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De brusques bourrasques de vent se mirent soudainement à souffler, les arbres agitaient leurs branches, on n'entendait plus les oiseaux, seulement le vent sifflant à travers les bois. Cécile se réfugiât dans une petite grotte, assez grande pour elle mais pas pour une biche, elle serra la fleur blanche qu'elle avait cueilli un peu plus tôt contre son cœur et ferma les yeux. Le vent de plus en plus fort passa d'un sifflement à un grognement sourd, le cœur de la petite s'accéléra. cinq ans, c'était son âge. Que faisait-elle seule dans les bois ? C'est la question qui tournait en boucle dans sa tête, elle avait la réponse mais refusait de l'admettre. La petite grotte était parfaite pour elle. Elle s'y allongea, à l'abri des créatures de la nuit et ferma les yeux. Le vent ne cessa pas mais elle cessa de l'entendre. 

...

La petite fille se réveilla, et sentit la faim grandir dans son ventre, mais elle s'en fichait car ce n'était pas la première fois. Elle se leva, la petite fleur blanche dans les mains. Elle avait froid, munie d'une simple robe blanche et d'une cape déchirée, pieds nus dans ce lieu humide. Elle se dépêcha de mobiliser toutes ses connaissances pour trouver quel fruit était mangeable et choisit une myrtille sauvage. Les bruits de la forêt ne l'inquiétaient guère, en revanche, il lui fallait trouver de l'eau. Elle savait que le temps lui était compté, elle ne survivrait pas longtemps, mais elle ne voulait pas mourir si jeune, pas tout de suite. 

Elle tendit l'oreille, à la recherche d'une source d'eau, le vent de la veille avait disparu, il ne restait que le doux bruissement des feuilles. Au bout de quelques secondes de concentration, Cécile entendit comme une petite rivière, il lui sembla que le bruit venait de sa droite. Alors, elle s'enfonça un peu plus dans la forêt. La lumière se fit de plus en plus rare, happée par les grands arbres, il ne lui restait que de faibles rayons de soleil. Elle continua sa route, guidée par le son grandissant de la source ainsi que par le changement progressif de la flore. Après avoir parcouru quelques mètres, elle aperçut un ruisseau, il était bordé de petits cailloux, des beiges, des blancs, des bruns, des noirs, du sable mais aussi par des petites plantes aquatiques qu'elle contempla. Un caillou attira particulièrement son attention. Il était tout blanc avec des reflets gris et bleutés, il était parfaitement lisse et elle supposa qu'il avait été poli par l'eau, à force de passage. Lorsqu'elle le prit dans sa main, elle constata qu'il était gros et qu'il l'était plus que sa main, elle décida de le garder et l'enfourna dans sa poche. 

Même en ne sachant pas si l'eau était vraiment potable ou non, elle forma un bol avec ses deux mains, s'approcha de l'eau et en captura, avant qu'elle ne dégouline sur ses doigts, elle porta ses mains à sa bouche et but l'eau. Elle réitéra le mouvement plusieurs fois, pour étancher sa soif. Soudain elle entendit des chiens, ils aboyaient et elle ne se souvenait pas que les chiens puissent vivre dans les bois. Les aboiements furent bientôt accompagnés de sonneries de trompe et ça, elle savait ce que c'était : La chasse, et ce terrain appartenait au roi. Prise de panique, elle ne sût quoi faire, si elle bougeait, on risquerait de la prendre pour du gibier et elle serait tuée, mais si elle ne bougeait pas, on la capturerait ou on l'enfermerait car on ne peut pas rester sur la terre du roi. Quand elle prit enfin sa décision, il était trop tard. Elle vit le museau d'un chien apparaître en face d'elle, bientôt suivi d'une dizaine d'autres et enfin, des cavaliers. Ils l'encerclaient, elle regardait partout autour d'elle l'air affolé, elle cherchait désespérément un moyen de s'en sortir. Son cœur battait la chamade, ses jambes tremblaient, elle avait perdu la petite fleur blanche qui la rassurait, elle était tétanisée. 

Lorsque les chiens se calmèrent et qu'un cavalier sauta à terre, Cécile pensa que c'était la fin. Elle baissa la tête, regarda ses orteils gigoter, ses mains se serrèrent et les larmes coulèrent le long de son visage pour enfin s'écraser au sol.

Un homme se mit à genoux, en face d'elle, sa voix douce mais rauque s'éleva :

-Tu es toute seule ? 

Cécile répondit timidement, sans lever la tête.

-Oui.

-Depuis longtemps ? demanda encore plus doucement l'homme. 

Sa réponse fut à peine audible:

-Je ne sais pas. Il me semble que cela fait trois nuits.

L'homme demanda à Cécile de lever la tête, elle obéit. Le visage de l'homme était ovale, il avait une barbe brune, une bouche fine , un nez légèrement retroussé et des pommettes volumineuses, ses yeux étaient un peu cernés, verts clair et de longs cils. Ses cheveux blonds étaient en pagaille mais elle le garda pour elle. Elle se dit que l'homme était plutôt charmant et eût honte d'être présentée à lui ainsi. Avec ses cheveux gras, bruns, lui arrivant quasiment aux fesses, ses yeux verts mais remplis de larmes, son visage sale et ses vêtements déchirés, les pieds nus et des blessures sur le corps, elle le savait, elle n'était pas digne d'être devant lui.

-Tu veux bien venir avec moi ? lui demanda-t-il soudainement. 

-Vous n'allez pas me punir? demanda-t-elle à son tour. 

Il ricana, gentiment.

-Non, bien sûr que non petite. Tu n'as rien fait de mal. Mais d'ailleurs, comment tu t'appelles? 

-Cécile.

-Alors Cécile, tu veux bien venir avec moi ? Je suis le roi de ce pays, regarde. 

Il lui montra l'insigne qui était sur son veston. 

-Je ne vais pas te faire de mal, je ne pourrai pas t'élever mais je te confierai à quelqu'un de bien, je te le promets.

Cécile accepta. Cela ne pouvait pas être pire qu'avant de toute façon. 


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Cécile et la pierre de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant