Céleste

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Jadis, existait une ville du nom de
Céleste.
Son nom et ses habitants subirent
un sort funeste.   

    Noah vagabondait dans les rues de Céleste. Le jeune garçon avait troqué son manteau en poil de Cerbyllin pour une simple veste. Il profitait de l'approche du printemps pour passer le plus de temps possible dehors après l'école. Âgé de dix ans, Noah étudiait pour devenir pêcheur, comme son père. Chaque jour, ce dernier se rendait à la rivière pour pêcher des Magicarpe et des Bargantua que sa mère vendait à la poissonnerie. Le garçonnet courait dans les rues pour se rendre à la forge. Son père lui avait demandé de récupérer un objet qu'il avait commandé et Noah voulait en finir au plus vite pour rester le plus longtemps hors de la ville avant la tombée de la nuit. Il passa devant la boutique d'herbes médicinales, celle de vêtements ainsi que la boucherie avant d'arriver à la forge. Il fut accueilli par Samaël, le fils aîné du forgeron.
« - Salut Noah ! Tu viens récupérer la commande de ton papa !
- Oui !
- Et voici ! annonça l'apprenti. Un beau couteau en obsidienne ! Et c'est un minéral de premier choix ! Il provient du filon de la mine proche du grand arbre, tu sais, dans les plaines.
- Ho oui, on l'a vu à l'école ! Et même que c'est très loin !
- C'est ça ! Allez, tu ferais mieux de rentrer donner ça à ton père. »
Samaël emballa le poignard dans un tissu et le confia à l'enfant. Au moment où celui-ci allait partir, un garçon de son âge déboula de l'intérieur de la forge pour se planter devant Noah.
« - Noah ! On va toujours au festival ensemble, hein ?
- Bien sûr Théo ! On se retrouve devant les statues dans une semaine d'accord ?
- D'accord ! »
Saluant son ami d'un signe de la main, Noah partit en courant dans les rues de la ville. Ses courts cheveux blonds flottaient au vent et ses yeux bleus emplis de curiosité se posaient sur chaque bâtiment de Céleste. La ville était construite en pierres blanches, présentes en abondance dans la montagne. L'architecture de Céleste se reconnaissait notamment par ses hautes colonnes et ses constructions circulaires. La cité était bâtie sur les hauteurs du Mont Couronné, ni trop en altitude pour souffrir du grand froid, ni trop basse pour avoir une vue d'ensemble sur le reste du Contrefort.

Le dieu des moissons et la déesse du
printemps,
Dans les cieux de Hisui, sur l'horizon,
Apportèrent la vie, prodige florissant.

    Le peuple de Céleste vivait de l'agriculture, de la chasse et de la pêche. Tous les ans, à l'arrivée du printemps, les habitants organisaient un festival pour remercier le dieu des moissons et la déesse du printemps qui rendaient les terres fertiles et assuraient de bonnes récoltes. Le festival de cette année aurait lieu dans une semaine et tous avaient déjà commencé les préparatifs. Noah arriva chez lui, sa maison étant située au dessus de la poissonnerie, sur la place centrale de la ville. Il remit le paquet à son père qui le remercia :
« - Merci fiston. Grâce à ce couteau, on va pouvoir faire de belles découpes ! »

    Soudain, des bruits de lutte les firent sortir sur la place. Deux Farfuret se battaient à coup de griffes. Noah en reconnut un, il appartenait à son maître d'école. Il avait le pelage bleu foncé et plusieurs plumes rouges attachées à son oreille et sa queue. Son adversaire, quant à lui, avait le pelage gris pâle, tacheté de violet. Il possédait également des plumes de cette couleur. Le professeur de Noah sortit en courant d'une échoppe de la place pour se précipiter sur son Farfuret et l'empêcher de se battre. Le Pokémon se calma mais son adversaire n'était pas du même avis. Alors qu'il s'élançait, le Farfuret fut cueilli par un grand coup de pied donné par un homme qui passait par là. Le petit garçon le reconnu sans peine, il s'agissait de Cauran, un agriculteur réputé pour sa méchanceté autant envers les humains qu'envers les Pokémon. Il s'arrêta un instant, ses yeux noirs se posant sur l'assistance.
« Il faut que ces monstres partent ou s'en sera fini de nous. »
Noah ne fut pas surpris de son acte ou de ses paroles. Il avait déjà vu des Pokémon de type Feu se faire frapper par le plat d'une pelle parce que leurs flammes n'atteignaient pas une certaine température. Ou encore des Pokémon Roche recevoir des coups de fouet car ils n'extrayaient pas assez vite les pierres de la carrière. Beaucoup de gens avaient peur des Pokémon, et avec la peur venait la haine et la violence. Avant, le petit garçon les craignait aussi.
   
