Rose
Samedi 1er décembre
Vu que cette fin de journée est particulièrement froide, je suis bien contente de m'être emmitouflée dans ma doudoune et d'avoir enfoui mon nez dans mon écharpe, ma tête dans mon bonnet en grosses mailles et mes mains dans d'épais gants. Le vent s'est levé sur Rome depuis peu et le thermomètre doit maintenant frôler les 5 °.
Quand j'arrive enfin dans ma rue, je reçois un SMS de Grand-Ma m'informant qu'elle doit passer voir une amie avant de rentrer. Je lui réponds qu'il n'y a pas de problème. Le fait qu'elle sera un peu en retard m'arrange bien. Je viens de passer ma journée à donner des cours d'informatique à des enfants et je n'ai qu'une seule envie : m'affaler dans mon canapé pour reposer ma tête et mon dos douloureux. Même si l'informatique est ma passion, je l'étudie d'ailleurs à la fac dans l'espoir de devenir programmeuse, et que j'adore donner de mon temps aux jeunes de notre quartier, je déteste mon environnement de travail : la salle que l'on m'a attribuée se trouve juste à côté de la crèche et je dois supporter les hurlements et les pleurs en permanence.
Je vis seule avec Maddalena, que je considère comme ma grand-mère depuis vingt‑cinq ans, depuis qu'elle m'a accueillie chez elle alors que j'étais bébé. J'ignore tout de mon père puisqu'il n'apparaît pas sur mon acte de naissance et que je porte le nom de ma mère biologique. Concernant celle-ci, les rares choses que je sais d'elle sont que c'était une délinquante qui enchaînait les conneries et alternait entre foyers et centres de détention pour mineurs. Elle n'avait que dix-sept ans à ma naissance et, comme elle n'arrivait pas à s'occuper de moi, la protection de l'enfance avait décidé que je serais confiée temporairement à Grand-Ma alors que je venais d'avoir deux mois. Seulement, le temporaire est devenu définitif et depuis ce jour, elle me donne tout l'amour dont ma mère n'a pas été capable.
Alors que je pousse le portail de la maison, j'ai la surprise de découvrir Amélia assise sur le perron, le nez sur son portable.
— Salut ! dit‑elle en souriant, se levant avant de récupérer son sac qu'elle a posé près d'elle.
— Amélia ! je crie en lui sautant dans les bras, ravie de retrouver mon amie.
Amélia, qui a vingt‑sept ans, est ma meilleure amie depuis que je suis entrée au lycée, avec deux ans d'avance. Quand je suis entrée en seconde, malgré le début de ma puberté, je ne me considérais pas encore comme une adolescente et tous les problèmes de cet âge m'étaient inconnus. Tous mes camarades m'avaient rapidement mise à l'écart, car personne ne voulait jouer les baby-sitters. Cependant, Amélia, qui était l'une de mes camarades de classe, avait décidé de faire le premier pas vers moi et notre amitié s'était nouée en l'espace d'une discussion. Malgré tout ce qui s'est passé entre mes seize et mes dix-neuf ans, elle est restée auprès de moi en amie fidèle et dévouée.
Sauf qu'elle vient de passer trois mois à Vancouver en déplacement professionnel et n'était pas censée rentrer si tôt à Rome.
— Je croyais que tu ne revenais que la semaine prochaine, je lui lance en déverrouillant la porte de la maisonnette.
— Tu n'es pas heureuse de me revoir ? me questionne-t‑elle alors que l'on entre dans le salon.
— Tu es malade ? Tu m'as affreusement manqué, je lui réponds en posant ma besace et ma sacoche à ordinateur sur la table du salon.
— J'ai appris la semaine dernière que ma mission était écourtée d'une semaine donc j'ai gardé la surprise. Il n'y a qu'Antonio qui le savait.
Je balance ma doudoune et mon équipement d'hiver sur le canapé pendant qu'Amélia pose le sien sur la chaise. On rejoint la cuisine et mon amie s'assied à table alors que je nous prépare un en-cas.
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Song of Lies and Desire [Publié chez Collection &H]
RomansaAncien titre : "Tout a commencé avec un mensonge..." ------ Seulement les trois premiers chapitres sont disponibles gratuitement car cette histoire est publiée chez Collection &H en numérique. ------ - Donc vous voulez dire que vous avez une petite...