Chapitre VII : Enfin réunis.

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Enfin réunis.









Une première partie de l'énigme était à leur portée.

Point de délires, se dit-il.

Il se releva péniblement.

La tête embrumée, l'esprit ailleurs, à peine retrouvé.

Enfin, la première étape de leur périple était en vue.

Terme se dressait devant eux.

Des gorges hautes et profondes, dont les contours édentés étaient parsemés de petits arbustes qui souffraient de la chaleur torride et des vents puissants qui soufflaient dans cette contrée, s'offraient à eux, comme un piège de beauté qui se refermerait sûrement sur les cinq guerriers.

La terre rouge ocre de ses flancs, ajoutait au tableau pittoresque que peignait ce paysage, une pointe d'agressivité qui n'annonçait que le pire à venir.

Quand l'orage grondait et finissait par éclater, tel des roulements de tambours, cette terre dont la beauté n'avait d'égale que sa dangerosité, s'épandait sur les versants des collines et de la gorge, et emportait tout avec elle dans sa fureur.

Autour de lui, les Collines Asséchées et Arides s'érigeaient en barrières naturelles telles des œuvres d'art sorties tout droit du monde céleste.

Au dessus des gorges, comme suspendu dans le ciel, Château Rouge, une des plus anciennes forteresses cathares lorgnait fièrement sur le territoire.

Telle un guerrier aux aguets, elle surplombait les collines alentours, et prévenait tout ennemi, que l'affaire était loin d'être gagnée.

Le combat serait vif et sanglant.

Personne n'en sortirait indemne.

Deux gigantesques tours pointues, construites sur un roc, étaient entourées de hauts murs de pierres de granit rose, qui provenait des collines avoisinantes.

La construction de la forteresse n'en avait été que plus aisée.

Mendez écarquilla les yeux et vit sur sa droite, une grotte.

Elle avalait l'obscurité.

D'un noir profond, on ne voyait que sa bouche béante.

Appuyé contre un saule railleur, il y avait Dorédré le Grand Mongol, venu de lointaines sèches et arides prairies nommées les Steppes Mortes.

Sa force dantesque serait d'une grande utilité au cours de leur périple.

Nonchalamment, dans un cadre bucolique, il mâchait l'herbe séchée sortie par pincée de sa blague en cuir de Cror.

Son ventre gargouillant d'un bruit atroce, trahissait la faim qui grondait en lui.

Mendez le perça de son regard et l'interrogea.

- Par où êtes-vous arrivés ?

Il était temps !

Merci mes frères.

- Nous avons emprunté le Camino du centre au cœur des montagnes...

Elle fut longue mais ici, nous sommes, pour honorer notre pacte !

Regardant toujours au loin, Locco l'Iguane Penseur guettait.

Il avait été élevé dans une taverne au milieu des effluves d'alcool.

Il appartenait au peuple du Boulon dont les solides chevaux de labour étaient la fierté.

La science de la sagesse l'accompagnait partout.

Même si sa force n'était pas son apanage, sa sagesse deviendrait un atout en temps voulu.

-Regardez dit-il, cette lueur au fond de la grotte.

Ce sont des pierres de glace, je vais en remplir ma besace.

Elles seront utiles pour conserver la viande du Mégral que tu as massacré.

Nous en auront besoin à notre retour pour reprendre des forces.

L'arc en bandoulière, il releva le torse de fierté.

A ces cotés, le Nain Sicil Le Débaucheur des îles du sud de la Mer Salée, était habité du pouvoir de la témérité.

Il ne lâchait jamais son arme, machette étincelante coulée dans un métal pur et montée sur un manche, dans le bois le plus dur que cette terre inhospitalière offrait.

Son courage et sa témérité avaient sorti plusieurs de ses frères combattants d'une mort certaine.

Seul, Sicil parut entendre Locco l'Iguane Penseur et ne pu s'empêcher de lui rétorquer.

- Tu crois vraiment qu'il restera de la viande du Mégral à notre retour ?

Et cracha son venin au sol.

Leur faisant face, Olipolok le Triton mastiquait un bout de bois, qu'il tournait dans sa bouche du bout de sa langue, montrant ainsi son doute quand à la quête.

Doute de l'expérience qu'il avait acquis dans les livres anciens.

Grande qualité salvatrice, avait annoncé Mendez, son savoir nous sortira de périlleux moments.

Tout un chacun aura son heure.

Surprit par la beauté d'un petit buisson à ces pieds qui poussait dans une flaque d'eau ou petite marre, Olipolok Le Triton s'agenouilla et s'appliqua à en cueillir tous les fruits qu'il portait, tout en se demandant si ils étaient comestibles.

Le doute, toujours le doute.

Ces fruits lui rappelaient le temps où il habitait heureux dans les monts des Steppes de l'Est.

Sa mère cuisinait des fruits semblables entourés d'une feuille d'argent, au cœur de la braise de l'âtre familial.

Olipolok, le Triton, ne possédait aucune arme à part son livre sacré, dans lequel il n'écrivait pas une histoire, aimait-il répéter, mais l'Histoire.

L'HISTOIRE...

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L'Ombre du Mal.#Wattys2015Où les histoires vivent. Découvrez maintenant