    Cependant, une journée spéciale avait changé l'avis et la vie de Noah. Un soir, l'été dernier, alors qu'il se promenait à l'écart de la ville, il avait entendu des couinements. Curieux, il s'était dirigé vers l'origine du son et avait trouvé un Pokémon dont la patte était coincée dans les rochers. Il avait d'abord prit peur mais s'était rendu compte que la créature était aussi effrayée que lui. Il ne voyait pas ses yeux, cachés par une touffe de fourrure blanche, mais son petit corps rouge rayé de noir tremblait comme une feuille. Tandis qu'une part de lui désirait l'aider, une autre se répétait les enseignements de ses parents "ne t'approches jamais des Pokémon sauvages", "ne fait jamais confiance à un Pokémon". Alors qu'il hésitait, une nouvelle créature sortit des fourrés. Ce Pokémon bipède était immense, il mesurait plus de deux mètres. Son pelage était beige au niveau de son tronc et bleu et noir sur le reste de son corps tandis que ses oreilles, pointées vers le haut, étaient du même bleu que sa queue. Lorsqu'il tourna la tête vers Noah, son regard rouge vif transperça le petit garçon tétanisé par cette créature gigantesque sortie tout droit des enfers. Un homme sortit des buissons à la suite du Pokémon. Il contempla Noah, le Pokémon piégé et son compagnon. Il était vêtu d'un long manteau bleu foncé et d'un chapeau de la même couleur dentelée à l'arrière. Sous le manteau, Noah devinait un maillot et pantalon tous deux noirs et moulants. L'inconnu était brun, avec les yeux bleu gris et un collier en or autour du cou.
« - Salutations, dit-il. Je suis Gen et voici mon partenaire, Lucario. Comment-t-appelles tu mon garçon ?
- No... No... Noah...
Voyant le regard que le petit posait sur son coéquipier, Gen déclara :
- Tu n'as pas à avoir peur des Pokémon, Noah. Si tu ne les provoques pas, il n'y a aucune raison qu'ils s'en prennent à toi.
- Vous êtes sûr ?
- Évidemment ! Regarde ce Caninos.
Noah reporta donc son attention sur le Pokémon à la patte coincée qui grondait maintenant sur le Lucario.
- Lucario, dit-lui que nous ne sommes pas ces ennemis s'il te plaît.
Le Pokémon s'exécutât et ferma les yeux pour se concentrer. Les deux appendices derrière sa tête se relevèrent et il fut entouré d'un halo bleu. Instantanément, le Caninos se calma et laissa Gen s'approcher de lui. Avec moult précautions, l'homme retira les rochers qui l'entravaient. Le Pokémon jappa de contentement avant de se frotter contre la paume tendue du noiraud. Noah était stupéfait. Qui était cet homme qui voyageait aux côtés d'un Pokémon et qui semblait murmurer à l'oreille de ces dangereuses créatures ? Il était tellement perturbé qu'il ne faillit pas entendre les paroles de Gen.
- Tu veux le caresser ?
- Hein ? s'exclama le petit, incrédule.
Mais...mais... je peux pas faire ça !
- Bien sûr que tu le peux ! Il te suffit juste de t'approcher doucement et de ne pas faire de gestes brusques.
Suivant les instructions de voyageur, l'enfant avança en tremblant jusqu'à la créature. Il s'assit à sa hauteur et tendit sa main hésitante, son cœur battant à cent à l'heure.
- Inspire profondément. Les Pokémon sentent la peur. Ne la laisse pas t'envahir.
Suivant les consignes de Gen, Noah inspira et expira lentement pour tenter de ralentir son pouls. Sa main cessa de trembloter et il put enfin la poser sur la fourrure du Caninos. Celle-ci était douce et étonnamment soyeuse. Le Pokémon sembla apprécier le geste et se blottit encore plus contre le garçon qui poussa un rire joyeux.
   
    Ce jour-là, Noah sût que tout ce qu'on racontait sur les Pokémon était faux. Ils n'étaient pas de féroces monstres sanguinaires. Une sensation naquit au plus profond de lui. L'envie d'en apprendre plus sur ces créatures et sur leur mode de vie. L'envie de voyager et de découvrir tous les Pokémon existants. Si tout le monde ressentait cela, pensa Noah, alors peut-être qu'une entente entre humain et Pokémon était possible. Un monde où ces deux espèces vivraient en harmonie.

    Gen avait proposé à Noah de lui apprendre tout ce qu'il savait sur les Pokémon. Alors, tous les jours, le petit garçon retrouvait son mentor qui l'emmenait dans différents lieux pour découvrir le mode de vie des Pokémon qui y vivaient. Caninos s'était pris d'affection pour le garçon et l'accompagnait à chacune de ses leçons. En presque un an, le blondinet pouvait nommer toutes les créatures vivant au Contrefort Couronné ainsi que leur caractère, leur lieu de vie ou encore leurs habitudes alimentaires. A une semaine du festival des moissons, Noah avait hâte de retrouver son mentor pour qu'il lui parle des deux Pokémon vedettes de l'événement. En effet, cette célébration était dédiée au dieu des moissons Démétéros et à la déesse du printemps Amovénus. Tandis que le premier assurait aux villageois une terre riche et fertile, la seconde garantissait un temps idéal pour les cultures. Perdu dans ses pensées, le garçon ne remarqua pas qu'il approchait du lieu où il devait retrouver Gen avant qu'une forme quadrupède ne lui saute dessus et ne le plaque à terre.
« - Caninos, arrête t'es lourd ! s'exclama Noah en riant.
Le Pokémon Espion cessa de lui lécher le visage et le laissa se relever. Un homme qui était adossé à un arbre s'approcha du garçon.
- Gen ! T'es de retour ! Comme s'est passé ton voyage ?
Le voyageur et son Lucario revenaient d'une expédition d'une semaine dans les terres du Nord.
- Hé bien comme je le craignais, j'ai découvert un grand nombre de Zoroark.
Les Zoroark étaient les Pokémon les plus craints par les humains à cause de leur pouvoir de métamorphose. Ils étaient considérés comme les enfants de Giratina, le mal incarné et l'ennemi d'Arceus, la déité créatrice de toutes choses. Les humains repoussaient donc les Zoroark au Nord, là où ils avaient le moins de chances de survie. Gen était alors parti pour analyser la situation.
- C'est beaucoup plus grave que je ne le pensais. J'ai découvert au moins une centaine de Zoroark et certains... certains n'étaient même plus vivants.
Le cœur de Noah se sera et les larmes lui montèrent aux yeux.
- Ce n'est pas tout, poursuivit son mentor. Les Zorua, là pré-évolution de Zoroark, meurent de froid et de faim. J'ai assisté à une scène troublante. Un Zoroark pleurait sur le corps de son petit tout en maudissant les humains et son aura négative semblait sortir de son corps pour envelopper le Zorua. Le Zoroark est resté aux côtés de son petit jusqu'à mourir d'épuisement. Mais c'est alors que l'aura négative a englobé les deux Pokémon et, lorsqu'elle était totalement rentrée dans leur corps, a changé leur apparence. Le pelage de Zorua était gris très pâle, sa houppette et son écharpe étaient blanches comme neige avec les pointes rouges, tout comme sa queue. Zoroark avait lui aussi le corps gris pâle mais constellé d'excroissances rouges. Sa chevelure avait considérablement poussé, s'était détachée et avait blanchi. Les extrémités étaient rouges et flottaient dans tous les sens. Mais le plus incroyable, c'est que les deux Pokémon se sont relevés, comme s'ils étaient revenus d'entre les morts !
Noah avait écouté le récit de son mentor sans parler et ce qu'il avait dit le laissait perplexe. Des Pokémon revenant à la vie ?
- Qu'en penses-tu Gen ?
- Honnêtement ? Je n'en sais rien. Je crois que c'est la rancoeur de Zoroark envers les humains qui a permis cette résurrection. Et si cela s'est produit une fois, alors cela pourrait bien recommencer.
Les deux humains restèrent un long moment silencieux tout comme leurs Pokémon. Gen se décida toutefois à briser cet instant pour déclarer d'une voix plus joyeuse :
- Bon ! Je devais te parler de Démétéros et d'Amovénus, non ?
Et ainsi, Noah écouta son mentor lui parler les deux légendes jusqu'à la tombée de la nuit.

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Bonjour ou plutôt bonsoir !

Ce one-shot qui devait être à la base assez court a prit des proportions que je n'avais pas imaginées. Il sera donc divisé en deux parties (un two-shot donc). J'aime beaucoup écrire sur des événements passés sur lesquels on a très peu d'informations pour proposer mes propres idées. Ce texte s'inspire d'une théorie que j'ai vue sur Internet et que j'ai trouvée crédible et très intéressante. Elle sera représentée dans la partie 2, la partie 1 servant seulement à planter le décor.
La partie 2 sortira soit demain, soit lundi.

Il était une fois... (recueil de One-Shot Pokémon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant