Eden.
Je reprends conscience lentement, les paupières lourdes comme du plomb. Mon esprit se débat pour s'accrocher à un quelconque fil de réalité, mais tout est flou et distant.
La première chose que je sens, c'est le froid du sol sous mes mains. Lentement, je me redresse, mes muscles engourdis protestant à chaque mouvement. Où suis-je ? Suis-je toujours dans ma petite maison au Texas ?
La pièce est sombre, à peine éclairée par une faible lumière bleue qui filtre à travers une grille au plafond. Il y a seulement des toilettes et une petite douche.
Je me tourne, cherchant une explication. C'est alors que je vois un homme étendu sur le sol dans une autre cellule à ma droite.
— Eh ! Réveillez-vous !
Il grogne en réponse, émergeant lui aussi d'un sommeil artificiel. Ses yeux rencontrent les miens, et je vois la même confusion et peur que je ressens.
— Où est ce qu'on est ? demande-t-il simplement.
— Aucune idée. Mais vous allez m'aider pour qu'on puisse s'échapper d'ici.
— T'as un plan ou tu comptes juste crier des ordres que je dois appliquer comme un bon toutou ? râle-t-il.
Je roule des yeux face à son ton accusateur et tente de me relever avec difficulté. Il se lève finalement, chancelant légèrement avant de se stabiliser. Il doit mesurer bien plus d'un mètre quatre-vingt.
— Je suis désolé de t'avoir tiré de ton sommeil mais là, il faut qu'on s'entraide. Je suis Eden, et toi ?
— Morgan, lâche-t-il après une pause. Morgan Volkovitch.
Un silence s'installe rapidement entre nous. Je me rapproche des barreaux de ma cellule, inspectant les alentours. Il y a d'autres détenus mais personne ne nous parle ni ne nous regarde.
— Comment on a atterri ici ? le questionné-je en espérant qu'il ait un peu plus de souvenir que moi.
Tout est flou, je me souviens d'être sortie du bar où je travaille vers deux heures du matin, je sais que je ne suis jamais rentrée chez moi. Ma tante et ma petite sœur doivent se demander où je suis.
Et depuis combien de temps ?— J'en sais rien, je travaillais. C'est le seul souvenir que j'ai. Je ne me souviens même pas si on m'a drogué ou agressé. Un agent de sécurité qui se fait kidnapper, on aura tout vu. commence-t-il à ronchonner.
— EH ! fermez-là !
On se retourne tout les deux vers une voix masculine. Un homme de la cinquantaine se tient devant nos cellules, pistolet en main.
— À défaut d'être emprisonné alors que je suis la femme la plus innocente de cette terre, vous pouvez au moins nous donner à manger ?
— Les cobayes ne sont pas autorisés à donner des ordres.
Cobaye ? J'ai bien entendu ?
— Cobaye ? Qu'est-ce que vous racontez ?
L'homme fixe Morgan avec un regard glacial, sans répondre. Il se contente de le dévisager comme si il était un insecte sous un microscope.
— Silence, dit-il d'un ton tranchant. Vous aurez des réponses en temps voulu. Pour l'instant, contentez-vous de rester tranquilles.
L'homme s'éloigne lentement, ses pas résonnant dans le couloir sombre.
Nous restons silencieux, le poids de ses mots résonnant dans nos esprits. Je sens la colère monter en moi, bouillonnante et implacable.
— Cobaye, hein ? soufflé-je finalement, brisant le silence. Ils croient vraiment qu'ils vont nous traiter comme des rats de laboratoire ?
Morgan serre les poings, les traits de son visage se durcissant.
— Ils se sont trompés de cibles parce que je ne me laisserai pas faire.
Soudainement prise de vertiges, je me rassois sur le sol froid, la tête entre mes mains.
— Ils nous surveillent.
— Ça, on le sait. Si tu veux parler, dis quelque chose d'utile, Morgan.
— Pourquoi tu es si grincheuse ? Laisse-moi finir. On doit faire attention à ce qu'on dit et fait car il y a des caméras.
Je soupire complètement désespérée. J'ai faim, j'ai soif, je suis épuisée et morte de trouille. Je veux rentrer à la maison.
***
Je m'extirpe doucement de mon sommeil. Je n'ai pas très bien dormi, le sol est dur ce qui me fait mal partout.
— Ils peuvent nous apporter un petit déjeuner au moins ?
— Je ne pense pas qu'on soit le matin, Eden.
— Il n'y a pas de fenêtres, peu importe, je viens de me réveiller, il me faut de la confiture à la fraise.
— Calme-toi, blondasse, moi aussi j'ai faim.
Il me lance un regard las lorsqu'un bruit de pas résonne dans le couloir. Des gardes apparaissent devant nos cellules, le même homme de la cinquantaine en tête. Ils sont trois cette fois, tous armés.
— Cobaye 2417 et cobaye 8036, suivez-nous. ordonne le vieux. Tentez quelque chose et je vous fait exploser la cervelle.
Nous échangeons un regard inquiet. Morgan serre les poings, prêt à résister, mais je secoue légèrement la tête.
Nous nous levons lentement, les gardes nous attrapent par les bras et nous font sortir de nos cellules.
À notre droite, dans une cellule voisine, se trouve une femme aux cheveux blonds, assise en silence contre le mur. Ses yeux verts sont d'une intensité inhabituelle, oscillant entre douceur et dureté. Elle semble perdue dans ses pensées, les mains tremblantes sur ses genoux. Je me demande quel est son rôle ici et pourquoi elle ne dit rien.
En face de notre cellule, il y a une femme aux cheveux bruns courts, ses yeux noirs et vifs, mais marqués par une détresse évidente. Elle murmure sans cesse des mots incompréhensibles, ses cris intermittents brisant le silence de temps en temps. Sa présence dégage une aura de folie et d'angoisse palpable.
À côté, c'est un homme aux cheveux bruns et aux yeux marron. Il bouge avec une sorte de confiance nonchalante, parlant à voix haute de théories qui semblent farfelues. Ses gestes sont exagérés, presque comme s'il était en train de faire une performance.
Dans une autre cellule, un homme au cheveux blond paraît calme, beaucoup trop calme pour quelqu'un qui a été enlevé comme nous.
Ils nous guident à travers un labyrinthe de couloirs sombres, seulement éclairés par des néons bleus interminables.
Le silence est oppressant, rompu seulement par le bourdonnement des lumières et le cliquetis de nos pas.
Je suis le cobaye 8036. Cette histoire va mal se finir.
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Projet Écho [en pause]
RomanceCaptif d'un projet sinistre, Eden et Morgan se réveillent dans des cellules sans aucun souvenir de leur enlèvement. Leur quête de réponses les entraîne dans une course contre la montre, où chaque indice découvert les rapproche un peu plus de la véri...