PDV de Taki
Deux semaines se sont écoulées. Deux semaines de torture, de regret, de remise en question. Deux semaines où, pour la première fois de ma vie, je peine à fermer l'œil la nuit. Deux semaines où j'ai réalisé combien elle est importante dans mon cœur, dans ma vie. Deux semaines qui m'ont fait prendre conscience que deux mois suffisent pour tomber éperdument amoureux. C'est ce que je ressens en ce moment. J'avais déjà conscience de mes sentiments pour elle, mais ces deux semaines m'ont révélé leur profondeur. Oui, je suis amoureux, car seul l'amour peut susciter autant de crainte face à la possibilité de perdre quelqu'un. J'ai peur, tellement peur de la perdre. Peur qu'elle ne revienne pas vers moi. Qu'elle me laisse sans me permettre de lui prouver mon amour.
Deux semaines sans nouvelles de Charme. Comment va-t-elle ? Mange-t-elle ? M'en veut-elle encore ? Pleure-t-elle encore à cause de moi ? Elle n'est même pas venue le dernier jour avant les vacances, ce qui me laisse encore plus dans l'incertitude.
Bien sûr, j'ai essayé de l'appeler plusieurs fois, mais elle est soit totalement injoignable, soit ça sonne libre. À un moment donné, j'ai décidé de la laisser tranquille, peut-être avait-elle juste besoin de temps. Pourtant, je continue de lui envoyer des petits messages tous les jours. Des "bonjour", des "j'espère que tu vas bien", et ainsi de suite. J'ai peur qu'elle m'oublie. Oui, je sais que c'est ridicule, mais je ne peux m'empêcher d'avoir peur, de craindre qu'elle ne se souvienne pas de moi. Quand je vous dis que l'amour rend paranoïaque, c'est la vérité.
Les papillons dans le ventre, les frissons, les battements de cœur, les regards doux, les caresses, les effleurements, les sourires niais, les pensées incessantes à propos de cette personne : voilà la première facette de l'amour. Celle qui attire, qui donne envie, qui pousse à aimer encore plus pour ressentir ces sensations. Mais l'amour a une deuxième facette, bien plus sombre. Celle qui dissimule l'insécurité, les regrets, les nombreux défauts, les larmes, et surtout la peur de l'abandon.
Tout cela se mêle dans ma tête depuis deux semaines. Je ne sais pas comment je tiens encore debout, avec le peu que j'ai consommé, mais je suis là, et j'espère toujours. Je sais que ce n'est pas fini. Le temps que nous avons passé ensemble n'est pas encore suffisant ; nous vivrons encore beaucoup de choses ensemble. Je le sais.
Tout à coup, Side interrompt mes pensées profondes :
"Taki."
"Oui ?" répondis-je simplement.
"Tu ne voudrais pas sortir un peu ? Voir du monde, prendre l'air. Cela fait des jours que tu restes quasiment au lit."
"Je n'en ai pas la force, Side. Je ne me sens pas assez fort pour sortir. Je ne sortirai que lorsque Charme voudra de moi."
"Laisse lui du temps, d'accord ? Elle reviendra, ne t'inquiète pas. Nous ne connaissons pas encore la raison de tout cela, mais je suis convaincu qu'elle reviendra."
"J'espère vraiment. Side, j'aime vraiment cette fille. Que ferais je si jamais elle..."
"Chut, n'en dis pas plus. Prépare-toi, nous allons boire un verre quelque part."
J'ai fini par accepter. Après tout, cela ne pourrait que me faire du bien.
PDV de Charme
"Pourquoi ne sors-tu pas voir Abi ?" demande soudainement Mia alors que nous regardons un film dans le salon.
"Parce que je veux rester avec toi," répondis-je simplement, comme si c'était évident.
Pourtant, au fond de moi, c'est la seule façon de me sentir moins coupable. Depuis la dernière fois, je suis restée à la maison avec ma sœur, ne la quittant pas d'une semelle. C'est tellement pathétique de ma part. J'essaie de la réconforter alors que tout est de ma faute. Oui, c'est la première fois que Mia semble si blessée. Je l'entends souvent pleurer la nuit, et moi-même je ne dors presque plus, rongée par la culpabilité. Parfois, elle reste là, à fixer le vide pendant de longs moments sans bouger. La Mia joyeuse, qui parle et saute partout, semble enfouie au plus profond d'elle-même. Il ne reste plus qu'une petite fille qui vient de vivre son premier chagrin d'amour. Et c'est le cas. Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas discuté de ce qui s'est passé, et je n'ai ni le courage ni l'envie d'aborder le sujet. Ce serait ridicule. Je suis ridicule.
VOUS LISEZ
Charme
RomanceMon existence n'avait de sens qu'à travers elle, et à travers elle seule je trouvais la plénitude. Elle était plus qu'une sœur, plus qu'une amie, elle était ma raison d'être, mon autre moitié. Pourtant, c'est dans ses bras à lui que je finis par per...