Au-delà des ombres - Tome 1 - Hogwarts Legacy - Sebastian Sallow

Chapitre 1 : L'heure du changement.

Flashback. Quelques heures plus tôt.

— Daphnée ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je relève la tête de mon assiette à peine touchée pour croiser le regard inquiet de ma mère.

— Je n'ai pas très faim... — je mens.

Depuis plusieurs jours, je me sens... différente. Mais pas dans le bon sens. Une colère sourde et une angoisse constante m'habitent. Je suis vidée, mais en même temps submergée par quelque chose que je ne comprends pas. Comme si j'attendais une réponse qui ne vient pas.

— Tu n'es pas allée en cours de la semaine, ça ne peut plus durer. — dit mon père sèchement.

— J'ai dit que j'avais besoin de repos. — je rétorque, tout aussi sèche.

— Sauf que ce n'est pas toi qui décides.

Je pose brutalement ma fourchette sur la table, le regard noir. Ce n'est pas mon genre de me comporter ainsi avec eux. Je suis habituellement proche de mes parents, nous sommes une famille fusionnelle. Mais depuis le début du mois, tout a changé...

Tout commence en mai. Je suis en classe, comme tous les jours. Je suis avec mes amis, mais je ne me sens pas à ma place. C'est comme si je n'avais plus envie d'être là. Comme si je ne devais pas y être.

Je m'éloigne peu à peu d'eux. Ils finissent par cesser de me parler. Petit à petit, je me retrouve seule. Petit à petit, j'arrête d'aller en cours, prétextant des maladies imaginaires. Maux de tête, maux de ventre, fatigue... Je ne sais plus quoi inventer. Au début, mes parents s'inquiètent, mais ils finissent par comprendre que je ne veux plus aller au lycée. Ils pensent que c'est une passade et tentent de m'en parler. Mais moi-même, je ne sais pas ce qui ne va pas.

— Je ne me sens plus chez moi. — je finis par lâcher à mon père.

— Tu n'as qu'à partir.

Je pensais être choquée par sa réponse, mais à ma grande surprise, je ressens un étrange soulagement.

— Arrêtez de vous disputer ! — intervient ma mère.

Cette scène ressemble à une dispute banale dans une famille ordinaire. Mais pour moi, c'est bien plus. J'ai l'impression que tout explose à l'intérieur. Je ressens une colère immense, une tristesse écrasante.

— Vous n'essayez même pas de comprendre ! — je m'exclame, excédée.

— Mais comprendre quoi ? Explique-nous !

C'est lunaire. C'en est trop pour moi. Le ton monte. Je ne supporte plus cette tension. Je me lève brusquement pour quitter la table, mais mon père m'attrape par le bras.

— Lâche-moi.

— Non ! Tu vas t'asseoir ici et nous dire ce qu'il se passe ! — il s'énerve à son tour.

— J'ai dit LÂCHE-MOI !

Sans prévenir, les lumières de la maison s'éteignent. Une étrange lueur bleue illumine la pièce. D'abord discrète, elle se transforme en une brume lumineuse. Une peur glaciale nous envahit.

— Qu'est-ce que tu fais ?! — s'écrie mon père, paniqué.

— Ce n'est pas moi ! — je crie en retour, terrifiée.

— Arrête ça !

— JE NE FAIS RIEN !

— ARRÊTE !

Puis, c'est l'explosion. Une onde puissante jaillit de mon corps, projetant mes parents à l'autre bout de la pièce, emportant tout sur son passage. Tout vole en éclats : les assiettes, la table, les chaises. Le silence retombe, assourdissant.

Je reste figée, incapable de bouger. Mon souffle est coupé. Mes yeux cherchent mes parents à travers les débris. Je les aperçois, inertes, sous les morceaux de meubles détruits.

— Papa ! Maman !

Je cours vers eux et commence à dégager les débris. Mais la vision qui s'offre à moi est pire que tout ce qui vient de se passer. Ils ne bougent pas. Leurs corps sont couverts de sang. J'essaie de les secouer pour les réveiller, espérant un mouvement de leur part.

— Papa ! Maman ! — je hurle, les larmes inondant mon visage.

Ils ne répondent pas.

Je suis effrayée par cette vision. Ils sont morts. Je viens d'assassiner mes parents. Et pour une simple dispute familiale.

Un frisson me traverse. Je sens mes jambes fléchir. Est-ce que c'est moi qui ai fait ça ? Une peur viscérale s'empare de moi. Je prends une grande inspiration, mais l'air me manque. Je recule lentement, puis je cours.

Je fuis la maison. Je fuis ce cauchemar. Je les abandonne là, lâchement.

Fin du flashback.