CHAPITRE CINQ

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Les secondes, les heures, les jours, les semaines, les mois... Avaient passé depuis le décès soudain de ma mère. Ces deux derniers mois d'été étaient passés avec une lenteur indéniable. Ce fut tellement long que j'avais eu le temps de me replonger dans les souvenirs de cette fameuse semaine de l'horreur. Ma descente aux enfers. Après de nombreuses crises d'anxiété me gâchant littéralement la vie, j'avais enfin décidé d'utiliser l'ordonnance que l'on m'avait prescrite. J'étais quasiment devenue accro à ces petits cachets, qui me rendaient la vie plus douce. Certes, je pense que jamais, je n'aurais dû commencer à les prendre. Mais plus j'en prenais, plus je me sentais bien. Maintenant, je ne peux plus m'en séparer.

Adrian m'avait forcé à vendre la maison de ma mère. Soi-disant, je n'aurais jamais pu assurer les frais de cette maison. Il avait sans doute raison, mais cela m'a déchiré le cœur. J'avais dû me séparer de tout, même des meubles. Je n'avais gardé que quelques trucs et quasiment tout le contenu de ma chambre, sauf les meubles que j'ai également vendus. J'ai dû l'aller vivre chez lui, en attendant de rejoindre l'université. J'ai détesté cohabiter avec lui, mais je n'avais pas le choix. L'argent de la maison était pour mes études.

J'avais, mi-juillet, reçu une réponse favorable pour rejoindre l'université de Salamanque. J'allai pouvoir poursuivre mes études dans la faculté des beaux-arts. Même si le dessin avait quitté un peu mon corps ces derniers temps, je m'accrochais à cela. À mes rêves. Le dessin a toujours été pour moi ma plus grande passion. C'est comme cela que je m'exprime. Que je peux laisser mes émotions parler. Mon refuge.

Carla a également été acceptée dans cette même université. Toutefois, elle suit un tout autre parcours. Elle entre dans la faculté de droit de Salamanque. Pas la même faculté, mais la même université. Nous continuerons d'être ensemble. Ce qui me remplit de bonheur. Après le décès de ma mère, nous avons passé l'été collés l'une à l'autre. Ça nous avait encore plus rapprochés.

J'avais décidé de prendre une chambre étudiante. Je ne voulais pas dépendre d'Adrian et de sa maison. Même si, avec Carla, j'avais à de nombreuses reprises énoncées les pour et les contre de cette décision. Mais, à part elle, tout le monde pensait comme moi. Surtout Adrian. Je m'étais sans cesse embrouillée avec lui, tout au long de l'été. Un calvaire pour nous deux. Il avait décidé au mois d'août de déserter la maison. À mon plus grand bonheur.

Ainsi me voilà aujourd'hui, dans ma chambre d'étudiante. Le mois de septembre était déjà bien entamé. J'étais en colocation avec une fille très gentille. Amalia. Elle était en faculté de droit. On ne se croisait pas souvent, mais on partageait quand même des choses. Là, elle n'était pas ici. Sûrement à la soirée étudiante. Tout le monde y était probablement allé. Moi, j'avais décidé de rester dans ma chambre. Je n'aimerais pas réellement être entouré de tout un tas de personnes. Ça me donnait la nausée. On va dire que j'avais développé une certaine peur d'être en dehors de ma zone de confort. Dès que j'étais entourée de personnes inconnues, je me sentais partir, je me sentais mal, j'étouffais. Les médicaments pour l'anxiété arrivaient à combattre mon mal-être quand j'étais dans la foule, mais j'étais le plus souvent submergé par mes émotions.

Assise sur le rebord de la fenêtre, je me laissai transporter par les mouvements du vent. Mon carnet sur les genoux et un crayon dans les mains. La nuit, la lune, les étoiles, le vent... Tout me transporta dans un autre univers auquel je voulais appartenir. Un univers que je crée de mes coups de crayon. De ces griffonnages. De ces œuvres d'art. J'aimais la nuit, plus que le jour.

J'observais la rue. Plongée dans le noir. Quelques réverbères éclairent faiblement quelques endroits. Aucun bruit. C'était calme et j'adorai ça. Mais, quelques minutes plus tard, un ronronnement de moto brisa ce silence parfait. Me sortant de mes pensées, de mes rêves. La moto s'arrêtait à quelques mètres de moi. En contrebas de ma chambre. À l'abri des regards et de la faible lumière des réverbères. La moto toujours en route, ce motard levait alors la tête vers moi. Couvert d'un casque, évidemment. Je ne pouvais pas voir qui c'était, rien ne m'en donnait l'avantage. L'espace d'un instant, j'aurais pu jurer qu'il me fixait droit dans les yeux. Les frissons qui me parcouraient pouvaient en témoigner. Puis une seconde après avoir cligné les yeux, il disparaissait. Comme s'il n'avait jamais été là. Comme si j'avais tout imaginé dans ma tête. Et, c'est ce que je pensais, à cause des médicaments, j'avais l'impression de perdre la tête. Mon imagination était bien trop grande pour la petite tête que j'avais. Et, mon imagination me dépasse souvent. Bien trop fréquemment.

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⏰ Dernière mise à jour : May 01, 2024 ⏰

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