Quand le téléphone sonna ce jour là, j'étais devant mon ordinateur entrain de finir un commentaire d'œuvre que je devais rendre le lendemain à mon professeur d'histoire de l'art. A l'autre bout du combiné, une voix féminine m'interpella. La première chose qui me mit en alerte fut que celle ci était française. il y avait un peu plus d'un an et demi, j'avais déménagé au Canada pour poursuivre des études d'art plus approfondie, par conséquence les rares personnes qui m'appelaient désormais depuis la France étaient mon père et ma sœur cadette, ma mère étant partit depuis dix-sept ans sans donner de nouvelles. Voyant que je ne disais rien mon interlocuteur commença :
_Je suis bien chez Mademoiselle Juliet Angelon.
Je mis quelques secondes à chercher mes mots en français puis dans un accent abîmés par le temps passé dans un pays anglo-saxon j'ajoutais :
_Oui, c'est moi.
_Je suis Madame Lefaucon, j'ai une triste nouvelle à vous annoncer Mademoiselle Angelon, dit elle sur un ton qui me fit froid dans le dos. Votre père Monsieur Mathieu Angelon est décédé hier soir à vingt deux heures d'une fibrose pulmonaire.
Mon père était mort. C'était impossible la dernière fois que je lui avait parlé il était en pleine forme, il s'occupait en faisant du sport tout les jours et en allant à ses rendez vous de belote avec ses amis. Mathieu avait toujours été indépendant et avait vécuavec une hygiène de vie irréprochable. Que lui était il arrivé ?
_Une fibrose pulmonaire ?
_Oui, c'est une maladie qui touche les poumons.
_On peut en mourir, je croyais que...
Les mots me manquaient pour exprimer mon sentiment d'incompréhension face à la situation et à la tristesse dans laquelle j'étais à présent. Comment avouer à une étrangère qui se trouvait de l'autre coté de l'océan Atlantique que je me sentais coupable de ne pas être retournée en France plus souvent pour rendre visite àmon père pensant qu'il allait bien ?
_Mademoiselle Angelon toute mes condoléances. Je vous propose devenir me voir dans trois jours à la morgue si votre travail vous le permet bien évidement.
_Merci. Bien sûr je crois que je vais rentrer pour un petit moment.
_Très bien je vous envoie alors l'adresse et mes coordonnées par mail. Au revoir Mademoiselle.
_Au revoir.
Lorsque je raccrochais mon portable, je fondis en larme de tristesse mais pas seulement aussi parce que je me sentais plein de remords c'était sûrement égoïste, mon père venait de mourir et moi j'étais là à m'apitoyer sur mon propre sort. J'aimerais appeler Leila, ma sœur pour prendre de ses nouvelles, savoir comment elle se sentait aprèsça mais j'étais trop honteuse. Souvent elle m'avait proposé devenir passer le week-end chez nous et souvent je lui avais réponduque j'étais trop occupée. Alors elle insistait disant que si c'était pour des raisons d'argent notre père me payerais le voyage aller-retour mais je refusais inlassablement. Comment avais je pu faire passer mon travail à l'école avant ma famille ? Quelle personne étais je devenu ? Même moi je ne le savais plus. A force de me concentré sur ce que je ressentais, je découvris qu'en réalité j'étais contente de rentrer chez moi, dans cette maison qui avait accueilli mes premiers pas, mes premiers amours et tout mes souvenirs. Je me rappelais cette vielle bâtisse en bois blanc à soixante kilomètres de Paris. Ma mère devant un gros livre plein de belles bordures dorées que mon père lui avait offert pour son anniversaire, c'était une chose qu'elle m'avait transmise, le goût de la lecture. Cet homme était assit là, en face de cette femme, il ne faisait rien mit à par la dévorer du regard. Je ne l'avais jamais vu aussi malheureux que le jour où elle était parti. Leila avait seulement cinq ans quand elle était arrivée en criant dans la chambre de mon père disant que le facteur nous avait déposé une lettre sur la table. L'innocence brillait dans ses yeux d'enfant mais malheureusement se n'était pas le facteur ce matin là qui était passé mais ma mère, Camilla qui avait pris ses valises en écrivant seulement qu'elle était désolée mais qu'elle devait fuir ses responsabilités d'épouse et de mère pour notre bonheur. Je n'y ai jamais cru. Comment quelqu'un peut abandonner les gens qu'ils l'aiment en prétendant qu'ils le font pour eux ? Je n'ai jamais compris. Mon père avait vécu une vie entière avec la douleur de l'avoir perdu. Peut être en avait il eu assez de vivre seul et que sa mort n'était pas seulement du à une simple et stupide maladie des poumons ? Alors étais je en partie responsable ? Je décidais d'arrêter de me torturer avec ses pensées terrifiantes et envoyais un message à Laurent pour lui donner rendez vous dans un café durant sa pause déjeuner. J'avais besoin de sortir, de prendre l'air et surtout de le voir. Laurent et moi étions officiellement en couple depuis quatre mois. Nous vivions une histoire d'amour calme et simple, il travaillais dans une petite librairie de quartier où nous nous étions rencontrés alors que je cherchais désespérément le dernier livre de mon auteur préféré Nicolas Herbier, un grand homme de la littérature du vingtième siècle selon moi. Par un immense hasard Laurent était né au Québec, il parlait donc français avec le délicieux accent de sa province natale. Je travaillais, pour ma part, seulement à mi-temps dans une galerie d'art pour pouvoir me faire un peu d'argent malheureusement je n'avais pas de quoi me payer une voiture qui m'aurait été de toute manière inutile, c'était du moins se dont j'essayais de me convaincre car j'habitais à dix minutes à pied de l'université et à environ de la même distance de mon travail. J'enfilais un jean bleu marine et un t-shirt ample qui me donnait l'air négligé mais mon état morale ne me permettais pas de fournir plus d'effort, je n'en avais d'ailleurs pas envie, Laurent comprendrait. A l'extérieur, le temps n'était pas vraiment en accord avec mes émotions, pas vraiment comme dans les films lorsque qu'une chose triste arrive,c'était plutôt le contraire. Le soleil brillait par ce mois d'avril, même au Canada l'été se faisait sentir, la neige avait fondu et les passants commençaient à sortir sans gants et bonnets.Je marchais lentement anéantie jusqu'au Marie's Coffee, une petite entreprise familiale dont j'avais appris à aimer l'atmosphère qu'il y régnait. J'arrivais trente minutes trop tôt à notre point habituel de rencontre alors je choisis une table à l'intérieur prés d'une fenêtre qui donnait sur la route principale. Ce café était un endroit chaleureux où une douce odeur de cannelle et de feu de bois se mêlaient dans une parfaite harmonie. C'était pour ces raisons que j'aimais venir ici, pour prendre une boisson chaude en lisant un bon livre ou en regardant simplement la neige comme du coton tomber du ciel.
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Run Away
FantasyIl y a longtemps que je n'ai pas été normale. Mon pire souvenir reste le moment où j'ai appris à être différente ou je suis devenu quelqu'un d'autre. Je dois à présent vivre avec celà tout les jours. Mais les choses changent et nous sommes de plus e...