Qui râle, verra...
Mendez fixant Sicil, il le dévisagea d'un air désapprobateur. Evidemment, Sicil avait raison, les bêtes sauvages pouvaient certainement s'occuper du Mégral, le déchiqueter, et le rendre impropre à manger.
Mais il suffisait de le mettre à l'abris et de s'assurer ainsi, qu'elles ne pourraient pas l'atteindre.
Ce n'était point la peine d'en faire toute une histoire, et surtout de s'en prendre de la sorte à ce pauvre Locco qui ne le méritait pas.
Ha Sicil ! Sicil!!
Mon ami !
Tu ne changeras donc jamais...Pensa Mendez Le catharez.
Il se remémora quand, cela faisait bien longtemps maintenant, il avait rencontré Sicil au cours d'une de ses missions pour l'ordre des parfaits.
Il lui pardonnait beaucoup de choses. Cela faisait partie de leur relations intimes.
Sicil Le Nain Débaucheur avait une longue histoire malheureuse enfouie au plus profond de son être.
Son peuple qui certes, ne brillait pas par sa taille, regorgeait de bien d'autres qualités. Chassé des terres fertiles de la Botte Australe par de terribles guerriers, les Romanus, (un des membres armés de l'Ombre du mal) qui faisaient deux fois leur taille, ils avaient échoué sur une île du sud, au delà de la Mer Salée.
Sur cette île, leurs ennemis les avaient condamnés et enfermés. Les Romanus gardaient un œil aiguisé sur ce peuple téméraire, avec facilité car ils maîtrisaient la mer grâce à une flottille de barques armées de lance-piques, des plus rapides et meurtrières.
Peuple fier et arrogant, il en fallait plus à la tribu de Sicil le Nain Débaucheur, pour baisser les bras. Chose qu'ils ne faisaient jamais, car sinon leurs bras auraient touché leurs pieds...
Ils se mirent donc en tête d'apprivoiser cette nouvelle terre Mère aride qui était devenue la leur malgré eux.
Pour la façonner à leur image, pour la rendre plus fertile, à coups de pioches, de pelles, et de sueur, ils réussirent à construire de petites parcelles de terre, en étagères, sur les flancs des collines poussiéreuses.
A force de volonté, ils creusèrent un réseau d'innombrables petits lacs très profonds sur les sommets des collines, ainsi que de multiples canaux qui irrigueraient les milliers de parcelles en étagères en contrebas.
Pour retenir la terre nourricière, Sicil eut la brillante idée (Sicil aimait se penser en génie) de planter sur les contours des parcelles, des arbres ou arbustes résistants à la chaleur torride et ne nécessitants que très peu de terre pour pousser rapidement.
Leurs racines, se dit Sicil, retiendra la terre comme les multiples bras de la déesse Rakka.
Leur ombrage profiterait aux plantations multiples, qui souffriraient ainsi moins du soleil brûlant.
Leurs fruits, de petites boules vertes ou brunâtres et oblongues trouveraient bien une utilité au sein de ce peuple inventif.
Mais cela n 'était point encore d'usage puisque ils venaient de les planter.
Chaque chose en son temps, pensa Sicil.
Sicil faisait partie des quelques guerriers de sa tribu, nommée les Débaucheurs, à être membre du cercles des Douze Patriarches Décideurs.
A ce titre, il était aussi un des rares à quitter son île, pour de périlleuses missions d'intelligence, d'espionnage, et de courriers avec d'autres peuples résistants à l'Ombre du Mal.
C'est au cours d'une de ces missions qu'il rencontra Mendez Le Catharez sur un malentendu.
Se rendant tous deux à une des premières rencontres d'unification des peuples, qui désiraient s'unir pour combattre l'Ombre du mal, ils s'affrontèrent ardemment sur l'issue de la stratégie à adopter.
Au sein du cénacle, Mendez se rangeait à l'idée d'une construction lente, sereine et réfléchie mais sûre, de la résistance à l'oppresseur et ennemi commun. Cela dans le but ultime de mettre en place une force capable de l'anéantir.
Quant à Sicil, intrépide, fougueux et impatient, il voulait attaquer l'envahisseur de front, immédiatement, sans aucune autre stratégie que la surprise.
Les débats furent houleux au point d'en arriver presque aux couteaux...
-Tu es un lâche, lança Sicil, attendre, attendre, ''va piano...va lentano'''ne résoudra pas notre dilemme.
A ces mots, Mendez resta serein, sentant pourtant le bouillonnement de son sang rugir en lui.
- Ami, ton nom m'est inconnu, mais ton arrogance semble précéder tes pieds.
La lâcheté n'a rien à voire dans tout ça.
Choisissant bien ses mots, Mendez continua.
- Vous n'avez pas vaincu les Romanus, et tu veux t'attaquer de front a leur Maître, mille fois plus puissant. Attaque-toi donc à un plus petit Pic, mon ami, l'arrogance et la folie ne sont pas bonnes conseillères, la pensée, la ruse, oui !
-porca miseria, laissa échapper dans sa rage Sicil.
Et Sicil fit un mouvement brusque vers l'avant, comme pour défier Mendez Le Catharez qui avait déjà posé sa main sur sa hache, mais une main, se posa sur son épaule et lui conseilla de se taire.
Il se tu...
Non sans que cela lui demanda un effort titanesque.
C'est à ce moment là, que les anciens, respectés et vénérés, surent trouver les mots pour calmer les deux jeunes impétueux, et soumettre au vote, la stratégie qui serait la leur pour les années a venir.
Patience, ruse, union, furent le résultat du vote. Le sort en était jeté.
De cette rencontre tumultueuse, naquit un respect mutuel qui grandit au fil des rencontres arrosées de cornes de Cathahydromal, pour se changer en amitié pure, solide et sans limite.
Au fil du temps, ils eurent de nombreuses occasions de se rencontrer, tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, entre deux réunions du Conseil, et de goûter à l'hospitalité qui caractérisait chacun d'entre eux.
Les bonnes victuailles, le Cathahydromal aidant, les soirées passées au coin du feu, surent tisser un lien indéfectible entre ces deux guerriers que pourtant tout opposait.
Le Parfait et l'Imparfait ne feraient qu'un...
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L'Ombre du Mal.#Wattys2015
FantasyL'Ombre du mal a envahi les terres au delà du Royaume Ichtus. Mendez le Catharez accompagné de sa hache, brave les dangers et s'aventure là où peu ont tenté d'aller. Va-t-il survivre alors que le mal le guette ? Pourra-t-il combattre les démons q...