Chapitre 1 - Alba

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6 mois plus tôt

Un jour, je me suis réveillée en me disant "ça suffit, je ne peux plus vivre comme ça". J'ai fait mon sac et je suis partie de chez moi, sans me retourner. Pour toujours. Et cela fait aujourd'hui plus de 5 ans que je suis partie.

Ma famille n'a jamais cherché à reprendre contact avec moi, et même si j'étais un peu déçue c'était mieux comme ça. Ils n'avaient pas besoin de moi et c'était réciproque. Cette décision a été la meilleure de ma vie, même si la suite n'a pas été facile. Mes parents ne sont pas des gens bien, enfin ma mère et mon beau-père.

Mais aujourd'hui, ma sœur m'a envoyé un message, auquel, je n'ai pas répondu pour le moment. Je suis restée devant mon écran de téléphone, le regard dans le vide ne sachant que dire. Oui, je l'ai abandonné. Est-ce que je regrette ? Non, j'assume mes choix. Je ne pouvais pas la sauver. Je devais me sauver moi-même. Je n'avais ni l'âge, ni les moyens de m'occuper de ma petite sœur. Je ne me suis pas retournée, je n'ai pas réfléchi mais aujourd'hui une pointe de culpabilité se fait sentir dans mon ventre. Et comme à mon habitude lorsque mes émotions s'entremêlent à mon passé, je choisis la fuite et l'autodestruction plutôt que de me confronter à la réalité.

Voilà pourquoi ce soir, je me retrouve dans ce bar. Les odeurs de sueurs, la chaleur ambiante et la pesanteur de l'atmosphère me donnent des hauts le cœur. Pourtant, j'apprécie le fait de me retrouver à des centaines de kilomètres de chez moi. Hors de portée. Libre. Dans un endroit sombre, qui pourrait me mettre en danger si je me laisse aller à ses vices.

Mon ami Isla se déhanche au son de la musique en attendant nos verres au bar. Je l'adore, elle savait exactement ce dont j'avais besoin pour aller mieux.

Je suis une introvertie d'habitude et par conséquent, je ne sors pas beaucoup. Mais lorsque mes vieux démons resurgissent, j'aime me retrouver dans la foule. Oublier mon existence dans les rencontres, l'alcool et la musique. Ne plus me préoccuper de moi mais me préoccuper du groupe, des codes sociaux. J'attends Isla adossée à une table et me force à ne pas regarder mon téléphone. L'obscurité du bar ne me permet pas de reconnaître qui que ce soit dans la foule, je suis seule, sans distraction et un peu gênée jusqu'à ce qu'Isla revienne avec nos verres.

-    Cul sec ! Crie t'elle par-dessus le brouhaha ambiant.

Je ne me fais pas prier et engloutit le shooter, bénissant le ciel de ce courage liquide qui s'infiltre dans mon corps.

Nous enchaînons plusieurs shooter avant de danser un peu. Je ressens doucement les effets de l'alcool dans mon corps. Le monde devient plus vif, moins bruyant, moins effrayant. Je ris plus facilement, mes émotions sont légères. Tout ce qui m'angoissait disparaît comme du sable soufflé par le vent. C'est exactement ce dont j'avais besoin.

Une envie pressante me tire hors de la piste. Je m'avance vers les toilettes en bousculant quelques personnes bourrées sur mon chemin. Ou peut-être est-ce moi la personne bourrée ? Je remarque trop tard une fille en pleurs, courir dans ma direction sans lever les yeux sur son passage. Elle me percute de plein fouet et je bascule en arrière. N'ayant pas toutes mes capacité et mon équilibre avec tous les shots que j'ai consommé, je n'ai que peu d'espoir de rester debout. Je sombre dangereusement vers le sol, fermant les yeux et attendant l'impact. Qui ne vint pas. A la place, un bras chaud se glisse dans mon dos. Je rouvre les yeux et croisent ceux de l'homme qui m'a rattrapé. Ils sont d'un bleu très clair. Trop clair pour être réel. Il me rebascule d'un geste vif sur mes pieds.

-    Est-ce que ça va ? Me demande-t-il d'une voix chaude et enveloppante en détournant le regard vers l'endroit où la fille qui m'a bousculé a disparu, aspiré par la foule.

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