deuxième lettre

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Salut Louise,

Je sais pas pourquoi je t'écris cette lettre, alors que je ne t'ai même pas envoyé la première. Je ne crois pas que j'ai pas envie que tu me lises, j'aimerais juste pouvoir te parler de vive-voix, bégayer, trébucher sur les mots comme je sais si bien le faire, quand tu m'éblouis de ta présence. Il n'y a jamais eu que toi, pour me faire perdre mes moyens comme ça.

J'ai vu que tu étais devenue coach, rien d'étonnant à ça, tes élèves ont de la chance de t'avoir. Si j'avais eu une coach comme toi, peut-être que j'aurais continué la gym indéfiniment — non en fait, c'est même sûr. Rien que pour la chance de voir ton visage, de voir tes sourires. Même dans cette vie antérieure, je serais tombée amoureuse de toi, je pense. Mais toi, jamais tu ne te serais allée à m'aimer, parce que les grandes différences d'âge t'ont toujours rebutées. Oh ma Louise, grande chevalière prête à lutter contre les démons qui se cachent en chaque homme. Note comment j'ai écrit homme ; sans majuscule, parce que tu sais bien de qui je parle.

Ton souvenir a cessé d'être douloureux, pour moi, j'imagine que tu t'en réjouis. Maintenant, quand je pense à toi, je peux pas m'empêcher de sourire ; tu me manques toujours, mais avec une nostalgie presque saine. Tout ne s'est peut-être bien passé entre nous, mais je chérirai éternellement nos moments à deux. Et sans en être triste, je te promets.

Un jour, tu m'as confiée que tu ne savais plus comment faire, pour vivre sans moi. Tu pleurais, ce jour-là. Ça faisait des semaines que tu pleurais en cachette, en pensant que je ne t'entendais pas. Mais je t'entendais. A chaque fois. Je n'ai jamais réagi, parce que j'avais peur de ne pas savoir comment te parler. Je suis lâche, j'ai toujours été lâche, il n'y a qu'avec toi que j'ai su être courageuse (et encore, seulement parfois).

Aujourd'hui, ça fait deux mois, avec Prisca. Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça, une envie soudaine. Si tu avais été là, je suis sûre que tu m'aurais fait promettre de ne pas tout gâcher avec elle comme j'ai pu le faire avec toi. Étrangement, je pense que ça peut marcher, entre elle et moi. Parce que l'une comme l'autre, on n'attend rien. Peut-être que ça se terminera dans une semaine, trois mois, cinq ans, qui sait ?

Faustine n'arrête pas de me répéter qu'elle ne me reconnaît plus. Une semaine qu'elle ne répond plus à mes messages, je crois qu'elle m'en veut.

Pour être honnête, moi non plus, je ne me reconnais plus. Je crois que je ne me suis jamais si peu reconnue.

C'est pas très réjouissant tout ça. Désolée.

Affectueusement,

Louve

Ps, oui j'ai décidé de continuer avec le affectueusement. Parce que j'estime que tu mérites toute mon affection.


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