Il était une fois... (recueil de One-Shot Pokémon)

La Tour Pokémon

Lavanville. Une ville dont le nom seul suffit à faire frémir le plus courageux des hommes. Réputée hantée, rares sont les voyageurs qui osent s'y attarder. Les seuls visiteurs sont des Dresseurs en deuil venus rendre hommage à leurs compagnons. On peut les voir déambuler dans les rues, le dos courbé par le poids du chagrin et parfois même du remords. Ils se rendent tous au même endroit : le symbole maudit de Lavanville, la Tour Pokémon. Ce haut bâtiment de pierre grise surplombe la ville, y déversant son énergie négative. Dans ses sept étages, les mêmes sons. Les claquements sourds des chaussures sur les dalles du sol, les sanglots étouffés des Dresseurs et, dans les derniers niveaux, quelques bruissements étranges dont on ne saurait deviner la provenance. Les mêmes odeurs également. On peut sentir les relents de fleurs en décompositions qui nous font froncer le nez et qui contrastent avec le doux parfum des nouveaux bouquets. Les fragrances de l'encens brulé en dernier au revoir qui chatouillent nos narines. Toutes ces effluves se mélangent pour former les senteurs de la peine et des adieux. Autour de nous, on voit des rangées et des rangées de tombes, parfois décorées, parfois vides, parfois poussiéreuses. Devant certaines, une personne pleure, se recueille, parle ou juste ferme les yeux. Au-dessus d'elle, une silhouette qui lui est invisible mais qui pourtant la contemple avec émotion. Une silhouette qui pleure, se recueille, parle ou juste ferme les yeux. Sur d'autres tombes, des ombres attendent elles aussi qu'on leur rende visite. La plupart sont distinctes, comme cet Évoli endormi ou ce Caninos assis bien droit. Mais certaines sont devenues au fil du temps plus vagues, moins reconnaissables. A cause du manque de visites et de petites attentions, elles ont fini par elles-mêmes oublier qui elles étaient. Ces âmes errantes sont alors devenues de véritables Pokémon Spectres, attendant désespérément un Dresseur qui pourrait leur redonner ce dont elles ont pendant si longtemps manqué. Aucune lueur du soleil n'illumine ces étages, mais de faibles néons créent une obscurité relative qui offre aux endeuillés une intimité fragile. L'association de tous ces sons, toutes ces odeurs, toutes ces visions ainsi que de l'énergie étrange qui semble émaner des pierres et du sol plonge la Tour Pokémon dans un espace hors du temps. Un espace où l'on peut retrouver nos compagnons les plus proches, même s'il nous ont quitté. Loin d'être un lieu terrifiant et maléfique, la Tour Pokémon est un havre de paix et de calme où la frontière entre le monde des vivants et celui des morts s'émousse.