Prologue

16 1 0
                                    

            Moupe-Ville, une ville en pleine expansion, se dévoilait à travers le pare-brise du SUV bleu cobalt. Un slogan peint en lettres vert vif, « MOUPE-VILLE, UN LIEU OÙ IL FAIT VERDOIEMENT VIVRE », était fièrement affiché sur une grande pancarte de publicité. Cette dernière mettait en scène une famille souriante, posant devant une maison flambant neuve. Leur bonheur semblait un peu forcé, comme s'ils étaient les acteurs d'une mise en scène soigneusement orchestrée par l'entreprise immobilière qui vendait des logements encore en construction. L'objectif était clair : faire croire à une ville accueillante où chacun pourrait mener une vie paisible et heureuse. Cependant, Moupe-Ville avait une particularité qui la distinguait des autres villes. Une fine mousse, verte et luxuriante, poussait partout dans la ville depuis des générations. Malgré les efforts des habitants pour s'en débarrasser, elle persistait, donnant à la ville un aspect presque féerique. Le garçon assis à l'arrière du SUV, les yeux fixés sur le paysage en contrebas, se demandait si cette mousse finirait par engloutir la ville un jour. Moupe-Ville n'était pas seulement unique par sa mousse omniprésente. Elle se distinguait également par ses zones rocheuses et maritimes, qui jouaient un rôle crucial dans son économie. C'était une ville qui avait su tirer parti de ses atouts naturels pour se développer. Le père du garçon, au volant du SUV, venait de dépasser les 60 km/h. Sa mère, assise à ses côtés, lui lança un regard réprobateur. Elle avait toujours eu une peur bleue de la vitesse et ne manquait jamais une occasion de le lui rappeler. Leur fils, à l'arrière, continuait d'observer le paysage, perdu dans ses pensées, alors qu'ils rentraient de leurs vacances.


— Ralentit chéri.

— N'aie crainte, je contrôle mon véhicule.

— Notre fils va finir par vomir son déjeuner.

— Tu vas bien fiston ?

— Oui papa.

— Il va bien.

— Et dire que tu es médecin !

— Ancien médecin ! j'ai été radié. C'est plutôt toi qui n'as pas l'air d'aller bien. Tu l'as fait n'est-ce pas ? Caroline ne lui répondit pas. Caro ! On avait dit qu'on arrêtait tout ça ! regarde-toi. Regarde-le. Ce qu'on lui a fait est mal.

— Maxwell ! Elle sortit un baladeur cd de la boite à gants. Tiens Alex.

— Jonas maman !

— Ton père et moi devons discuter entre adultes.

Jonas prit l'objet rond gris, il jeta un œil au cd à l'intérieur du lecteur, celui des KYO. Il haussa les épaules et enfila les écouteurs dans ses oreilles. Caroline se retourna satisfaite, une fois sûr d'entendre la musique. Elle parla en joignant de grands gestes, Maxwell s'agrippa furieusement au volant, en oubliant de regarder la route, leur dispute durée plus de dix-neuf minutes. L'enfant vit le camion foncer sur eux

— Papa !!!

La collision se fit brutale, la voiture fit des tonneaux et se retrouva sur son habitacle, la chanson « chaque seconde » se propagea dans la voiture et s'étouffa lentement à travers les écouteurs. Le préadolescent s'évanouit, la tête ensanglantée.

Cinq ans plus tard, sur la tombe de ses parents, gravée : ci-gît MAXWELL BALE 1963-2004 et CAROLINE BALE 1966-2004 ; parents et amis bien aimés.
Jonas, seul survivant de l'accident, promit de venger leur mort. Il déposa un ange et sortit du cimetière.

Ghosts (Brouillon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant