L'histoire est écrite par les vainqueurs. Ce sont leurs doigts qui plissent les pages et les rendent vibrantes. Leurs mains façonnent les courbes des livres et dessinent les lettres sur le papier qui se souviendra des épisodes et des événements.
Si...
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Pour Nysa et Akira, la compétition ne s'arrêtait pas aux portes de l'université, de leur maisons, ou de la salle de sport qu'ils fréquentaient. Chaque instant, chaque moment, chaque intention devait s'ériger en pléthore d'ambition. Il n'était pas imaginable de se reposer, de rêver ou de se laisser aller à quelques contemplations flétries de facilité. C'était de cette façon qu'ils existaient, ils le pensaient profondément.
Pour Nikita et Talia, la vie signifiait certainement l'idée de penser, de théoriser la signification de la plus mince des feuilles mortes à celle du sentiment le plus profond, interdit, ou secret. Les Hommes et les Femmes sont d'une complexité audacieuses, pensaient-ils souvent. Leur attention se dirigeait vers tout ce qu'ils pouvaient toucher, et il n'était pas rare qu'ils rêvassent à la tombée de la nuit ou en plein jour.
Enfin, Lux et Cian étaient deux hommes que la terre ne cessait d'accabler, sur lesquels le ciel se brisait. Le poids du passé, ou l'anticipation de celui du futur s'accordaient à les rendre anxieux, tristes et parfois mélancoliques. Ils n'aiment ni les gens, ni les sentiments, ni les idées et les attentes auxquelles ils avaient la sensation de ne jamais répondre. Du moins, il s'agissait là des histoires qu'il aimaient se raconter en se lovant au cœur de leurs pensées. La réalité était différente , mais il ne s'agissait pas de le montrer, ou de le suggérer.
Les murs d'Emerald Wilds manor n'étaient pas plus connus que vous et moi, nul n'aurait pu en distinguer les contours ou en imaginer l'exacte position. Pour ainsi dire, il n'était pas secret, mais plutôt caché. Plus proche d'un mythe que d'une réalité, il abritait, chaque décennie, les jeux de l'as. Les théories les plus répandues se rassemblaient autour d'un seul et même homme : Camille Williams. Au cœur des années cinquante, ce jeune homme à qui la vie souriait se serait mis en quête afin de trouver son refuge le plus précieux, loin de la grotesque ambition de ses parents, et des pressions sociales qui l'avaient poussé, plus d'une fois ou deux, à se dissimuler sous les masques les plus ridicules et les attitudes les plus distingués. Au détour d'une île, au cœur d'un archipel, loin de l'Angleterre pluvieuse et des nuages grisâtres de Seathwaite, il avait fini par trouver cette terre rare, inhabitée, et où la vie sauvage se précipitaient en accroche-cœur de ronces et de lierres. Pendant plusieurs années, il s'était adonné à la construction d'une demeure à peine imaginable. Comment l'avait-il caché ? Comment avait-il pu y transporter les matériaux nécessaires à la réalisation d'une telle bâtisse fonctionnelle et pourtant parfaitement isolée ? Nul ne le sait. L'avait-il réalisé seul ? D'autres personnes étaient-elles dans la confidence ? Tous l'ignorent. Sa lubie de millionnaire n'avait sûrement pas intéressé qui que ce soit de sérieux à la sortie de la guerre. Mais enfin, il ne s'agissait là que de théories qui reposaient sur la disparition suspecte d'un homme dont le corps et les testaments n'avaient jamais été retrouvés.
