XI. Des interrogations.

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- Mais putain pousse toi la lesbienne.

- Tais-toi le mouton. On va se faire repérer. Tu veux être exécutée ?

Reine déglutit rien qu'à l'idée de se faire attraper par Helga. Vu que Reine a refusé 7 jours de suite de faire plus que 30 tours, Helga lui avait refusé l'accès à la cantine. Elle était censée n'avoir rien manger pendant 7 jours ! Heureusement, grâce à Nolwenn et Andrée, la fille de la dame de la cantine, elle avait pu se nourrir correctement durant ces derniers jours. Chaque soir, vers 22h, elles avaient rendez-vous derrière le terrain de basket pour l'échange de provision. Eunice leur apportait des provisions et Reine lui donnait des vêtements en échange. Un contrat équilibré me diriez-vous. Elles avaient récupéré le lot de provisions et devaient être discrètes pour se rendre à leur bâtiment. Schématisons ça: le terrain de basket se trouve à l'est du camp. Leur bâtiment se trouve à l'ouest. La cabine de Helga se trouve en plein centre et celle-ci faisait sa ronde de nuit habituelle. Les détenus sont censés être soit couchés, soit à la bibliothèque qui se trouve au nord du camp. Comment faire? Comme des ninjas pendant la guerre du Vietnam, elles se faufilèrent contre les murs remplis de moisissures. Elles avaient eu la brillante idée de se mettre en noir, ça facilitait les déplacements. Elles y étaient presque, elles étaient à quelques mètres du bâtiment quand Reine éternua.

- HÉ ! QUI VA LA ?

- Cours Reine !

Elles se mirent à courir jusqu'à leur étage. Malheureusement pour elles, une autre surveillante vérifiait les bâtiments. Elles entendirent ses pas se rapprocher. Prise de panique, Reine se figea.

- On fait comment, chuchota Reine.

- Chut, viens.

Elle la poussa dans un placard à balai et y entra à son tour. C'était tellement étroit qu'elles étaient face à face à même pas deux centimètres l'une de l'autre.
Reine n'osait pas lever les yeux vers Nolwenn car son cœur battait la chamade. Elle se demandait si elle pouvait le sentir ou l'entendre. Quant à elle, Nolwenn ressentait un immense besoin d'eye contact. Elle cherchait en vain les yeux bleus de la blonde.
Elles restèrent dans cette position jusqu'à ce que la surveillante quitte le bâtiment. Puis Nolwenn attrapa le menton de Reine et l'obligea à la regarder dans les yeux. L'instant d'un moment, tout était déconnecté. Il n'y avait plus que les deux. Seules au monde. Nolwenn se perdit dans le regard de son amie qui elle chancelait de panique.
"Va-t-elle m'embrasser?" "Dois-je faire le premier pas?" "Comment réagir si elle m'embrasse?" Ces questions inondaient les pensées de notre golfeuse. Elle se tenait sur la pointe des pieds pour atteindre la bouche de Nolwenn et celle ci lui avait attrapé les hanches histoire de la rapprocher encore plus quand quelqu'un ouvrit le placard.

- Ah je me disais bien que je vous avais vu rentrer dans le bâtiment. Mon flair ne me trompe jamais.

C'était José, une de leurs voisines de palier. Sa chambre se trouvait à gauche. C'était aussi la seule chambre de l'aile gauche. Elles étaient devenues proches lors d'un match de balle aux prisonniers. Depuis, José avait, comme qui dirait, craqué sur Reine.

De son vrai prénom, Josépha, José avait 17 ans. Elle était là pour avoir cambriolé à mains armées un liquor store avec deux de ses acolytes qui s'étaient enfuis. Elle purgeait sa peine d'un an et demi et devait sortir la veille de son 18e anniversaire.

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Voyant la position dans laquelle elles se tenaient, José comprît qu'il se tramait quelque chose entre les deux colocataires

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Voyant la position dans laquelle elles se tenaient, José comprît qu'il se tramait quelque chose entre les deux colocataires. Elle décida d'extirper Reine des bras de Nolwenn en l'attirant vers elle.

- Qu'est-ce que vous faisiez ici? Vous vous cachiez pour vous embrasser ?

- Ew. Beurk. Ça va pas la tête ?

Nolwenn ne répondit rien et sortit à son tour.
Les deux masculines se saluèrent et José posa un tendre baiser sur la joue de Reine.

- Comment tu vas mamacita? Tu as pu récupérer tes provisions ?

Bizarrement, Reine se sentit rougir à l'entente de ce surnom. Elle hocha juste la tête pour dire oui.

- Et toi Nolwenn, j'espère que tu l'as bien protégée. C'est ma reine que tu vois là. Je suis prête à prendre un an de plus juste pour ses beaux yeux.

Gênée, Reine lui donna une tape à l'épaule.

- Je t'ai dit que je suis hétéro. Les filles ça ne m'intéresse pas José.

- Les filles oui. Mais pas moi. Tu verras le vrai amour avec moi.

- Je suis fiancée, je vais bientôt me marier.
Elle lui montra fièrement sa bague.

- Je peux voler une plus belle pierre que ça pour toi mami. Même la lune n'est pas assez chère pour toi.

Reine lui donna une autre tape.

- Non merci, j'aime mon Yannick. Il est le seul dans mon cœur et jamais je ne le quitterai, pas pour une fille en plus.

Elle regarda dans la direction de Nolwenn qui était restée bien calme depuis.

- José ça te dit d'échanger les chambres avec moi ce soir ? Je dors avec Patricia et toi avec ta Reine.

- Oh là là merci mon pote. Je t'en dois une hein. Je te revaudrais ça un jour.

- Non t'en fais pas. Bonne nuit à vous.

Elle déposa le sac de provisions et s'en alla dans la direction opposée.

- On dirait qu'il y a de l'eau dans le gaz entre les deux amoureuses.

- Ew. Je t'ai dit que je suis hétéro.

- Ouais et moi j'ai pas un pistolet dans ma poche.

- Quoi ?

- Chut mami. Allons que je te fasse manger. Je sais juste que Nolwenn en crève pour toi, c'est visible à des années-lumière d'ici.

Nolwenn? Amoureuse d'elle? Hmm. Intéressant. Elle voulait en avoir le cœur net. Malheureusement, José devra prendre les pots cassés de toutes ces questions.

Une main sur la hanche de Reine, José prît le sac de provisions et se dirigea vers la chambre 712. Elle fit entrer Reine, s'assura qu'elles n'étaient ni suivies ni espionnées puis ferma la porte. Elle s'occupa de nourrir Reine et de la bercer. Celle-ci s'endormît dans les bras de José en rêvant de plein de choses dont Nolwenn était le point d'inertie.

Ennemies de CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant