Chapitre vingt-sept

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Partie deux: le deuil 

«L'amour est une essence, la mort est une naissance.»- Nekfeu

02 mars 2024-Pablo

Je tapote un bref message sur mon téléphone, tout en fixant la foule. Normalement, Victoria est arrivée hier, avec sa mère. Si j'ai bien compris ce qu'elle m'a dit, son père ne viendra que dans un mois, ne pouvant pas quitter son travail et s'en trouver un autre aussi rapidement. Ils ont tenu à payer une partie des frais, malgré le fait que je leur ai affirmé que ce n'était pas nécessaire.

« Coucou !»

Je sursaute vivement, tout en me retournant vers cette voix. Je souris à Victoria, en me rapprochant légèrement d'elle. Je me crispe légèrement lorsqu'elle me prend dans ses bras, ne m'y attendant pas. Je n'ai jamais vraiment aimé les contacts physiques. A part Valentina, avec qui je n'avais pas de problème, je me contentais du stricte minimum.

« Je t'ai fait peur ?

- Un peu. Je pensais que tu arriverais par là-bas.

- Je suis allée acheter des lunettes de soleil pour ma mère.»

J'hoche la tête plusieurs fois, avant de l'inviter à avancer. Je sais que la dernière fois qu'elle est venue à Barcelone, elle n'a pas vraiment eu le temps de visiter la ville, puisque malgré tout, elle devait travailler. Alors, je lui ai proposé de le faire aujourd'hui.

« Tu veux aller où ?

- Je ne sais pas vraiment. Comme tu veux !»

Je l'invite alors à marcher dans les rues, qui sont toutes aussi belles les unes que les autres. Barcelone est une ville pleine de beauté. J'ai déjà visité chacun de ses recoins de nombreuses fois. Au fond de moi, j'ai toujours peur de croiser des dizaines de groupies, ou même de me faire prendre en photo, et que les journalises espagnols finissent par faire des conclusions bien trop hâtives.

« Tu verras, ce coin de la ville est magnifique ! Normalement, il n'y a pas beaucoup de touristes.

- Tu y vas souvent ?

- J'y allais souvent, oui...»

C'était un des coins de promenade préférés de Valentina. Je ne compte plus le nombre de fois où elle voulait y aller, pour prendre l'air, dans le calme de la ville. C'était à une période où elle souriait encore, et où je ne lui avais pas encore fait trop de mal.

« Tu n'y vas plus ?

- Plus vraiment, non. Je ne suis pas beaucoup sorti en un peu moins d'un an.

- Pourquoi ?

- Je-hum... Disons que j'ai perdu quelqu'un de très important pour moi.

- Oh, toutes mes condoléances... Je ne savais vraiment pas. Sinon il est évident que je n'aurais pas posé la question.

- Non, ne t'inquiète pas. De toute façon, c'est de ma faute...»

J'ai chuchoté cette dernière phrase si bas, que je suis persuadé qu'elle n'a rien entendu. Mais après tout, ai-je vraiment envie que tout cela se sache ? Je n'ai pas envie de voir du dégoût lorsqu'elle me regardera. Peut-être que cela fait de moi quelqu'un d'égoïste, mais ça m'est égal. Et puis, je sais que Pedro aussi ne voudrait pas que ce secret soit avoué.

Il m'a bien affirmé qu'il n'appréciait pas vraiment le fait que j'arrive tout de même à parler avec une autre fille qu'elle. Mais une partie de moi me hurle que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour penser à autre chose, le temps de quelques heures. En parlant avec Victoria, j'arrive enfin à changer le sens de mes pensées. Cela ne change rien au fait qu'autrement, c'est mon ancienne copine qui occupe la totalité de mon esprit. Nos souvenirs fusent tous les jours, pour me faire retrouver un semblant de sourire.

Seconde chance||P.GOù les histoires vivent. Découvrez maintenant