première lettre

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Salut Louise,

Si tu savais comme je me sens stupide, à écrire cette lettre... un peu ringarde, aussi. Tu te souviens, comme on s'en envoyait, avant ? Une année à l'autre bout de la France et c'était la fin du monde, pour nous. Tu m'écrivais tout le temps, tu m'envoyais des liasses de papier et je trouvais tout juste le temps de te balancer quelques mots sur un bout de feuille. Les gens ont beau dire, ça a toujours été toi, la plus romantique de nous deux. Moi, j'étais juste la mélodramatique du duo, celle qui trouve le moyen de tout faire en grand. Celle qu'on entend le plus, en fait.

C'est un petit quelque chose que j'essaie de t'offrir aujourd'hui, pourtant. Un petit quelque chose de moi et de nous aussi, si tu veux bien.

Tu me manques, Louise. Encore plus depuis que je t'ai revue, si fière, si grande, pendant ton tour d'honneur. Qui aurait cru que tu tiendrais aussi longtemps sur la piste ?

C'est Prisca, qui tenait vraiment à ce qu'on vienne te voir — tu te rappelles de Prisca, dis ? Ça fait quelques mois, qu'on se reparle, elle m'a avoué beaucoup de choses, aussi. Hier, elle m'a embrassée et j'ai pensé à toi. J'ai l'impression d'être un monstre en avouant ça, mais être avec elle m'a rappelé comment c'était, d'être avec toi. Je t'ai aimé deux ans avant que tu ne le fasses et puis deux ans après que tu cesses. Peut-être plus, même, qui sait ? C'est une habitude difficile à perdre et au fond, je sais pas si j'en ai vraiment envie. De la perdre, je veux dire. Ce serait un peu comme te perdre toi, définitivement. Et je sais pas si j'en serais prête un jour.

Mais parlons de toi. C'est pour ça que je suis là après tout.

T'avais l'air si heureuse, quand tu as effectué ton enchaînement pour la dernière fois, avant de prendre congé dans une révérence. Si heureuse et si rayonnante. Tu as réussi à tromper ton public, mais pas moi, je te connais trop pour ça.

Tu vas bien, Louise ? Par pitié, dis-moi que tu vas bien. Dis-moi que tu vas bien et que notre rupture n'aura pas été vaine.

Affectueusement,

Louve

Ps, j'ai voulu finir de manière stylée mais ça fait bizarre d'être aussi sérieuse, j'ai l'impression de ne pas être moi (mais peut-être que tu préfères ça, quand je ne suis pas vraiment moi)

Letters to youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant