V.2 / Marques regrettées et lendemain clément

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Point de vue : Derek

On toqua à la porte. Jack, en bon vieux fainéant qu'il était, me cria d'aller ouvrir, avec subtilité toujours :

-Petit con, bouge ton cul et va ouvrir cette putain de porte ou je t'encule et après tu me la laves à coups de langue !

Délicatesse, quand tu nous tiens.
Je descendis donc les escaliers quatre à quatre et repensai à ma douche de ce matin.
J'avais appris que je pouvais également maîtrisé l'eau. Enfin, pas le temps d'y penser, il fallait que j'aille ouvrir cette porte.

Je tournais donc la poignée, appréhendant un peu le moment. J'étais sûr que c'était encore un des amis de Jack qui l'avait aidé lors des ébats sexuels interdits qu'il avait eu avec une jeune fille du quartier. Je ne la connaissais pas. J'avais juste entendu ses cris. Et je n'avais rien pu faire, car je savais qu'il n'y avait rien à faire.

Quelle ne fut pas ma surprise quand je reconnus la femme rousse d'il y a .... deux semaines maintenant ? Elle me sourit, et prit la parole :

-Bonjour Derek, je suis Abril, ta nouvelle assistante sociale.

Mais elle savait que je savais qu'elle n'était pas assistante sociale, et elle me le fit comprendre en mettant son doigt à la verticale devant sa bouche. Je devais me taire. Et je lui fis confiance. Alors je me tus.
Et j'entendis la grosse vache depuis la cuisine :

-Mais enfin, Derek, c'est quoi ces manières ? Fais entrer la demoiselle !

Puis le bovin espagnol apparut dans mon champ de vision, souriante, contrairement à son habitude. Elle appela son copain :

-Jack, nous avons de la visite !

Je le vis apparaître lui aussi, avec un Marcel blanc, recouvert de tâches de graisse, de sueur et de miettes de chips.

-Bonjour, vous êtes ?

-Abril Dixon, assistante sociale, je reprends le dossier de Derek suite à la démission de Mme Berry.

-Très bien, dit Maria, mais nous n'avions pas été prévenus de votre venue.

-C'est le but de ces visites. Intervenir dans une scène de vie quotidienne afin de voir comment se passe la vie de Derek sans prévention préalable. Ça nous permet parfois de repérer les enfants battus, violés, vous comprenez ?

-Oui, bien sûr, dit piteusement Jack.

Quelle ordure.

-J'aimerais avoir un entretien avec votre petit Derek en privé, dans sa chambre peut-être ?

-Euh.. O...Oui, évidemment, hésita Maria, Derek, tu lui montres ta chambre ?

-Oui, dis-je en détournant le regard de la rousse.

Je commençais à monter les escaliers, et la jolie rousse me suivit. Elle prit ainsi le temps d'examiner mon lieu de vie. Moisissures, vieux papier peint décollé, déchiré, un peu comme mon âme à cette époque.
Nous traversâmes le long couloir noir de l'étage, comportant portraits de Franco, de Staline et d'Hitler. Vu l'état d'esprit des deux tarés en bas, cela ne m'étonnait plus. En revanche, à l'approche du tyran de l'ex-U.R.S.S, la demoiselle ne parut pas indifférente, pour des raisons que je ne voulais pas savoir. Mes problèmes me suffisaient amplement.
Si j'avais su qu'elle me sortirait de cet enfer. Aujourd'hui, elle est comme ma grande soeur. Mais c'est une autre histoire.
En entrant dans ma chambre, le jaune fiente des murs lui sauta aux yeux et elle lâcha un "Oh..." lorsqu'elle vit les champignons dans le coin supérieur du mur droit.
Nous prîmes place sur mon lit, moi en tailleur côté oreiller, elle les pieds au sol. Après un silence gênant pendant qu'elle consultait mon dossier, elle prit la parole :

Héros contre son gréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant