3🌙L'Amour, quel histoire !

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Je doit aller en cours.

Je hais cette académie et ma classe au moins autant que l'orage, les tomates cuites, et les adultes qui prétendent que l'adolescence est la meilleure période de la vie.

Depuis petite, je suis incapable de distinguer les visages. Que ce soit les inconnus, ma classe... Et ma famille. Le seul que j'arrive à voir, c'est celui d'Alex. Je crois que c'est une question de confiance, ou un truc débile du genre. Les psys disent souvent des choses blizzard pour te donner des réponses au question que tu n'a pas posé. Tous les médecins font ça.

Par exemple, avait-je demandé à ce qu'on me diagnostic un cancer ? Vu comme c'est parti, j'aurais préféré ne pas le savoir. Au moins, je n'aurais pas à ingurgiter du poison sensé réduire les tumeurs.

Alors que la réponse est dans le nom : Tu meurs. Au début, j'ai trouvé ça drôle.

Et à choisir, j'aurai bien voulu mourir.

Bref, je ne vois pas les visages, et il faut reconnaître que c'est un grand handicap dans la vie.

Je suivais ces pensées quand j'ai réalisée que j'était en retard. Et ma demie-sœur aussi.

Lisbeth a, comme à chaques fois qu'on est en retard, proposé de faire le chemin ensemble.

Comme d'habitude, je la suivais jusqu'à sa classe principale et, comme d'habitude, son prof venait nous demander pourquoi elle n'était pas à l'heure.

Et, comme toujours, Lisbeth me dépeignait comme une ado fragile et malade, dont le cœur faible l'empêchait d'aller vite. Mais en bonne sœur aînée qu'elle était, elle avait insisté pour m'accompagner, mon état étant "préoccupant". Quel dévouement !

J'ai beau m'en plaindre, je fais la même chose avec le mien : quand j'arrive vers ma classe, je fait semblant d'être essoufflée. Le prof, mal à l'aise de faire courir une malade, me laisse entrer et me propose même d'aller à l'infirmerie.

Parce que j'ai un cancer du cœur et du système nerveux, une maladie incurable.

C'est cadeau cancer.

Cadeau cancer, c'est des trucs qu'on t'accorde parce que t'est mourant.

Comme quoi, même la pitié se monnaie.

Cancer à 15 ans, ça craint. Genre. Vraiment. Mais bon. On se couche bien chaque jour avec la perspective de mourir, mais ce n'est pas ça qui nous empêche de dormir. Même si ça craint, je suis obligée.

Je suis entrée dans la salle, l'aire maussade quand le prof nous a annoncé l'arrivée de deux nouveaux. Un ici et l'autre, dans notre classe jumelle.

Une classe jumelle, c'est une classe qui est toujours en duo avec la notre. On fait des cours de sport, des cours normaux et tout avec eux. Dieu Merci, ma demie-sœur n'es pas dans ma classe jumelle. Je serait devenue folle.

Quand quelque chose se passe dans ma classe ( la classe 3 ), la classe 4 le sais pour sûr.

Parfois, il y a des couples interclasses.

Faut les voir sur, à s'embrasser comme des animaux devant les portes ou contre les murs de notre couloir.

Parfois, je passe devant eux et je pense : Vas-y, bouffe la, tant que t'y est ! Et je me rappel que je suis célibataire. Ça calme.

J'ai jamais étée en couple. Enfin. Pas encore. Pas vraiment.

Il y a bien quelqu'un. Alex dit qu'on "flirt", mais moi, je m'y connaît pas.

Mais il est vrais qu'il agit bizzarement... J'ai eu beau chercher sur internet, je n'ai pas trouvé de réponse satisfaisante. La plupart des blogs parlent de "papillons" dans l'estomac. Moi, j'ai tout le temps mal dans le torse alors je sens rien. Et de penser tout le temps à cette personne. Mais moi, la plupart du temps, mes pensées sont occupés par deviner le destin des gens après la mort.

Et puis moi, je cherchait comment savoir que l'autre est amoureux. Moi, on s'en fout.

De toutes les façons, je sais pas comment aimer. Ni même être aimée.

Trouver Sa LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant