4🌙Le bourgon qui semait le printemps

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   Le nouveau se nommait Joon. Il était Coréen, brun, grand. Les gloussements de filles sur son passage m'informe sur sa "beauté", même si ce détaille ne se vérifiera jamais.

  A la fin du cours, je suis dégoûtée parce qu'on m'apprend que le nouveau dans la classe 4 n'est autre qu'une fille. La haine.

   En sortant, je suis mêlée malgré moi au flot d'adolescents qui sortent d'une salle pour se jetter dans une autre.

   Il se passe quelque chose d'étrange. Habituellement, le haut de mon champ de vision est couvert de gribouillis noir : la faute au visages des gents que je ne pouvais pas voir.

  Mais au centre de ce nuage noir, il y avait un petit pois rose qui se rapprochait, se frayant un chemin à travers les ténèbres.

   Le petit pois rose se rapproche, et, arrivé à ma hauteur, je vois une fille. C'est la fameuse nouvelle de la classe 4, notre jumelle. Je le sais parce que la broche sur sa poche représente une Jacinthe. La notre, c'est la rose blanche. Pureté et innocence, tout le contraire de ma classe d'obsédés sexuels.

   Le bourgon rose s'est métamorphosé sous mes yeux et est devenu une jeune fille au visage rond et joufflu. Ses cheveux roses sont retenus par un chignon haut énorme qui me rappelais à la fois un macaron et une barbe-à-papa.

   Des tâches de rousseur translucides se trouvait sur son nez aquilin, son visage était pâle, son sourire était magnifique et dessinait une fossette où se glissait le Soleil.

   Je voyait son visage, sourillent et plein d'espoir, quoique un peut étonné de voir qu'une fille chelou la fixer comme une dégénérée.

   Après m'être fait bousculée dans tous les sens et totalement essoufflée, je m'apuillai contre un mur.

  Pourquoi je me dépêche alors qu'on a cours de sport ?

  Quand j'ai eu fini de reprendre mon souffle, je suis descendue dans la cour.

   On avait sport en classe mixte, nos profs parlaient de tout et de rien tandis que les élèves des classes 3 et 4 se mêlaient les uns eu autres.

  Je m'assois sur mon banc habituel et sors mon carnet de croquis. C'est le seule qui entre dans mon sac sans prendre toute la place ou peser une tonne.

  Je suis essoufflée.

  A cet instant précis, mon cœur H.S devait se dire un truc du genre "chui crevé allez c'est la fin" et puis mon cerveau lui répondrais : " Je vais pas crever à 15 ans tu m'entends ?! Alors bat !"

  Je ri un instant mais la douleur dans ma poitrine semble me dire " Tu OSE me narguer, en plus ?"

  Mais l'indice bas m'informait d'une chose, je ferait mieux de rentrer vite fait à la maison au risque de perdre connaissance devant toute les deux classes réunies ( ainsi que les gents du bâtiment nord qui nous observaient plutôt que de travailler - Bande de fénéans )

  Je regarde la page vierge de mon carnet quand une ombre se dessine en face de moi.

  Je taille mon crayon puis relève la tête.

  Le petit pois rose m'observe.

  Le petit pois rose approche.

  Une fois à ma hauteur, le petit pois rose s'assied près de moi.

  Nous nous regardons en silence.

  Elle viens sûrement de finir un match de je-ne-sais quel sport et se met là pour se reposer.

  Je la regarde du coins de l'œuil. Ses longs cheuveux roses s'échappent d'un chignon au moins aussi foutu que mon cœur.

  Elle est rouge et trempée de sueur. Sa poitrine gonfle et s'abaisse au rythme de sa respiration en train de se calmer. Elle est bien plus épaisse et formée que moi. Pas difficile: Je suis une brindille en fin de vie.

  Ses yeux se tournent vers moi.

  Gênée, je tourne la tête et trace des trais au pif sur ma feuille.

  - Pourquoi tu viens pas avec nous ?

  Sa voix est douce et lumineuse, et ce même si elle a parlé entre deux haltement.

  Je ne voulais pas lui dire que je ne pouvais pas parce que j'était malade. Je ne voulait pas non plus avoir à lui expliquer que cette maladie avait un nom, et que ce nom était " cancer en phase terminale " et que malgré tout le mal que je me donnait pour vivre, ne ne verrait pas 18 ans.

   Parce que je ne pouvais pas courrire. Ni danser. Ni même rire. Parce que si ce n'était pas mon cœur, les tumeurs migreraient sûrement vers un endroit compromettant, comme le foi ou les poumons, même si ceux ci sont sûrement déjà en voie de contamination.

  Alors j'ai simplement dit " comme ça " et j'ai continuer de gribouiller sur mon carnet.

  - Comment ça "comme ça " ? T'a pas envie ?

  Je ne répond pas. J'aime pas qu'on me pose trop de questions.

  - Tu sais, poursuivit - Elle, c'est super de faire du sport. En plus, je suis sur que tes amis voudraient faire équipe avec toi...

  Je secoue vivement la tête, ouvre la bouche puis expiré de l'aire  ( jusqu'à ce que mon cœur me rappele que l'oxygène, c'est pour tout le monde ) et dit :

  - Je peux pas. Et Alex se débrouille bien sans moi.

  Elle plisse les yeux. Elle est chiante, mais son visage d'ange me ferait lui pardonner n'importe quoi.

  - Pourquoi ?

  - Parce que l'univers est trop fainéant pour donner les même chances au uns et eu autres.

  La jeune fille semble réfléchir à mes paroles.

  Elle penche la tête. Adorable. Son prof de sport nous interromp.

  - Charlotte ! (Elle aproche, "Charlotte" se redresse et lui adresse un sourire ) M.Morreno m'a expliqué... ( Elle se tourne vers moi avec une mine inquiète ) Elle est dispensée. Viens, les autres t'attendent.

  Ladite Charlotte se lève et, après m'avoir fait un signe, part vers les autres. Vers les gents normaux. Ceux qui ne se trimbale pas un truc pour rappeller à votre cœur que son boulot est de vous maintenir en vie dans le torse, ceux qui courent pour rattraper le bus, ceux qui montent les escaliers, et qui font des choses normales que tout le monde trouvent habituelles mais que les gents malades trouvent extraordinaire.

  Les gents normaux, en somme.

  Bref. Charlotte est partie, et un trou qui n'a rien à voir avec le cancer s'est formé dans ma poitrine.

Trouver Sa LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant