cinquième lettre

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Salut Louise,

Ca y est, c'est officiel, on est fiancées, avec Prisca. Enfin c'est officiel depuis plusieurs mois déjà, désolée, je ne te tiens au courant de rien. On se marie bientôt, j'avoue que je laisse Prisca tout gérer, je ne suis pas la plus douée pour ce genre de choses, tu sais bien. Elle m'a dit qu'elle avait hésité à t'inviter. A son regard, j'ai bien vu qu'elle me jaugeait. Elle voulait voir ma réaction. T'inviter, alors qu'il y a de fortes chances pour que je plaque tout pour m'enfuir avec toi ? Hors de question ! Tu sais que j'en serais capable. Rien que d'imaginer te revoir... j'ai des fourmillements dans les doigts. Comme si leur seule place étaient aux côtés des tiens.

Je suis cucul hein ?

Au moins une chose qui n'a pas changé. Qui ne changera jamais, je pense.

Bref, tout ça pour dire que j'ai fait de mon mieux pour ne pas réagir, pour ne pas montrer à quel point cette idée m'émouvait. Je pense que ça a échoué. Je suis nulle pour cacher ce que je ressens. Après, elle m'a dit qu'elle plaisantait. Qu'elle ne me ferait pas ça. Elle savait très bien que je n'attendais rien d'autre, que tout ce que je voulais c'était t'avoir à mes côtés. Pouvoir te voir une nouvelle fois, pouvoir te voir encore une fois.

Mon Dieu, si tu savais comme je me déteste, Louise.

Je me déteste de ressentir ce que je ressens, de continuer à t'aimer alors même que j'ai tourné la page de notre histoire. Tu me manques sans que ce soit trop pesant, je t'adore sans que ça ne prenne le pas sur ma vie. Mais malgré tout ça, je sais que ma résistance ne tient qu'à un fil, qu'il me suffirait d'un coup d'œil sur ton visage pour tout abandonner, pour m'enfouir entre tes bras, me recueillir dans ton regard.

J'ai peur, Louise. J'ai peur de moi-même, peur de mes sentiments. J'ai peur de blesser les autres, Prisca surtout. Je suis incapable de révéler tout ça à Faustine, elle me détesterait. Je la vois déjà m'engueuler, dans un déluge de gestes.

J'ai peur, Louise, mais je ne peux pas cesser de t'aimer.

Affectueusement,

Louve

Ps, je sors de chez le médecin, nos pires craintes sont confirmées : je suis malade. Cancer du sein. Mais t'inquiète pas, nulle maladie ne me vaincra jamais, je me battrai sans répit pour avoir la chance de voir une dernière fois ton sourire ! 

Letters to youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant