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Ce n’était pas la première fois que Xavier était témoin d’un tel réveil. Depuis qu’il avait commencé à travailler pour Jonas, il avait appris à reconnaître les signes avant-coureurs de ces épisodes nocturnes. Il savait qu’il fallait agir avec délicatesse pour ne pas effrayer davantage son patron déjà tourmenté.
- Patron , c’est Xavier. T’es en sécurité, tu es au bureau », dit-il d’une voix calme et rassurante.
Jonas ouvrit les yeux brusquement, son regard se fixant sur Xavier avant de parcourir la pièce, comme pour s’assurer de la réalité de son environnement. Il prit une profonde inspiration, tentant de reprendre le contrôle de ses sens, et passa une main sur son visage, chassant les vestiges du rêve.
— Merci, Xav… Ça va aller, murmura-t-il, sa voix encore enrouée par le sommeil.
Xavier lui tendit un verre d’eau, sachant que les paroles étaient insuffisantes pour apaiser l’esprit troublé de Jonas. Il restait à ses côtés, silencieux et attentif

— Encore le cauchemar du placard ?

— oui ! j’en fais de plus en plus ces derniers temps.

— Ça fait combien de temps que t’es pas parti en vacances ?

— Ça va aller je te dis. du nouveau ?
Xavier donna un dossier épais à son patron.

— Notre homme s’appelle Fabien Marchand, trente-six ans, né le 16 octobre 83. Il a ouvert son salon en 2014, bon chiffre d’affaires. Il possède une voiture verte immatriculée RGERAB XX, il est connu des services de polices pour excès de vitesse et de défaut d’immatriculation.

— C’est donc lui ! murmura Jonas. Pourquoi un politicien aurait embauché Marchand plutôt qu’un professionnel ?

— Je peux vous l’expliquer ! répondit un homme grand bedonnant à tignasse grise et courte, il apparaissait être dans la cinquantaine.

— Monsieur ! vous êtes en avance. Je vous en prie asseyez-vous. L’assistant lui tira la chaise en face du bureau. Désirez-vous boire quelque chose ? Proposa Xavier.

— Auriez-vous du Whisky ?

— Désolé. Mon patron à proscrits l’alcool au cabinet, cependant nous avons du café, de l’eau, des boissons gazeuses et des grenadines.

— Des grenadines ? Monsieur Thiers rigola d’une voix grave. Moi qui pensais avoir affaire avec un grand détective, vous êtes encore un enfant vous-même, répliqua-t-il en ne lâchant pas Jonas du regard.

— Possible que je sois un enfant cependant je suis le seul détective privé dans cette ville, Jonas se dirigea et ouvrit en grand la porte surprenant le fantôme, mais si mes services ne vous siéez guère vous pouvez vous en allez !

— Jonas, s’alarma Xavier.

— Xav, je t’avais prévenu. Il faut éviter tout contact avec ces gens qui se croient supérieurs juste parce qu’ils sont plus de chiffre sur le compte en banque qu’une femme de ménage. C’est méprisant. Mais comme je l’ai dit, je suis le seul détective et vous êtes ici et non pas au commissariat c’est qu’il y a une raison. Faites-en votre propre avis.

Un silence lourd s’installa dans la pièce, un silence où chaque respiration semblait un aveu, chaque mouvement un défi. Jonas, les yeux fixés sur le politicien robuste en face de lui, sentait la tension monter comme la pression avant l’orage. L’homme, avec son allure imposante et son regard perçant, avait l’air d’un chef de mafia tout droit sorti d’un film noir, un personnage qui imposait le respect autant que la crainte.
Leurs regards s’entrecroisaient, deux volontés qui se mesuraient sans un mot, dans un duel silencieux où chaque clignement pouvait être interprété comme une faiblesse, chaque détail scruté pour y déceler un signe de défaillance. Jonas, malgré la fatigue et le stress des visions qui le hantaient, tenait bon, son regard aussi acéré que celui de son adversaire.
La pièce, décorée avec goût mais sans excès, semblait se rétrécir autour d’eux, les murs eux-mêmes retenant leur souffle. Le politicien, un sourire en coin, finit par rompre le silence, sa voix grave et assurée résonnant dans l’espace confiné
— Alors, Monsieur Bale, allons-nous parler affaires, ou préférez-vous continuer ce petit jeu ?
Jonas, sans ciller, répondit d’une voix égale

Ghosts (Brouillon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant