7. Être là

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Monte Carlo, mardi 14 mai 2024

JULIETTE

Amère de n'avoir pas pu sortir à cause de la charge de travail que je dois rendre, je suis encore moins productive et n'arrête pas de ruminer. Je pense encore. Je me crée carrément des nœuds dans le cerveau à évaluer toutes les possibilités. Plus con que moi, ça n'existe pas. Toutes les fans sensées n'auraient pas annulé. Toutes les-

Une sonnerie stridente me sort de mon ressassement, c'est celle qui raisonne lorsque quelqu'un veut rentrer dans la résidence. Je plisse les yeux. Je suis clairement sceptique. On appuie encore sur la sonnerie. Je n'ose pas bouger. Je deviens vraiment suspicieuse. Qui peut bien sonner à une heure pareille ? On appuie en continue sur la sonnerie. Cette personne n'a décidément pas de temps à perdre.

Je me lève de la chaise de bureau et me dirige à l'entrée.

— Oh bah ça va, j'arrive, ronchonné-je consciente que personne ne peut m'entendre.

Avant de prendre le téléphone pour savoir à qui j'ai affaire, je jette un œil sur la caméra de surveillance. Manque de bol, je ne vois rien. Comme si quelqu'un s'était mis dos à elle. Merdoum.

— Oui ?

— Tu m'ouvres ? demande innocemment une voix que je commence à connaître de mieux en mieux.

— Mais, mais... Qu'est-ce que tu fais là, Lando ?

Un petit rire amusé me parvient à travers le combiné. La caméra dévoile à présent un brun bouclé en noir et blanc tout souriant. Il fixe l'objectif avec des yeux rieurs, puis prend un air plus sérieux. Oh. Son regard. Mon cœur loupe un battement, ma conscience fait un malaise et ma raison se tape la tête de la main. Oh. Il arbore le genre de regard qui me fait perdre pied, le genre de regard qui me fait perdre mes mots et ma contenance.

— Juliette ? T'es toujours là ?

Il fait combien chez moi là ? Je vérifie la température. Toujours 22°C, ça n'a pas changé. J'aurai pourtant juré le contraire.

— Juuulieeette ? appelle-t-il joyeusement.

— Hmm, oui ?

— J'ai pas prévu mon sac de couchage et en ce moment les nuits sont fraîches à Monaco, j'aimerais ne pas tomber malade avant dimanche si-

Sans comprendre ce qu'il se passe, je lui autorise l'accès et raccroche le téléphone dans la foulée.

Oh, mon Dieu ! Oh, mon ! J'ai l'impression de sortir cette expression un peu trop régulièrement à mon goût...

Avant que je ne me passe les mains dans les cheveux, hébétée, je cours chercher mon smartphone dans ma chambre. En chaussettes, je manque de m'étaler sur le parquet et de me prendre le mur. Je me jette sur mon bureau pour récupérer l'objet que j'étais venu chercher. Paniquée, j'envoie un message vocal à Elena et Camelya. Un cocktail d'émotions étranges m'emparent alors. Partagée entre une excitation d'adolescente au cœur frénétique et cette horrible sensation de chaleur inconfortable qui se diffuse sur chaque parcelle de mon corps. Sans oublier la moiteur de mes mains auquel s'ajoute un stress allant crescendo et un affolement plus que visible.

Lando Norris, chez moi ? Mais à quel moment ?!

— Respire, Juliette, tout va bien se passer. Respire.

Je tente de contrôler mes battements agités. Ça se calme.

Puis ça repart encore plus fortement.

— Non, non, tout va pas bien se passer. Oh là là !

Hidden Truth [Sous Contrat D'édition] (Lando Norris)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant