Chapitre 5 : Des yeux étoilés.

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C'est le bruit des élèves dans les couloirs qui me réveille.

Ce fut une assez bonne nuit. Je n'ai pas eu l'esprit trop submergé de pensées et je suis plutôt excitée de commencer cette journée. Je ne tarde pas à me lever pour aller me débarbouiller et m'habiller. J'ai l'impression de connaître parfaitement les lieux et je m'y sens à l'aise. J'ai très envie de descendre et de découvrir la salle commune.

Sans perdre de temps, je descends les escaliers. Des élèves semblent être là depuis un moment. Certains lisent, d'autres discutent entre eux, et certains sont déjà en train de grignoter quelque chose.

Une partie de la salle attire mon regard. Ce sont ces hautes fenêtres qui donnent vue sur... de l'eau ? Nous sommes sous l'eau ? Le professeur Fig m'a parlé du Lac Noir qui longe le château, mais surtout, de ce qui se trouve au fond.

Curieuse, je m'approche des fenêtres. Comme son nom l'indique, le lac est profond et noir. J'ai du mal à voir au loin, et j'ai l'impression qu'à tout moment quelque chose pourrait surgir des profondeurs. En imaginant toutes sortes de créatures, ma crainte grandit que quelque chose apparaisse soudainement devant les vitres.

— Si tu regardes bien, tu peux y apercevoir des sirènes.

Je sursaute, comme je m'y attendais. Je me retourne pour voir un élève de ma maison.

— Vraiment ?! — je réponds en attendant son affirmation.

Il ne répond pas, surpris de ma réaction. Il se met à sourire et s'approche de la fenêtre, se plaçant à mes côtés.

— D'habitude je fais croire ça aux premières années, je ne pensais pas que ça marcherait avec une cinquième année... — dit-il en regardant dans les profondeurs.

Je suis déçue et, en même temps, rassurée de ne pas voir une créature surgir devant moi.

— Je ne voulais pas te décevoir... — continue-t-il.

En me retournant pour lui répondre, je suis stoppée net par la clarté de ses yeux. Ils sont si clairs, presque transparents, comme si je pouvais voir à travers.

J'ai oublié ce que je voulais dire.

— Je m'appelle Ominis, Ominis Gaunt.

— Daphnée Everhart.

Je lui tends la main. Je veux voir s'il va la serrer. Ce qu'il fait, d'un geste naturel. Je suis confuse, j'aurais juré qu'il était aveugle...

— Tu m'as l'air confuse ? — dit-il en souriant toujours.

Je suis déstabilisée et je peine à trouver mes mots. C'est comme s'il savait déjà ce que je vais répondre et je crains de dire une bêtise. Je trouve enfin le courage de parler :

— Excuse-moi, mais... Tes yeux...

Il tourne la tête vers moi, attendant la suite, comme s'il m'encourageait à continuer.

— Ils sont magnifiques. — finis-je par dire.

C'est vrai, ils sont incroyables. On dirait un ciel blanc, étoilé et scintillant.

— Beaux, mais pas pratiques. À vrai dire, je ne sais même pas à quoi ils ressemblent. — ajoute-t-il en riant doucement.

Je me sens mal à l'aise. Il est aveugle, Daphnée, bien sûr qu'il ne sait pas à quoi ressemblent ses yeux ! J'ai envie de disparaître.

— Ne sois pas mal à l'aise, je t'embête. — dit-il pour me rassurer.

— Est-ce que tu lis dans les pensées ? — je demande, sérieuse.

J'espère que non.

— Pas à ce point, mais j'ai une facilité à cerner les gens et à sentir leurs émotions. Il faut bien un avantage à être aveugle ! — répond-il.

Sa blague me détend un peu. Il semble très à l'aise avec son handicap, qui n'en paraît pas vraiment un.

— Ça fait plaisir de voir que les Serpentards sont blagueurs, j'avais peur de tomber sur une maison ennuyeuse...— je lance, taquine.

— Tu ne pouvais pas espérer mieux.

Il continue :

— Qu'est-ce que ça fait d'arriver directement en cinquième année ?

— Eh bien... C'est comme pour les premières années, j'imagine, avec quelques années en plus et déjà des connaissances sur la magie. Mais je suis tout aussi intimidée par la grandeur de cette école !

— Comment se fait-il que tu fasses ta rentrée seulement maintenant ?

La question que je redoutais. Celle à laquelle je me suis préparée depuis des jours. Je suis prête à mentir, il me suffit de choisir la bonne réponse. Mais son regard... Il attend, intrigué. J'ai l'impression qu'il saurait si je mens. Il va savoir si je mens. Que puis-je bien dire ?

— Eh bien... Je... — je bafouille — En fait... Comment dire...

Dis quelque chose.

— Quelqu'un a vu la nouvelle cinquième année ? On l'attend devant l'entrée de la salle commune.

Sauvée. Un élève vient de crier cette phrase dans la salle commune, sans savoir que c'était moi. Je fais mine d'être désolée :

— Désolée, je vais devoir écourter notre discussion.

— On aura l'occasion de la reprendre très vite ! — me répond-il.

— J'espère ! J'aimerais en savoir plus sur les créatures étranges qui se cachent dans ce lac.

Je lui fais un clin d'œil en reculant, qu'il remarque sûrement, et il me lance :

— On se voit en cours, Daphnée. — en me faisant signe de la main.

Je traverse la salle, soulagée de ne pas avoir à répondre à la question de qui je suis, mais aussi déçue de ne pas pouvoir rester un peu plus pour connaître Ominis. Il a l'air sympathique, plein de mystères, un peu déstabilisant, mais j'ai le sentiment que nous allons bien nous entendre. C'est aussi la première personne qui vient à ma rencontre. Je suis du genre à croire au destin.

Je me prépare à trouver Madame Weasley devant la salle commune, elle m'a dit hier qu'on se retrouverait dès le matin. Mais en sortant, ce n'est pas elle qui m'attend.

Au-delà des ombres - Tome 1 - Hogwarts Legacy - Sebastian SallowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant