Deuxième partie

307 46 131
                                    

Ma chambre était devenue le témoin de ma débauche onirique la nuit, et un lieu de partage le jour. Très vite, Denki et Eijiro avaient décrété qu'il s'agirait de notre point de ralliement, une fois nos cours passés. Au départ, sans le savoir, ils avaient rendu l'air de la pièce respirable, rattachant ce lieu à autre chose que mes pratiques charnelles. 

Il ne me fallut pas plus d'une quinzaine de jours avant de craquer, leur racontant à quel point ce démon de jade me tourmentait nuit après nuit. Je ne leur avais pas compté l'intensité des désirs qu'il avait éveillés en moi, ni à quel point ça me rendait malade de le voir se pavaner avec mônsieur mi-ange mi-démon.

Mais avec Eijiro et Denki, je n'avais pas besoin d'en dire plus, ils savaient, ils le sentaient. Les premiers jours, ça m'avait foutu une trouille monumentale, j'avais vite eu le sentiment qu'ils m'aidaient à porter ce fardeau, avec une empathie et une compréhension non feinte.

Denki était une vraie boule de nerfs, alors lui apprendre à se détendre et à fermer son esprit avait été sportif. Je n'avais manqué aucune occasion de le charrier pendant ses entraînements, d'ailleurs en guise de remerciement, il me gratifiait souvent d'insultes mentales... Ça aussi, il faudra que je lui demande de m'expliquer comment il fait, mais pas de suite, il serait bien trop fier de gérer ses capacités mieux que moi.

Un vrai p'tit con, cet imbécile heureux plairait beaucoup à Hanta.

Aujourd'hui sonnait son dernier entraînement, pour l'occasion,  nous étions allés dans un immense centre commercial. Je lui avais ordonné un bain de foule, l'observant de loin avec Eijiro.

- Mon pote, t'as beau passer ton temps à lui râler dessus, ton stress est palpable, détends-toi, Denki va y arriver

- J'suis pas inquiet !

Eijiro ne m'avait pas répondu, ce n'était pas nécessaire, il savait bien que c'était faux. En même temps, les bains de foules, c'était mon enfer et Denki était tout sauf détendu au moment de se lancer.

Quand il revint, un sourire aux lèvres, épaules relâchées, les miennes suivirent le mouvement. Bon, j'étais fier de lui, alors j'avais ébouriffé affectueusement sa tignasse blonde. C'était fou, plus je le fréquentais, plus ce mec me donnait envie de le couver.

- Bon à ton tour Kat's ! Cibler quelqu'un dans un endroit bondé, c'est tout l'inverse, t'es prêt ?

Il m'avait expliqué sa théorie avec minutie, en tant qu'autodidacte, il avait appris à le faire instinctivement. Je m'attendais à un enseignement foireux, et pourtant il avait l'air d'y avoir sérieusement réfléchi. 

Son air préoccupé avant que je me lance m'avait foutu en rogne. Alors, je m'étais acharné pendant deux bonnes heures, à essayer d'entendre l'humain en sweat rouge, qui se faisait balader de boutique en boutique par sa copine.

Le suivant à une distance raisonnable pour ne pas me faciliter la tâche, je n'avais eu le droit qu'à de petites brides lointaines de pensées. D'ailleurs ma cible était amourachée de sa copine à un point que je ne pensais pas possible, c'était à peine s'il ne vénérait pas le sol qu'elle foulait. Ridicule.

{Kat's t'es en train de t'épuiser, tu devrais t'arrêter}

- Bordel, sors de là !

Mes deux amis m'avaient traîné hors du centre une dizaine de minutes plus tard, mon cerveau tambourinant dans mon crâne. Seul moyen d'y couper, une sieste, je savais que Lilù serait là et cette présence me rendait amer... Si une fois mes yeux clos, je lui ouvrais éhontément les bras, le matin venu, j'étais incapable de croiser son regard...

Le paradis, quel enfer !💚🧡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant