Run Away

IV - Essayer de se faire pardonner

J'avais l'impression que ma tête allait exploser et je me rendis compte que je pleurais à nouveau quand une de mes larmes atterrit sur le papier et fit couler l'encre. D'un revers de la manche je l'essuyais et la mit dans ma poche. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'une telle chose puisse m'arrivais. Qu'est ce que mon père avait il pu faire ? C'était tellement blessant d'avoir l'impression de connaître quelqu'un et de réaliser qu'en faite tout était faux, juste un amas de boue marron et flasque. La première idée qui me vint lorsque je repensa à sa lettre fut la secte. Mathieu avait sûrement fait parti d'une secte, laissant derrière lui des tonnes dettes qu'un gourou viendrait nous réclamer d'ici peu. Je me fis violence pour ne pas sentir monter dans ma gorge le goût amer de la frustration. Je l'avais laissé se faire manipuler par des gens malhonnêtes qui n'attendaient de lui qu'il leur fasse un gros chèque avec cinq zéro. Malheureusement ce n'était pas avec sa maigre retraite de professeur d'astronomie qu'il leur aurait donné quoi que ce soit. Je me souvins le jour où je lui avais annoncé mon désir de travailler dans l'art, son visage était devenu blanc et ses yeux injectés de sang. Au début j'ai cru qu'il était tout simplement sous le choc de l'annonce mais enfaîte il était littéralement en colère, une colère rouge qui ne l'avait pas quitté pendant trois jours, aucune parole, aucun geste. Son argument après coup pour me dissuader fut que l'art que ce soit le dessin, la peinture ou même le collage étaient pour les enfants ou les fous. Finalement il avait fini par se faire à l'idée que je ne voulais pas faire des étudesde droit comme il l'avait pensé. Alors ma sœur réalisa son souhait et ses espérances, bientôt elle sera juge, quand elle aura réussi son concours à la fin de l'année, dans moins d'un mois. Mathieu ne sera pas là pour le voir à cause de ce qu'on lui avait fait. Je ne me sentais pas la force d'aller en découvrir plus aujourd'hui, je savais que c'était sûrement stupide de faire durer cette horrible suspense mais je préférais ça et continuer à croire que mon père était partit simplement, dans un long repos tranquille.

Le soir commençait à tomber et j'étais épuisé par toutes ces nouvelles dont il mettait incapable de parler à Leila à moins debriser la confiance de mon père que j'avais déjà beaucoup trop entamée. En descendant, mon portable vibra me rappela l'homme que j'avais laissé au Canada.

_Allô, dis-je.

_Oui Juliet, c'est moi, fit la voix sensuelle de Laurent dans mon cellulaire.

_Je suis vraiment désolée, j'ai complètement oublié de t'appeler.

L'arrivée à la maison et les événements qui avaient suivie m'avait chamboulé. Mon portable était resté sagement dans la poche de mon jean et n'avait donné à Laurent aucune nouvelle du voyage et de tout le reste. Je sentis à présent du soulagement en lui :

_Je me suis fait du soucis, c'est mon troisième appel.

Je regardais l'écran, effectivement trois appels manqués depuis ce matin.

_Je suis tellement fatiguée, excuse moi.

_Je suis rassuré maintenant, ça va. Il faut que je te laisse j'aurais déjà du retourner au travail.

_Au travail ? Tu n'est pas encore rentré ?

Quelle imbécile ! Bien sur qu'il allait devoir retourner travailler le Canada se situe à 6.039 km de la France. Je regardais ma montre, elle affichait vingt heures là bas il devait être dans les quatorze heures.

_Il est exactement quatorze heures trois, dit il comme si il avait entendu mes pensées. Je t'aime Juliet Angelon.

_Je t'aime aussi.

Sur ça il raccrocha et le long bip uni sonore me glaça la sang, comme j'aurais aimé qu'il soit là près de moi.

Soudain un bruit de verre brisé me fit sortir de ma rêverie, je me précipitais vers la cuisine manquant de m'étaler parterre en descendant les escaliers deux par deux. Leila était debout les joues mouillées de larme et à ses pieds une assiette ou peut être deux étaient en miettes, je m'approchais rapidement et me rendit compte qu'elle tremblait :

_Leila ça va, dis je en l'attrapant par les épaules mais elle n'ajouta rien et continua à pleurer. Répond moi...Leila tu m'entends...ces assiettes c'est pas grave, sachant pertinemment que ça n'était pas la raison de son mal être.

Pour essayer de calmer ses tressautement je la prit dans mes bras et ça sembla faire effet. Quand je sentis son cœur reprendre une pulsation régulière elle dit enfin :

_Est ce que tu vas repartir directement après l'enterrement ?

Quoi ?Elle était clairement entrain de me demander si j'allais l'abandonner et si elle se posait la question c'est qu'elle avait des doutes.

_Tu sais parce que si tu pars je crois que je tiendrais pas le coup. Je ne me laverais plus, je ne mangerais.

Elle jouait la carte de la sœur malheureuse alors je la rassura :

_Non. J'ai prévu de rester avec toi un certain temps. Je t'ai promis d'être là et je tiens toujours mes promesses.

C'était vrai à chaque fois que j'avais dit quelque chose je l'avais fais. Alors que nous étions petites j'avais promis à Leila de l'amener faire de la luge un jour de neige. Évidement il avait fallu que le jour où la poussière blanche se décide à tomber du ciel j'attrape la grippe. Mathieu m'avait alors interdit de sortir mais une promesse était une promesse même avec quarante de température et une punition à la clé.Je me souviendrais toujours de cette après midi là, ce fut l'une des plus belles de mon enfance.

Au dîner je préparais quelque chose de simple et d'efficace : des pâtes. J'avais toujours été plus que médiocre en cuisine, si dans mes mains les crayons faisaient des miracles, les fouets et les cuillères faisaient des catastrophes. Leila en était consciente et se contenta donc de ce que je lui servit.

_Je suis désolé pour toute ces larmes, dit elle plus sincère que jamais.

Je m'en voulais également alors j'ajoutais :

_Leila, tu n'as pas à t'excuser mais moi si.

_Non...

Je l'interrompis, j'avais besoins de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur à ce moment précis.

_Bien sur que si même papa n'aurait pas osé dire le contraire. J'ai fait les choses dans le mauvais sens et à présent je m'en rend compte. Je ne veux pas que tu penses que je suis venu ici juste pour avoir bonne consciente car ça n'est pas du tout le cas. Tu vois je me sens bien quand je suis avec toi j'ai l'impression d'avoir remonté le temps et de n'avoir rien raté. Mathieu...

_Papa me corrigea t elle rapidement.

_Papa repris je, il est peut être parti pour nous réunir.

J'avais eu tôt à coup une poussé d'inspiration. Je pensais qu'elle s'attendait à ce que j'ajoute quelque chose d'autre mais je ne trouvais pas les mots et préférais donc me taire. Elle me sourit avec ses lèvres charnues et acquiesça simplement. La soirée se déroula tranquillement et sans accroche. Cette discussion m'avait fait du bien, Leila semblait soulagé et moi un peu plus légère.