui perd progressivement la vue, jusqu'à devenir aveugle.

— Oh. Ceci explique cela.

— On peut dire ça. Ça t'a fait du bien ?

— Ça m'a donné l'impression de prendre du temps pour moi, expliqua-t-il maladroitement.

— La musique a des vraies propriétés thérapeutiques. Écouter des musiques tristes libèrent des hormones que le corps libère en général quand on est triste. Ça permet de se sentir bien puisque notre corps libère ces hormones en pensant qu'on ne va pas bien.

— C'est intéressant.

Kara referma son agenda auquel elle avait jeté un petit coup d'œil.

— Comment ça va mentalement ? Toujours aussi déçu, ou d'autres émotions sont apparues ?

— Je reviens d'un gp où j'ai fini cinquième, donc ce n'est pas si mal.

Elle l'écouta lui raconter la course et la concentration qu'elle mettait dans l'action lui fit oublier qu'elle ne devait comprendre qu'un tiers de son discours.

Cabinet - George RussellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant